Chapitre 2 :Le marché de Noël

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  Deux ans plutôt, peu avant Noël, je préparais mes derniers cadeaux. Ils étaient destinés à mes plus fidèles lecteurs et à ma meilleure amie.

J’avais tout étalé sur mon lit à baldaquin, aux voilages rose pâle et à sa parure assortie. Des livres dédicacés et des cartes postales venant de l’île de la Réunion. J’étais triste de me retrouver seule pendant cette période de fête.

Un mois auparavant, je venais de quitter Julien Dordigny. La plupart du temps, il était avec ses copains et jamais avec moi. Il passait des heures à boire avec ses amis et à jouer de la musique. Puis, nos conversations ne tournaient qu’autour de lui. Je le trouvais égocentrique. Il rêvait d’être un jour un chanteur et un musicien célèbre. J’ignorais comment j’avais fait pour tomber amoureuse de lui. C’était son humour, sa gentillesse et sa passion pour la musique qui m’avaient séduite. Julien n’était certainement pas le bon. J’avais trop lu de romans sentimentaux.

Je cherchais toujours le grand amour avec un grand A. J’espérais trouver le bonheur la veille de Noël. Aujourd’hui, je devais remettre mon présent à ma meilleure amie. Je finissais de l’emballer. On s’était donné rendez-vous au marché de Noël qui se déroulait sur la Place Masséna.

Une fois le cadeau recouvert, je me dirigeai vers mon armoire. Elle était placée en face de mon lit à côté de mon bureau. J’ouvris la porte et regardai mes vêtements. J’optai pour une jolie robe en laine rose et des collants blancs. Je pris un soutien-gorge en dentelle avec sa culotte assortie. Puis, je fermai l’enceinte. Je marchai en direction de la sortie.

Je traversai le couloir et m’arrêtai devant la salle de bain. Je tournai la poignée. En ouvrant, je vis mon colocataire torse nu avec une serviette autour de la taille. Il se nommait Alejandro Alcaroz. Des gouttelettes tombaient de ses courts cheveux noirs et glissaient le long de ses pectoraux bronzés. Il me scrutait de son regard ténébreux. C’était un Espagnol. Il faisait des études dans la photographie. Dommage qu’il n'appréciait que les hommes.

— Je suis désolée. Je pensais que tu dormais, m’excusai-je, gênée.

— J’ai rendez-vous dans une heure avec le directeur d’un magazine. Il m’a appelé hier.

— C’est génial ! Je suis trop contente pour toi !

— Merci ! Je voudrais lui montrer mes clichés, ceux avec toi dessus.

— Quoi ? Les photos où je suis nue ! Tu es malade ! m’exclamai-je.

— Oui. Tu as un très joli corps. C’est pour un magazine érotique. Ne t’inquiète pas, ces photos ne seront pas publiées. Je m’en sers uniquement pour mon book photo, me répondit-il.

J’étais rassurée. J’aurais été mal vue par mes lecteurs si elles avaient été diffusées.

— Très bien. Je te donne mon accord.

— Merci. Tu es une vraie amie, répliqua-t-il joyeusement en se précipitant pour me prendre dans ses bras.

J’étais un peu gênée. Il était nu sous sa serviette. Il me relâcha deux secondes plus tard.

— Excuse-moi. Je me suis emporté.

— Ce n’est rien.

— Je te laisse la salle de bain. Je vais me changer dans ma chambre, me dit-il en se dirigeant vers la sortie.

— Bonne chance ! Je suis de tout cœur avec toi !

— Merci, Marie.

Je fermai la porte derrière lui. Je posai mes affaires sur le lavabo. Je me regardai dans le miroir au-dessus. Mes longs cheveux châtains étaient en désordres. Mes cernes sous mes yeux bleus me donnaient l’air fatigué. Ma bouille d’ange manquait de gaieté. En réalité, je n’avais pas dormi de la nuit. Je voulais à tout prix finir mon chapitre.

À présent, je déboutonnai ma chemise en pilou blanc et retirai mon pantalon de la même teinte que mon haut. Je les mis à côté de mes vêtements. Je me précipitai dans la cabine de douche, placée près des toilettes.

Tout en prenant la pomme de douche, j’actionnai le robinet et dosai la température de l’eau. Le liquide tiède coulait le long de mon corps. Avec le gel douche au monoï, je me savonnai en commençant par le visage et ma poitrine. Je malaxai doucement chaque sein. Je caressai mon ventre puis mon sexe tout en jouant avec mes poils pubiens. Je n’avais encore jamais fait l’amour avec un homme. Il me tardait de perdre ma virginité avec mon futur amour.

Une fois lavée, peignée et habillée, je sortis de la salle de bain. Je partis chercher mes affaires dans ma chambre. Je rangeai le cadeau pour ma meilleure amie dans mon sac à main en cuir blanc. Un coup d’œil avant de partir pour voir si je n’avais rien oublié.

À présent, je traversais le couloir pour me rendre dans le hall d’entrée. Plaqué sur chaque porte, un petit écriteau avec notre prénom gravé dessus. Le mien était en forme de cœur. Je passais devant la salle de bain, puis la chambre d’Alejandro. J’arrivais dans le salon. Celui-ci était immense. Un canapé rouge trônait au milieu de la pièce. Au fond, une gigantesque télé posée sur un meuble en bois et une petite table basse au centre. Je circulais à travers le salon pour arriver enfin dans le pavillon.

J’enfilai mes chaussures noires à lacet et ma doudoune blanche accrochée au portemanteau. Je sortis de l’appartement. J’habitais au rez-de-chaussée de l’immeuble.

À l’extérieur, je fus surprise de voir les trottoirs et les routes ensevelies sous la neige. Plusieurs voitures étaient bloquées dans les bouchons. Les passants étaient emmitouflés dans des manteaux chauds. Je marchais difficilement dans la neige pour rejoindre la place Masséna. Je ne reconnaissais plus le centre-ville de Nice. La plupart des restaurants et des bars avaient leurs tables dissimulées sous cette épaisse couche blanche.

Au bout d’une vingtaine de minutes, j’atteignis la place Masséna. D’immenses bâtiments m’encerclaient. Le marché de Noël composé de chalets en bois formait un petit village enchanté.

Au loin, je vis ma meilleure amie assise à une table sur la terrasse d’un café. Je me rapprochai d’elle. Elle était vêtue d’un pull rouge à col roulé et un jeans. Ses cheveux roux étaient coiffés en une jolie queue de cheval. Son maquillage léger mettait en valeur ses yeux bleu azur. Son visage recouvert de taches de rousseur lui donnait un air enfantin.

— Te voilà enfin ! s’écria-t-elle en me voyant arriver.

— Je m’excuse pour le retard. Je n’avais pas fini d’emballer ton cadeau.

— Ce n’est rien. Je suis contente que tu sois là. Veux-tu boire quelque chose ? me demanda-t-elle.

— Un chocolat chaud, s’il te plaît.

— Je vais demander au serveur, me répondit-elle en se levant son siège.

Elle s’avança vers un jeune homme qui portait une chemise blanche à manches longues, un pantalon noir et des mocassins marron cirés. Elle revint deux minutes après.

— C’est bon. J’ai commandé. Raconte-moi. Qu’as-tu fait ces derniers temps ? me questionna-t-elle, curieuse.

— Je viens de commencer l’écriture d’une romance érotique. Mais, je ne sais pas comment me lancer. Les idées fusent, j’ignore comment les mettre en place, lui répondis-je.

— Tes écrits sont extra. Je suis certaine que tu vas y arriver. Je suis impatiente de lire le tome 2 de La nuit des loups.

— Attends. J’ai quelque chose pour toi, lui dis-je en fouillant dans mon sac.

Je pris le paquet et le lui tendis.

— C’est pour moi ? me demanda-t-elle, surprise.

— Oui, acquiesçai-je.

— Merci !

— Ouvre-le ! lui ordonnai-je.

Laurianne déchira l’emballage. Je vis la joie dans ses yeux quand elle découvrit la surprise.

— Je suis trop contente ! Je l’ai enfin dans mes mains ! s’exclama-t-elle joyeusement.

— Tu es la première à avoir le deuxième tome de La nuit des loups. Je voulais te l’offrir pour ton Noël.

— Je te remercie beaucoup ! J’ai hâte de le lire !

— Tu me donneras ton avis ?

— Oui, bien sûr, accepta-t-elle.

Soudain, le jeune serveur arriva pour me porter ma boisson. Il tenait dans ses mains une tasse.

— Le chocolat chaud ?

— C’est pour moi, merci ! lui répondis-je.

Il déposa mon chocolat devant moi avec l’addition. Puis, il repartit aussitôt. Pendant une heure, nous continuâmes à discuter de littérature, de boulot et de nos derniers amours.

— T'es-tu remise de ta dernière rupture ? me questionna-t-elle, avide d’en savoir plus.

— Oui. Au début, j’avais du mal à l’oublier. Maintenant, ça va mieux.

— Qu’as-tu prévu pour Noël ?

— Je ne sais pas. Rien pour l’instant. Alejandro fête le réveillon chez des amis. Je vais rester seule à la maison.

— Viens fêter Noël avec moi. Tu ne seras pas toute seule, me proposa-t-elle.

— Je ne voudrais pas déranger ta famille.

— Ne t’inquiète pas. Mes parents t’apprécient beaucoup et ils seront ravis de te revoir. Je vais leur en parler ce soir.

— Je te remercie, Laurianne. Pour la peine, je vais payer la note.

— C’est moi qui devais payer l’addition ! s’écria-t-elle, étonnée.

— Ce n’est pas grave. Tu paieras la prochaine fois.

Je saisis mon sac à main et me dirigeai vers le comptoir. Je vis un homme d’une quarantaine d’années qui distribuait des flyers. J’en pris un, posé sur le rebord.

— Ventes de sous-vêtements, objets érotiques et cours de tantrisme ! lus-je à haute voix.

— L’initiation au cours de tantrisme est gratuite. Voulez-vous essayer ? me proposa-t-il en se tournant dans ma direction.

Je plongeai dans son regard acier souligné par d’épais sourcils. Son sourire blanc éclatant me faisait craquer. Il avait de courts cheveux ébène. Il était habillé d’un pull-over noir, un pantalon et des tennis de la même teinte que son haut.

— Je ne sais pas de quoi il s’agit.

— Lors de ses leçons, les élèves apprennent à méditer afin de libérer leur esprit et leur corps. Nous sommes un petit groupe et en fonction du nombre de participants, je forme des binômes. Puis, je leur apprends les techniques du massage tantrique. Je donne aussi des cours particuliers.

— Je préfère un cours particulier pour le moment. Je ne suis pas très à l’aise devant les gens.

— Très bien. Je vous donne rendez-vous demain matin sur mon stand à 9h00, ça vous convient ?

— Oui.

— Je vous expliquerai tout en détail et je vous ferai un cours particulier. Si vous êtes d’accord, le midi je vous invite à déjeuner. L’après-midi, nous irons dans mon local où j’enseigne ma prochaine leçon à mes élèves, m’expliqua-t-il de sa voix à fois suave et grave.

Cet homme me paraissait très énigmatique. J’avais envie de le connaître davantage.

— Je suis d’accord, acceptai-je.

— Entendu. On se retrouve à 9h00 sur mon stand. Vous avez mon numéro sur ce flyer. Vous pouvez m’appeler si vous avez des questions.

— Très bien. Je vous laisse, je dois rejoindre ma meilleure amie. À bientôt ! le saluai-je me dirigeant vers ma table.

— À demain ! me dit-il.

Quand je retrouvai Laurianne, elle s’empressa de m’interroger :

— Alors, qui est-ce, ce bel homme ?

— Il est professeur de tantrisme. Il m’a proposé de participer à une initiation demain. J’ignore ce que c’est.

— C’est un massage intime entre partenaires qui consiste à se masturber sans atteindre l’orgasme, me précisa-t-elle en ajoutant à voix basse : tu veux écrire un roman érotique. C’est le moment ou jamais. Tu pourrais t’inspirer de ce cours pour ton livre.

— Tu as raison. J’ai rendez-vous demain matin sur son stand. Ensuite, il m’invite à déjeuner.

— C’est génial ! Fonce ma belle ! C’est une opportunité.

— C’est un inconnu !

— Et alors ? Ce n’est pas en restant chez toi la tête plongée dans les bouquins que tu vas rencontrer quelqu’un. Ne laisse pas passer cette occasion ! me conseilla-t-elle.

Elle n’avait pas tort. Je devais me rendre à ce rendez-vous. À cette époque, j’ignorais que cette rencontre allait changer ma vie...

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