L'innocence brisée

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Je ne me rends pas souvent hors de La Capitale, mais cette fois je ne pouvais pas rester à la mairie ou dans mon appartement bien au chaud en attendant que les autres fassent le travail. Non, pas quand je suis contactée parce qu’ils ont retrouvé l’assassin d’Hiroki. Dès que j’ai appris la nouvelle, je me suis rendue immédiatement sur place à Turin dans la Territorialité d’Italie, en outre c’est la première fois que je me rends ici.

A mon arrivée, je suis immédiatement accueillie par les policiers d’Europa, quelques Légionnaires et soldats de l’armée régulière. Il y a aussi bien évidemment Evans, ainsi que Teresa, la Gestionnaire Frontières et Examens. J’espérais vraiment pouvoir confronter celui ou celle qui a tué Hiroki d’une façon aussi sauvage, malheureusement la nouvelle que l’on m’apprend n’est pas bonne puisque les Légionnaires Assassins ont procédés à son exécution dans une situation de crise.

  • De ce que m’a expliqué le Capitaine de la police, des habitants ont dénoncés cet individu comme ayant un comportement louche depuis quelques temps. Ils ont essayés de l’interpeler cependant l’homme a semble-t-il paniqué et il a pris en otage une jeune fille qui passait par là.
  • Comment ça s’est passé ?
  • Les policiers ont cherché à discuter sans savoir qu’il s’agissait du tueur d’Hiroki. Ils ont procédé à la façon dont ils doivent agir dans le cas d’une prise d’otage : discuter avec le coupable pour la calmer, pendant qu’un autre policier prend contact discrètement avec la Légion pour dépêcher l’assassin le plus proche… la suite, c’est celle-là. Il pointe le corps du tueur, quelques mètres plus loin dans la rue.

Cette procédure peut paraître dangereuse, mais je sais par Horus que les assassins sont formés pour ça et qu’ils ont l’équipement pour déterminer si le coupable a de quoi tendre un piège.

Plutôt que de voir un énième cadavre, je préfère me rapprocher de la jeune fille qui est toujours présente sur place. Les médecins qui l’ont prise en charge m’expliquent qu’elle n’a rien de grave, mais qu’elle est malgré tout traumatisée par l’évènement, ce qui est normal. J’émets le souhait de la voir, ainsi que les deux policiers ayant interpelés l’homme sans savoir qu’il s’agissait du tueur. A ma demande, les deux se présentent à moi dans les minutes qui suivent. La fille est jeune, accompagnée par ses parents, doit avoir entre six et huit ans. Je m’agenouille pour être à hauteur de ses yeux, et lui demande tendrement :

  • Tout d’abord, quel est ton prénom ?
  • Damya, me réponds-elle avec la candeur d’un enfant mais la voix tremblante.
  • Est-ce que tu te sens bien ?
  • Oui… ça va, oui…
  • Dictatrice, c’est son père qui vient de prendre la parole, qui était cet homme, pourquoi avoir pris notre fille en otage ?

Sa question est légitime mais je ne peux pas y répondre officiellement, je me contente donc d’éluder en disant n’en avoir aucune idée, Europa a beau être contrôlée et sécurisée, nous ne sommes jamais à l’abri d’un tel évènement, les humains restent ce qu’ils sont après tout.

  • C’est qui Dictatrice ? Demande la jeune fille, car il est vrai que les enfants nés de parents Europans à cet âge n’ont pas toujours encore connaissance du système de fonctionnement d’Europa et ne s’intéressent pas à la politique.
  • C’est notre chef ! Réponds sa mère, avec fierté, c’est elle qui nous protège des méchants comme lui qui veulent faire du mal aux Europans !
  • Oh, merci Dictatrice alors !

Le sourire de cette jeune fille, dont l’innocence a pourtant été brisée par cet évènement, me réchauffe le cœur. Elle me fait penser…

  • - Votre fille me rappelle ma sœur quand nous étions enfants, toutes les deux.
  • - Je me souviens de votre sœur Dictatrice Avdeeva, il s’agissait d’Aleksandra n’est-ce pas ?
  • - Vous la connaissez ? Comment est-ce possible ?
  • - Eh bien, la femme de mon frère travaillait dans le même hôpital avant qu’elle ne devienne Elite et elle disait souvent à mon frère qu’elle avait une nouvelle recrue, une immigrée russe arrivée avec sa sœur, très douée et très compétente. Elle était en relation avec ma belle-sœur aussi… mais j’y pense, nous n’avons pas eu de nouvelles depuis…
  • - Il est possible qu’elle ait été enlevée lors de l’attaque contre La Capitale.
  • - Oh cet évènement affreux… oui, je m’en souviens. Je suis désolé d’avoir parlé de ça Dictatrice.
  • - Vous pouvez m’appeler Lina, nous sommes en situation informelle. Enfin, malheureusement j’ai encore du trava…
  • - Pourquoi je fais penser à ta sœur, Lina ?

Décidemment les enfants savent toujours poster les bonnes questions, et aussi les plus délicates pour donner une réponse satisfaisante, mais dans ce cas la réponse est évidente : tu as son sourire.

Suite à cette conversation, ses parents se retirent et je reste seule avec les policiers. Nous sommes dans une position un peu plus formelle cette fois. Le policier raconte exactement ce qu’a dit Evans sur le déroulement des faits, et il explique qu’ils ont compris qu’il s’agissait du tueur d’Hiroki uniquement quand il a commencé à évoquer, de ses propres aveux, son acte. « Si vous ne me laissez pas partir, j’égorge cette gamine comme l’autre, l’asiat là ! », voilà ce qu’il a lâché dans la panique, se trahissant par la même occasion.

Je m’apprête à partir lorsque je reçois un message sur mon Cloud MP, le système de messagerie privé. Il provient des techniciens chargés de décrypter le fichier trouvé chez Hiroki, il semblerait qu’ils soient enfin parvenus à réussir leur mission et m’envoient donc le contenu. Je prends quelques secondes pour lire. Relevant les yeux vers le chef de la police, je le salue et lui demande de faire le nécessaire vis-à-vis du corps et de la situation. Sans en rajoute, je retourne directement à La Capitale et profite alors du temps de transit pour envoyer un message aux membres du Conseil.

Messages : En qualité de membre du Conseil, tu es convoqué d’urgence à la salle de réunion. Je ne tolérerais aucune absence. – Elite Diplômée Avdeeva Lina, Dictatrice d’Europa.

Le temps de faire le trajet et de rejoindre les autres membres a demandé environ deux heures, largement assez pour qu’ils soient tous présent, ce que je constate en ayant franchis les portes de la pièce. Au complet, à l’exception de ceux qui ne sont plus de ce monde, nous pouvons débuter cette réunion sans plus attendre. Je sais désormais ce qu’il m’est nécessaire de faire.

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