L'apothéose d'une dictatrice

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  • Frappe-le ! Encore ! Frappe-le ! Plus fort !

La bouche ensanglantée. Ses lèvres abimées. Son nez brisé. Ses joues boursouflées… La jeune tortionnaire prend plaisir à voir son ami tabasser le prisonnier. Je peux voir dans ses yeux à lui la haine, la colère, la peur et la faiblesse. Autant de sentiments que je connais, bien contente de voir que je ne suis pas la seule à ressentir tout cela. Ce que je ressens actuellement, c’est l’euphorie. Celle de voir ces terroristes être punis comme ils le doivent, une véritable joie. Un silence instable, brisé au rythme d’une respiration haletante et des cris de douleurs. Nulle mélodie ne peut surpasser celle d’un Homme dont on ouvre l’enveloppe charnelle pour en extirper le contenu, lui, et le mettra à nu.

Le problème des cris, c’est qu’il ne s’agit pas d’aveux ni de réponses. Il ne s’agit que les bruits agaçants d’un déchet dont la vie est déjà arrivée à terme. Je fais signe au tortionnaire d’arrêter.

  • J’en ai assez… du silence.
  • Le prisonnier ne répond pas. Il se contente de me regarder avec des yeux de chien battu emplis de rage avant de baisser la tête. Je lui murmure au creux de l’oreille.
  • Souffrir, mourir… C’est deux mots rimes. Mais moi, je ne jette mes jouets qu’une fois assez amusée.
  • Et toi, tu vas m’amuser longtemps.
  • Encore le silence… Le silence d’un mort !
  • Enfin… j’ai amené un autre jouet.

Cette fois, le mort lève la tête. Ses yeux morbides cherchent à me transpercer. « Que veut-elle dire ? » se questionne t’il surement. C’est donc pleine d’amour que je dois lui répondre.

  • Horus, tu peux aller me chercher l’autre s’il te plaît ?
  • Bien Dictatrice.

Quelques instants après Horus revient avec un certain quelque chose qui semble redonner un soudain regain d’intérêt à notre ami attaché. Des larmes coulent de ses yeux alors que sa belle est poussée dans la pièce. Oh, quelle candeur que celle d’un couple désespéré, la rencontre entre le mort et le condamné. Entre la fin et le début, le passé et le futur, ce qu’il fut… et qu’il adviendra. J’aime tant la façon dont une proie cherche un moyen de s’échapper alors que la seule issue qui reste est une mort qui ne vient pas. Prise d’un éclat de rire, je prends le mort par menton et lui réitère ma demande : dis-moi tout ce que tu sais.

Mais le mort reste muet… Encore une fois.

  • Toujours muet ? J’ai une idée. Nous allons jouer à un jeu. Je vais te poser des questions de culture générale. Si tu réponds juste, je te fais mal. Si tu te trompes… Alors c’est ta petite chérie qui va douiller. Si tu refuses de répondre, c’est vous deux ensembles. Le jeu prendra fin quand tu auras répondu à toutes les questions.
  • Salope…
  • Eh bien tu n’es pas muet finalement. On dirait que tu ne me prends pas au sérieux cela dit. Crois-moi, je briserais moi-même chacun de tes os, je réduirais en lambeau ta chaire, détruirais ton âme, je la ferais violer et égorger sous tes yeux s’il le faut déchet. Tu comprends ? Je n’aurais aucune pitié, je te tuerais de mes mains, je ferais arracher tes tripes et j’étranglerais cette pute avec ! Vous, Sojusz, les chiens qui attaquent Europe, ceux qui ont tué celui que j’aimais et kidnappé ma sœur, nul répis ne vous sera donné tant que je ne retrouverais pas Aleksandra et que je n’aurais pas vengé Europa !
  • Lina du calme bon sang !

Horus venait de me crier dessus, horrifiée.

  • Je ne veux pas te voir comme ça Lina…
  • Horus… Je suis désolée. Je me suis emportée par…
  • Viens avec moi, laisse faire les tortionnaires ils s’en occuperont très bien.
  • Je dois poser les questions Horus.
  • Je comprends… Je vais t’attendre dehors.

Horus sort de la pièce avec Redsky et Astronaut. Je reste ici avec les tortionnaires. Pendant plusieurs heures, je continue de leur poser des questions et recevoir leur châtiment. Normalement ce genre de personne est difficile à faire parler lors d’un interrogatoire, mais le copain s’est vite mis à table lorsqu’il a vu que je ne plaisantais pas avec mon jeu et que sa copine a perdu un premier doigt. De toute évidence ils n’étaient pas prêts à la mort, ils se seraient suicidés plutôt que d’être capturés lors de l’attentat, mais ils étaient prêts à tuer autant que possible. Ils ont tout avoué, la façon dont devait se passer normalement leur attaque, qui sont leurs chefs et comment ils sont entrés à Europa.

  • Il est facile d’entrer à Europa, nous avons juste passé et réussit nos examens… Et une fois à l’intérieur… nous nous sommes débrouillés pour recréer nos armures et fabriquer des bombes et des armes. C’est facile quand on a accès à des imprimantes 3D aussi performantes que celle d’Europa.
  • Vous parlez de ces espèces d’armures ? Vous ne ressemblez pas à des rebelles de Sojusz…
  • Tortionnaire, sa copine semble ne pas trop tenir à un autre de ses doigts…
  • Non ! Non attendez ! Je… Nous sommes de l’Unité des Os ! S'écrie-t-il.
  • De quoi s’agit-il ?
  • D’une force armée de choc crée spécialement par Sojusz pour combattre les troupes militaires d’Europa. C’était après la défaite en Pologne… Censée être plus efficace que les rebelles contre vos soldats.
  • C’est pour ça que les attaques à la frontière sont plus violentes…
  • Nous sommes aidés par des pays puissants… arf… Ce sont les Etats-Unis qui ont commandités l’attentat… Un message… destiné à la Dictatrice et les autres dirigeants.
  • Cette force, est-elle nombreuse ?
  • Nous ne sommes pas très nombreux… Mais bientôt ce sera le cas. Comme je l’ai dit, nous sommes entrés par la ruse.

Alors que je me lève, en sachant assez, la femme qui était restée muette jusque-là n’ayant pas à répondre aux questions, m’interpelle.

  • Avdeeva… Nous allons devenir la pire crainte d’Europa. Votre cauchemar. Vous serez terrorisés, tous les jours, par les squelettes qui vont venir vous hanter. Nul chien d’Europan ne sera en sécurité, pas un moment de répit ne sera accordé à ceux qui font du mal à ce monde.

Je me retourne et rétorque, cinglante.

  • Europa a brisé plusieurs os aujourd’hui, et en brisera encore plus demain.

Je sors de la salle de torture pendant qu’on ramène ces deux-là dans leurs cellules respectives. La prochaine fois que les deux tourtereaux se verront, ce sera le jour de leur exécution. Je m’en vais retrouver Horus pour faire le point avec elle sur ce qu’il s’est passé plus tôt.

  • Qu’est-ce que tu en penses Horus ? C’est inquiétant. S’ils utilisent les examens pour entrer à Europa c’est une question délicate.
  • On ne peut pas interroger tous les nouveaux arrivants par la torture. Et le Projet Solace n’est pas adapté à une telle situation…
  • J’ai peut-être une idée. Je dois revenir à la Mairie et faire une petite réunion d’urgence. Quant à vous, vous avez quartier libre pour le moment. Profitez en bien, parce que quelque chose me dit que la Légion va bientôt être très utile…

Horus me salue en m’embrassant. Quant à moi, je retourne à la Mairie pour la réunion par Holo-Conférence que j’ai préparé lors de mon trajet. Je n’ai convoqué que trois membres du Conseil, le Général Brooke, le Gestionnaire du Recensement Hiroki Kanazawa et la Gestionnaire Frontières et Examens Teresa Halterman. Les autres personnes sont les Dirigeants de chaque pays d’Europa. Il est temps d’assumer pleinement mon rôle de Dictatrice. Après leur avoir fait un résumé de ce que je venais d’apprendre à la prison, j’ordonne à chacun d’entre eux.

  • Général Evans, en tant que Gestionnaire des Armées tu as l’ordre de préparer Jine_01 pour le plus tôt possible. Tu as aussi la responsabilité de surveiller les menaces à l’encontre d’Europa. Qu’est-ce qu’il en est ?
  • Pour le moment nous n’avons état d’aucune menace directe, si ce n’est les tactiques de guérilla de Sojusz.
  • Bien, continuez les espionnages, même le bruit d’une mouche ne doit pas nous échapper. Pour les Dirigeants des pays, je vous ordonne d’augmenter encore plus la sécurité dans vos territoires respectifs, utilisez le droit de conscription du Code si nécessaire. Chaque centimètre du pays doit être sous-surveillance, n’hésitez pas à mener des arrestations préventives et à fouiller les appartements et les maisons de toutes personnes suspectes. Je me moque de la façon de procéder mais trouvez les traitres et débarrassez en Europa. Gestionnaire Kanazawa, je veux que tu me cherches le nom des terroristes et trouve moi toutes les informations que tu peux : quand ils sont arrivés, de quels diplômes ils étaient, qui ils ont fréquentés, tout ce que tu peux obtenir. Quant à toi Teresa, tu vas faire suspendre temporairement les passages d’examens, Europa n’accepte désormais plus personne de l’extérieur jusqu’à nouvel ordre. Seuls les nés à Europa pourront le passer désormais. Les frontières sont aussi désormais fermées, il est proscrit de sortir ou d’entrer à Europa sans une autorisation de la plus haute instance, c’est-à-dire de moi-même ou d’un membre du Conseil qui m’en aura fait préalablement part.
  • Bien Dictatrice, ce sera fait dès ce soir.
  • Merci. Si personne n’a de questions vous êtes libre de vous déconnecter. Sachez auparavant que je vais signer l’autorisation pour l’exécution des prisonniers, en date du mois prochain. L’annonce sera publiée sur le Réseau en message impératif.

Une fois la réunion terminée, j’ouvre le document d’exécution. En le signant, j’acte définitivement de la mort de ces deux-là. Si en quittant Astrakhan j’avais sût que j’en arriverais à de telle extrémités je ne sais pas si je serais partie. Des fois je me demande ce qu’il serait advenu si j’étais restée là-bas. Je n’ai plus de nouvelles de mes parents depuis plusieurs semaines, et aucune trace de vie probable des otages donc de ma sœur. En signant ce document, je signe peut-être son arrêt de mort en même temps que le leur. C’est mon devoir de Dictatrice, désolée Aleksandra. Désolée papa, désolée maman. Votre fille à désormais du sang sur les mains.

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