Chapitre 7

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— Hestia la sainte-nitouche est enfin devenue femme ricana amèrement Rallyeso en tardant sur moi un regard accusateur. Tu t'es permise de critiquer et de juger Tatiana (camarade au lycée) parce qu'elle avait trompé sa meilleure amie en se tapant son mec, mais tu n'es pas mieux ! Ce que tu viens de faire, de me faire est bien pire vu que j'ai tout vu ! La plus infame des traîtrises !

Elle criait en s'arrachant les cheveux de la tête, en proie à une fureur inexplicable. Tu n'as pas pensé une seule seconde à ce que j'allais ressentir ?

Il plaisantait Hestia, jamais il ne m'aurait fait le moindre mal. Je le connais bien mieux que toi, par les cornes de Pan. Mais non, il a fallu que tu joues les héroïnes une fois de plus, sans réfléchir aux conséquences de tes actes.

Elle leva les bras au ciel en signe d'exaspération.

Je l'avais laissé parler jusque-là, parce que j'avais honte de mon comportement, mais ce n'était tout bonnement plus possible. Elle m'accusait injustement, il s'agissait que d'un simple baiser et c'était Apollon qui l'avait réclamé, sa fureur devait se diriger envers lui, non moi. Ses accusations étaient non fondées, je devais me défendre !

— Rally, non mais tu t'entends m'exclamai-je abasourdie. Il a enroulé le fouet autour de ton cou, tout en toi exprimait la peur (ma voix se cassa légèrement). Tu avais la frousse Rally même Dano la vue. Jamais je ne t'ai trahi (je frappai du poing ma poitrine), si je lui ai accordé ce baiser c’était dans ton intérêt à toi. Je suis désolé si la scène à laquelle tu as assisté t'a fait du mal.

Ma voix s'était radoucie et je m'approchai d'elle, mais elle s'éloigna et se dirigea dans la cuisine telle une hystérique. Je la suivis, il fallait impérativement résoudre ce malentendu.

— NON, je n'ai pas eu peur. Il adore jouer au... euh dominant (elle avait hésité sur le terme à employer et ses joues s'étaient légèrement rosies, elle me pointa ensuite du doigt), n'essaye pas de faire tourner la situation en ta faveur en prenant Danaos à témoin, tu m'as trahi brailla-t-elle avant d'éclater en sanglot.

Je tâtonnai pour trouver un support sur lequel m'appuyer et je m'effondrai contre le bar en acajou de la cuisine, les idées plus que confuses. Pourquoi pleurait-elle, je ne comprenais pas l’état de détresse dans lequel elle s’était plongée. Ses longues boucles rousses formaient comme un écrin protecteur autour d’elle la coupant du reste du monde et ses épaules étaient agitées de soubresaut incontrôlables. Je m'approchai d'elle afin de lui apporter du réconfort. En caressant délicatement sa soyeuse chevelure. Elle releva la tête en reniflant et je pus voir la confusion dans ses yeux verts opales. Elle se blottit ensuite, comme une enfant en quête de la tendresse d'une mère, contre moi entourant ma taille de ses faibles bras.

— Rally dis-moi ce qui se passe lui demandai-je doucement. Pourquoi tu pleures ma chérie, j’effaçai les larmes qui s’écoulaient lentement sur son visage.

—Je suis tellement désolée, Hestia. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, mais je ne pensais pas toutes les choses que je t'ai dite.

Je lui souris embrassant délicatement sa tempe.

—Je ne sais pas pourquoi j'agis de manière totalement contradictoire, à chaque fois qu'il me rend visite. Je suis perdue...

Elle baissa la tête accablée. J'avais de la peine pour elle, qui était si bouleversée par ce qu'il venait de se passer. Son comportement avait été inhabituel, elle qui était la douceur incarnée. Il était évident que je ne lui en voulais pas, pour les propos qu'elle avait eu à mon égard. C’était clair comme de l’eau de roche, avait été envoûtée et manipulée par Apollon. Je la serrai plus fort contre moi, pour la rassurer.

—Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas. C'est Apollon qui a semé le trouble entre nous, mais tout va bien, maintenant, il est parti et tu es redevenue toi-même, lui expliquai-je dans le but de la rassénérer.

—Cette crapule a utilisé ses pouvoirs pour instaurer un climat de jalousie, c'est sa marque de fabrique. Mon père m’a raconté une fois, qu’Aphrodite et Athéna en étaient venues à se battre pour et ses beaux yeux et ont failli déclencher une guerre. Et tu sais ce qu’il aime particulièrement faire ?

Elle secoua ses boucles rousses en signe de négation.

—Il aime entrer dans la tête des gens et perturber leur sens, lui racontai-je sous le ton de la confidence.

Elle fronça les sourcils l’air consterné.

—Il m’a dit que j’étais la plus belle nymphe qu’il n’ait jamais vue, énonça-t-elle pensive.

En entendant cela, Danaos s’esclaffa, je me retournai et lui lançai un tel regard que son rire se transforma en toux. Je souris de satisfaction, on ne se moquait pas du malheur des gens et surtout pas de Rally. Cette dernière continua son récit, sans relever la moquerie de Dano.

— Il a dit aussi qu’il m’aimait. Sur le coup je n’ai pas fait attention, alors que c’était la deuxième fois que l’on se voyait. Mais après tout ce que tu m’as dit sur lui, pense qu’il s’est joué de moi.

La colère irradiait de son corps entier, on aurait dit que ses cheveux s’étaient enflammés tellement ils rougeoyaient. C’était un spectacle sublime, grandiose. Si un peintre avait pu le voir il aurait été subjugué et le tableau se serait appelé : La nymphe en colère.

Danaos, qui était resté mutique jusque-là, intervint.

— Vous êtes absolument adorables, je peux me joindre à vous. Gros câlinnnn.

Il nous enlaça toutes les deux dans ses bras puissants. Humm délicieux et en plus il sentait bon. J’avais trop envie de frotter ma joue contre la sienne recouverte d’une barbe de trois jours, mais je me retenais.

Sa bonne humeur était de retour. J’appréciais particulièrement cet état d’esprit chez lui, même si on s’engueulait, il n’était pas rancunier et il voyait toujours le bon côté des choses. Il se dégagea ensuite de cette étreinte et me sourit, je le lui rendis timidement. Mes yeux accrochèrent les siens et je me plongeais dans son magnifique regard mordoré constellé de paillettes. Mon regard bifurqua vers la ligne droite de son nez pour arriver à sa bouche sensuelle, la lèvre supérieure était légèrement ourlée et il arborait un sourire taquin. Je relevai la tête gênée d’avoir été prise en flagrant délit de matage. Mon Dano était vraiment beau, encore plus que le roi Apollon. Je fus sortie de mes pensée par Rallyeso.

—Hestia, pourquoi tu n’es pas habillée, je te signale qu’on a cours dans quinze minutes, me déclara-t'elle les poings sur les hanches. Et d’ailleurs, où est ton sac ?

— Par le Tartare ! J’ai oublié, m’écriai-je paniquée, je dois prendre une douche, je pue grave, j’ai couru…parce que…je me suis disputée avec Décerto et…j’ai croisé Artémis dans les bois et… malédiction.

Dans la précipitation, je bafouillai incapable d’aligner une seule phrase. Danaos se glissa dans mon dos et posa ses mains calleuses sur mes épaules, afin de les masser.

—Doucement, ma belle, me susurra-t ’il à l’oreille son souffle chaud venant caresser mon cou, moi je trouve au contraire que tu sens bon. Et ne t'en fais pas pour les vêtements Rally va-t’en prêter et après tu nous raconteras sur le chemin, ce qu'il t’ai arrivé.

Il embrassa tendrement ma joue et se dirigea vers la porte. Mon corps était parcouru de frissons très agréables, je devais dire.

—Si tu as besoin d’un pull, je te passe le mien, il me fit un clin d’œil et s’en alla rejoindre son appartement.

Rally et moi échangeâmes un regard incrédule, face à la réaction de Danaos, qui était exceptionnelle. D’habitude, il faisait attention à ne pas se montrer trop affectueux envers moi, ses gestes n’étaient jamais tendres, surtout lorsqu’il avait une nouvelle conquête. Il se montrait distant voire froid et à chaque fois, mon cœur se brisait face à la distance qu’il m’imposait. Un jour je lui avais demandé pourquoi il se comportait ainsi, il m’avait répondu que ses copines étaient jalouses, elles n’acceptaient pas notre amitié. Pour elles, Dano les trompait, avec moi. Alors, que c’était absolument faux. Pourquoi fallait-il qu’on juge les amitiés filles-garçons ? Il semblerait que certaines mœurs n’évoluaient pas avec le temps, malheureusement.

Rally me sourit et vint caresser ma joue, elle comprenait parfaitement mon émoi, j’étais bouleversée mais positivement.

—Allé, ma chérie, va te débarbouiller vite fait et pendant ce temps, je vais aller te choisir des vêtements.

Ah, la coquine était plus que ravie de m’habiller, elle m’avait à plusieurs reprises fait savoir que je n’avais aucun style, ce qui était absolument charmant.

—Rally, attends je dois te dire que…

Je voulus contester, j’avais impérativement besoin de lui parler de ce qu’il venait de se passer avec Dano, mais elle me poussa dans la salle de bain.

—On en parlera après Hest, maintenant ouste.

Je hochais la tête et fermai la porte derrière moi. Je me dépêchais ensuite d’attacher mes cheveux en queue de cheval haute pour ne pas les mouiller, me déshabillais et hop, je fus sous la douche. J’attrapais son gel douche parfumée à la lavande et me frottait vigoureusement le corps. En entrant, je n’avais pas pris le temps de faire attention au décor, mais je pouvais vous dire qu’il était saisissant, totalement à l’opposé de la décoration moderne du reste de son appartement. Le carrelage était en damier rose et blanc, les murs étaient recouverts de faillance rose parme, l’évier, la douche et la baignoire était en rose cuivré. C’était saisissant, néanmoins sublime. J’aurai voulu avoir une salle de bain aussi girly, me fis-je la réflexion en mon fort intérieur.

—Hestia, tu as fini j’espère, on a plus le temps là ! Il est sept heure cinquante !

—Ouiiii, je me sèche

Je jetais la serviette sur le portique, j’enfilai culotte et soutif et ouvrit la porte pour saisir la tenue que Rally me tendait. Pas le temps de tergiverser sur la jupe en cuir noir, super courte, le chemisier rose, super échancré, et les boots de motard, trop canon. J’enfilai le tout, attrapai le sac qu’elle m’avait préparé et nous filâmes vers la sortie.

J’étais en train de me diriger vers les escaliers, mais Rally m’en empêcha.

—Ah non, on prend l’ascenseur je ne descends pas treize étages avec des talons pareils, s’exclama-t ’elle en désignant ses pieds chaussés d’escarpin rose fuchsia vertigineux.

Je la regardai plus attentivement, parce qu’elle portait une jolie robe noire en dentelle et qu’on aurait dit qu’elle se rendait à la fashion Week de New-York. Rally était légèrement excentrique et déjantée, et c’est pour ça que je l’adorai autant.

En soupirant je m’engouffrai avec elle dans la boite en métal. Je détestai utiliser ce moyen de transport, pour diverses raisons : ça ne sentait pas très bon, il n’y avait pas d’espace, pas d’air et cette sensation de descendre dans le vide m’horripilait au plus au point. Je trépignai d’impatience, j’avais trop hâte de sortir et cela faisait rire Rally qui se moquait gentiment de mon angoisse.

—Hest, si tu continues à sauter comme ça, soit tu vas faire un trou dans le plancher, soit tu vas bloquer la machine.

Je lui tirai la langue telle une gamine et lui lançai un regard mauvais.

—Tu sais bien que je n’aime pas ça lui, fis-je remarquer dans un geste englobant l’espace dans lequel nous nous trouvions.

Elle rigola et entreprit de défaire ma queue de cheval, afin d’arranger mes boucles ébènes. C’était peine perdue, mais bon.

La machine infernale émis enfin un ding retentissant et les portes s’ouvrirent sur le palier du premier étage, là où vivait Danaos. Justement ce dernier sortait de son logement. En le voyant, je réalisai que je n’avais pas de veste, il faisait frais dehors et je détestai avoir froid, en digne fille d’Hadès je préférai la chaleur.

—Dano, attends avant de fermer, j’ai pas pris de veste, il me faut ton pull, j’utilisai un ton suppliant, il était obligé de craquer.

Il tourna la clé dans la serrure et se hâta vers nous.

—Mais Dano, mon pull, lui réclamai-je en boudant.

—Je l’ai t’inquiète pas, dit-il en me présentant le fameux graal.

Sa stature imposante s’immobilisa un instant en arrivant à mon niveau, laissant le temps à son regard de me détailler, puis il poussa un sifflement.

—Canon, ou es Hestia et qu’avez-vous, fait d’elle ? plaisanta-t-il.

Je lui tapais le bras, non mais, ça voulait dire que d’habitude j’étais moche. Il me revaudrait ça. Pour se faire pardonner il me tendit son sweat et m’aida à l’enfiler. Ses mains s’attardèrent un peu trop longuement sur ma taille, je fis comme si de rien n’était, lui sourit et lançais :

—Let’s go guys, on va arriver en retard chantonnai-je.

Je pris mes deux meilleurs amis, par les bras et nous la route pour le lycée.

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