Chapitre 4

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— Dring, Dring, Dring.

Le réveil ne cessait de sonner sans interruption, l’horreur. Encore ensommeillée, j’émergeai de sous la couette et tâtonnai frénétiquement ma table de nuit à la recherche de la chose qui troublait mon sommeil.

— Rhaaaaaa, mais tu vas te taire oui !

Impossible de mettre la main dessus.

— Très bien, tu veux la guerre tu l'auras !

Je me concentrais et invoquai ma magie de l'air, héritage de ma mère, afin d'envoyer valser ce maudit réveil qui s'écrasa à terre. Je ne vous dis pas le boucan infernal qu'il fit. Décerto allait me tuer. Elle tenait particulièrement à ses dix heures de sommeil…

Ingrate !

C'était moi qui devais me réveiller très tôt pour m’apprêter et préparer Zéphyr afin d'aller à l'école. D'accord, elle l'avait porté neuf mois dans son ventre, mais il fallait aussi s'en occuper lorsqu'il grandit. Quand on avait un enfant c'était ad vitam aeternam.

Fainéante !

Eh oui, je râlais beaucoup, mais il fallait me comprendre ce weekend avait été éreintant. Entre la représentation samedi, la visite de mon père dans la même journée et les études dimanche ça n'avait pas été de tout repos. Hier par exemple, j'avais dû bûcher jusqu’à tard dans la nuit pour rattraper mon retard dans mes cours. Puff.

Sans cœur !

J'étais tellement plongée dans mes pensées que je n'entendis point le bruit des pas qui s'approchaient dangereusement. Ma porte s'ouvrit avec fracas sur une Décerto échevelée, mais surtout furax d'avoir été sorti de son hibernation.

Folle !

— Hestia, peux-tu me dire pourquoi tu fais un tel raffut de si bon matin ?!

Oulalala, elle était vraiment très énervée. Elle m'avait carrément percé les tympans en hurlant comme ça. Mais la tête qu'elle faisait était à mourir de rire : cheveux hirsutes, yeux exorbités, bouche baveuse. Je me retenais de rire, sinon elle allait me tuer. Par Cerbère, sauvez-moi !

— Euh, mon réveil est tombé, lui répondis-je d'un air contrit. Je t'assure que mon but n'était pas de te réveiller, je sais à quel point tu tiens à ton sommeil.

Ses yeux s’assombrirent à l'écoute de mes paroles, par l'enfer, elle me faisait grave flipper.

— Ah oui, ton réveil est tombé, et il s'est dirigé tout seul à l'autre bout de ta chambre ? TU TE FOUS DE MOI HESTIA ! TU L'AS JETÉ EXPRÈS POUR ME RÉVEILLER. TU VOULAIS TE VENGER PARCE QUE TU DOIS CONDUIRE ZÉPHYR A L'ECOLE !

Non mais franchement, c’était quoi cette excuse. Me venger sérieux ? Elle faisait tout un plat pour rien.

— Mais non, je ne l'ai pas jeté exprès. J'ai juste utilisé ma magie pour qu'il arrête de faire autant de bruit et au lieu de l'éteindre, il est allé se fracasser sur le mur. Je ne voulais clairement pas de te réveiller, je t'assure.

Décerto en entendant que j'avais utilisé ma magie blêmit d'un seul coup et dû s'appuyer sur l'encadrement de la porte. Rho, il fallait toujours qu'elle dramatise tout. Il n'y avait pas mort d'homme à la fin.

— Tu... Tu as utilisé tes...tes pouvoirs ? bégaya-t-elle.

— Oui, j'ai invoqué ma magie de l'air comme tu me l'as enseigné, pas besoin d'en faire tout un plat. Je sais bien que je dois faire très attention.

Elle lâcha un profond soupir de soulagement. C'était vraiment exaspérant à la fin. Chaque fois que j'utilisais mes pouvoirs, c'était la catastrophe, on aurait dit que j'allais déclencher la fin du monde.

— Oh, tu m'as fait une de ses frayeurs. Hestia, tu sais qu'il est très dangereux pour toi d'utiliser tes pouvoirs sans surveillance. IL pourrait le savoir.

Elle secoua la tête clairement désapprobatrice de mon comportement. Grrr, qu'est-ce que ça m'énervait quand elle me faisait la morale comme ça.

— Décerto, je le sais, tu me l'as répété plusieurs fois. S'il-te-plaît arrête de me considérer comme un bébé, y’en a marre à la fin. Tu fais tout un drame pour rien.

— Je ne te considère pas comme un bébé Hestia, mais n'oublie pas que tu représentes un danger pour moi et mon enfant et que j'ai eu la charité de t'accueillir dans mon foyer ! Ici, c’est moi qui décide et si je te dis de ne pas utiliser ta magie, c’est pour une bonne raison.

Ses mots étaient comme des poignards qui venaient me percer le cœur. Je n'avais rien demandé à personne, j'étais née et mon père m'avait confié à elle. Comment pouvait-elle me dire ça. Je pensais que ça ne la dérangeait pas, mais je me trompais.

— Ecoute Décerto, je ne veux pas me disputer avec toi. Je suis désolée de t'avoir réveillée, maintenant si tu le veux bien, je dois me préparer pour aller en cours et conduire Zéphyr. Je me retournais ensuite pour me diriger vers ma garde-robe, afin de prendre mes vêtements : un jean slim noir et un joli chemisier blanc en dentelle et des sous-vêtements assortis.

J'étais sur le point de m'enfermer dans la salle de bain quand j'entendis :

— Chérie, tout va bien ?

Un homme s'était faufilé dans le dos de Décerto et l'enlaçait tendrement tout en l'embrassant dans le cou. NON MAIS C’ÉTAIT UNE BLAGUE PAR LES CENTAURES. Elle a osé me reprocher de l'avoir réveillée et de la mettre en danger parce qu'ELLE AVAIT DE LA COMPAGNIE.

J'avais comme qui dirait, l'envie de commettre un MEURTRE !

Je m'approchais de la porte et la claquais de toutes mes forces. Les murs commencèrent à trembler, preuve de ma colère. Quand je m'énervais, je ne maîtrisais plus rien et surtout pas ma magie, celle que j'avais héritée de mon père. C'était très dangereux, il fallait que je me calme, sinon la maison allait s’effondrer sur nous. Je respirais lentement, mais rien à faire, je devais impérativement me défouler.

J'attrapais un short, une brassière et un T-shirt que j'enfilais à la va-vite puis me précipitai hors de ma chambre. Au passage, je bousculai Décerto et son compagnon d'un soir.

— HESTIA REVIENT ICI TOUT DE SUITE !!!

Oh, mais moi aussi, j'étais en colère, de quel droit se permettait-elle de me juger et de me reprocher des choses. Je faisais tout ce qu'elle me demandait, mais là, c'était trop.

— TU CONDUIRAS ZÉPHYR TOI-MÊME A L'ECOLE, C'EST TON FILS PAS LE MIEN !

Mon regard croisa celui de ce pauvre petit ange qui n'avait rien fait, qui mais se retrouvait au centre d'une dispute. J'aurais voulu lui demander pardon et effacer cette petite mine chiffonnée qu'il arborait, mais j'étais trop énervée pour ce faire.

Un miroir se fissura et tomba en mille morceaux, les portes se mirent à claquer, le vent se leva et le sol se mit à osciller. Mon corps s'enflammait, je devais me calmer sinon j'allais tout faire flamber et l'enfer allait s'abattre sur la paisible ville de Houston.

Je fis le vide dans ma tête, ne pensais à rien et me mis à courir. Le vent faisait voler mes cheveux, mais je m'en fichais tout ce que je voulais s'était soulager cette tension que je ressentais. Décerto m'avait fait du mal en me disant de telle chose. Je n'avais rien demandé. J'aurais voulu naître humaine avec des parents qui seraient tous les jours présents pour moi. Mais je n'avais plus de mère et mon père avait d'autres responsabilités. Je n'avais que Décerto et Zéphyr, mais je venais de constater que je n'avais en fait personne. J'étais seule.

Non, je ne verserai aucune larme, j'étais plus forte que ça et j’allais le prouver.

***

Mes pas me menèrent jusque dans les bois. Être encerclée d'arbres verdoyants m'apaisai. Fouler la terre et sentir les doux embruns de la nature me tranquillisai. Elle était mon refuge, la mère qui m'entourai de ses bras protecteurs lorsque tout allait mal. Mon cocon.

J'en avais assez de prendre toutes ces précautions à chaque fois que je recourrai à mes pouvoirs. Je n'en pouvais plus de vivre constamment dans la peur d'être découverte. Mais surtout, je ne comprenais pas pourquoi je devais me cacher de Zeus et des autres Dieux. Pourquoi il avait été interdit à mon père d'avoir des enfants.

Je courais, toujours des questionnements plein la tête et le cœur en berne, lorsque je percutais brusquement une fille qui était sortie de nulle part. Le choc fut violent. Nous tombâmes toutes les deux au sol en grognant sourdement.

— Ouille ! Je suis vraiment désolée, dis-je en me relevant et en époussetant mes fesses pleines de terre. Je ne vous ai pas fait mal j'espère ?

Je m'approchais de la fille qui était encore étendue pour voir si elle allait bien, mais elle se releva d'un coup me surprenant. Elle avait à peu près le même âge que moi, assez jolie. Ses cheveux étaient blonds cendré coupés courts et ses yeux étaient bleus comme le ciel. Elle était petite, mais son corps était élancé comme une sportive. Un détail m'attira dans son accoutrement. Elle portait un arc et des flèches et, on aurait dit qu'elle chassait une proie, invisible à mes yeux. Bizarre. Le pire c'est qu'elle me dévisageait avec application comme si je lui étais familière.

Je lui sourit gentiment et lui demandai :

— Ça va rien de cassé ? Je suis vraiment navrée, j'étais plongée dans mes pensées et je..., la petite blonde m'interrompit subitement, les yeux fulminants de rage et en me pointant du doigt. Par le tartare ça n'était décidément pas mon jour !

— TOI COMMENT AS TU OSÉ ME TROMPER DE LA SORTE. J'AI EU PITIÉ DE TOI, JE T'AI RECUEILLIE ET CHÉRIE ET TU M'AS TRAHIS. TU T’ES ENFUIE SANS AUCUN REMERCIEMENT POUR MOI !

Je la regardai les yeux ronds de stupeur, mais qu’est-ce qu’elle me racontait.

—TU CROYAIS QU'EN CHANGEANT LA COULEUR DE TES CHEVEUX, JE N'ALLAIS PAS TE RECONNAÎTRE ? IDIOTE ! TU T'ES TROMPÉE ASTEROPE !

Oh non, elle me prenait pour ma mère… J'étais donc en face d’Artémis la chasseresse. Je voulu lui dire qu'elle se trompait sur toute la ligne, mais elle ne m'en laissa pas le temps.

— JE TE MAUDIS ! TU NE CONNAÎTRAS QUE DES MALHEURS ! A CHAQUE FOIS QUE TU AIMERAS QUELQU'UN, IL MOURRA ! ET TOI MISERABLE PLEAIDE, TU ERRERAS SUR TERRE SEULE SANS PERSONNE. C'EST TOUT CE QUE TU MÉRITE !

Sur cette lugubre prédiction elle disparut comme elle était apparue…soudainement.

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