Chapitre 3 : Partie 1

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Erian était face à un Ardian, il eut le cran de dépasser son instinct de survie et de foncer droit vers le danger. Ou était-ce dû à une soudaine adrénaline qui rejeta provisoirement la peur de sa personnalité. Peu importait, il se confondait à la foule, une expression naïve comme un enfant l'afficherait, à un mètre de cet homme dont il ne connaissait rien.

Il n'attendit pas, assoiffé de curiosité qu'il se devait d'assouvir, et même si son identité ne pouvait être qu'évidente n'était-ce que par ses cicatrices, il voulut en être sûr.

– Vous êtes un Ardian ?

– Tu as peur ? sourit-il.

Il prit un court instant afin d'être persuadé de choisir la bonne réponse, fouillant dans le plus profond de ses impressions.

– Non. Je sais que vous ne pouvez pas faire du mal aux habitants.

– Alors suis-moi, on doit discuter.

Et alors qu'il le vit disparaître au loin dans cet amas de personnes, n'ayant plus que quelques secondes pour se décider avant de le perdre des yeux, il fit ce qu'il lui avait dit. Il marcha, esquivant les passants, et au fur et à mesure que les mètres passaient, les témoins de leur rencontre se firent moindre. Tout était fait pour le prévenir, quiconque sain d'esprit serait parti depuis bien longtemps, mais il continua de s'enfoncer dans un risque.

Tout endroit passait dans son imagination, entre les petites ruelles sombres, un hangar abandonné ou tout autre emplacement qui résultait généralement de meurtres, jusqu'à ce qu'ils arrivèrent étonnement dans un café avec peu de monde certes, mais ces quelques individus présents rassuraient suffisamment pour ne pas s'autoriser à défiler.

Ils prirent une table dans un coin, un café entre les paumes de mains, et ce fut ainsi que cet inconnu dévoila tous ses secrets.

– Tout d'abord, je m'appelle Orfiane et tu as visé juste, je suis un Ardian comme Ocrate. Et c'est d'ailleurs de ça que je veux te parler.

Erian, se sentant menacé, lâcha sa tasse des mains et se recula naturellement, les lèvres tremblantes face à la concrétisation de leur sujet de conversation, il lui coupa la parole et se défendit automatiquement.

– Vous vous trompez ! Cette dispute avec Ocrate était une erreur, je ne voulais pas le provoquer.

Son interlocuteur approcha sa tête et l'interrompit d'une voix rassurante.

– Je ne suis pas du côté d'Ocrate.

– Alors que me voulez-vous ?

– Je vais t'aider.

– M'aider pour quoi ? Vaincre Ocrate ?

Orfiane pouffa sur le coup, non pas qu'il se moquait, mais l'innocence à laquelle il faisait face l'amusait.

– Je ne suis pas contre lui non plus. Il ne te fera pas de mal.

– Pourtant c'est ce qu'il a fait.

Il souffla du nez pour encaisser cette vérité, il ne savait que trop bien les excès de son camarade et cela le désespérait.

– C'est bien ça le problème. Mais ce n'est pas de sa faute, c'est pour ça que tu ne peux pas t'en prendre à lui.

– Je croyais que vous n'étiez pas de son côté ?

– Je ne le porte pas dans mon cœur, mais je suis obligé de collaborer avec lui et je me dois de le défendre.

– Si ce n'est pas de sa faute alors c'est celle de qui ?

Il le fixa comme s'il appréhendait sa future réponse, elle allait avoir un grand impact et il le savait. C'était à cet instant que son plan allait entrer en jeu, qu'il allait devoir jouer sur les mots pour obtenir ce qu'il voulait. C'était un risque à prendre, un risque qui n'allait sûrement pas fonctionner, mais il se devait d'essayer.

– Enys.

– Ce n'est pas ça. Enfin... Elle me déteste, c'est sûr, mais c'est justement Ocrate qui lui monte la tête.

– Oui et Ocrate se monte la tête parce qu'il est avec elle. Si elle disparaît, il redeviendra calme.

– Vous voulez que je m'en prenne à Enys ? J'ai déjà essayé de la faire attraper, mais.... réfléchit-il. D'ailleurs... Qu'est-ce que vous êtes ?

– Bah... Tu le sais déjà.

– Je veux parler de votre force, vous avez des sortes de pouvoirs ?

– Comme quoi ?

– Contrôler les iomons.

Il baissa son regard vers sa tasse de café, serrant les doigts autour de la porcelaine. Une longue histoire l'attendait, celle-ci n'avait d'ailleurs pas grand intérêt pour lui, il se montrait déjà lassé sans même avoir dit un mot. Il se lança après une inspiration de courage pour dévoiler son identité quitte à admettre indirectement ses points faibles.

– C'est nous qui créons Elesi, on décide de tout. On a ramené les iomons ici pour mieux contrôler la cité, c'est donc nous qui choisissons de leur comportement.

– La légende est vraie ?

– Tu verras bien quand Enys aura pris le pouvoir, rit-il doucement.

– Vous pouvez vous téléporter ? À chaque fois, vous apparaissez de nulle part.

– Pas exactement, c'est plus compliqué que ça. On peut visualiser la cité, on choisit un endroit et on y est, c'est tout.

Les yeux hagards, les lèvres entrouvertes et la voix paralysée par cette surprise, le porte-parole s'enterra dans un court silence. Quand il réussit à retrouver sa respiration qui s'était bloquée, il répliqua d'une vive intonation.

– Ocrate peut savoir où j'habite alors ?!

– Non, ne t'inquiète pas. On ne peut pas connaître qui habite où, les habitations sont du domaine du privé.

Il souffla une grande expiration, soulagée d'avoir encore un endroit sûr où dormir sur ses deux oreilles.

– Et Enys ?

– Ce n'est pas un Ardian. Mais Ocrate lui a transmis quelques-unes de ses capacités. Il est lié à elle, il sait ce qu'elle ressent et où elle se trouve à n'importe quel moment.

– Hum. C'est pour ça qu'elle a pu échapper aux iomons. Et comment voulez-vous que je l'attrape.

– Ce n'est pas bien compliqué, sourit-il sournoisement.

Le dialogue se continua sur l'organisation d'un plan, loin des oreilles indiscrètes.

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