À treize heures pile, je vérifie le verrou de l’entrée et ferme la porte de la cuisine, à cause du tintamarre du frigo. Je fiche le chat dehors et passe mon smartphone en mode avion. J’éteins également le modem, débranche l’ordinateur, j’ai même trouvé comment fermer son clapet à l’interphone. Je barre les volets, tire les rideaux, sors du placard mon oreiller spécial en latex naturel bio, ainsi que ma couverture en laine cent pour cent Mohair. Je défais les boutons de mon pantalon et ôte mes chaussettes, puis m’assieds sur le canapé avec le dos bien droit. J’inspire lentement, pendant cinq secondes, puis expire lentement, pendant cinq secondes. Je fais un rot, pas trop bruyant, mais qui vient de loin. Enfin, je dispose l’oreiller, ni à plat ni trop relevé, je me couche sur le côté et m’enveloppe de la couverture. Je ferme les yeux. Je suis bien. Dans une heure, je me réveillerai, j’enfilerai mes chaussettes et bouclerai mon pantalon, plierai la couverture que je remiserai dans le placard, avec mon oreiller. Je rebrancherai tous les appareils et me ferai couler un café. Ensuite, j’espère écrire jusqu’au dîner. Mais là, tout de suite, j’écoute le silence et laisse mon esprit divaguer, mes idées mijoter, mes personnages grandir, mes décors se planter.

Une bonne petite sieste, il n’y a que ça de vrai.