Extrait de l'oeuvre - L'ombre.

16 minutes de lecture

Son corps sembla paradoxalement détendu en ce triste aurore. La faible lumière de l'extérieur perlait de sa fenêtre entre-ouverte, et fit apparaître dans le même temps de petits filaments blancs amassés dans ce petit conduit de lumière. Une chaleur ambiante et agréable flottait dans la petite chambre reculée. Seuls quelques bruits de véhicules démarrant au quart de tour vinrent perturber ce halo de silence pendant plusieurs secondes, chose qui ne le gêna foncièrement pas. Richie se retourna finalement dans la pénombre vers l'autre côté de son lit. Il se rendit compte très vite malheureusement qu'il fut toujours seul. Son complice toujours absent malgré les minutes qui défilèrent. Il jeta alors un regard curieux vers le radio-réveil disposé sur la petite table de chevet. Les nombres qui en ressortaient parurent bien plus fluorescent qu'à la normale : 5H42.

Il en fut rassuré. Son ami devait avoir pris tout le temps nécessaire dont-il eut besoin pour réfléchir. Il le savait ; Il le connaissait bien plus qu'il n'aurait pu lui-même le savoir. Tozier se retourna finalement, vociférant une insulte envers quelque chose. Usé de devoir patienter autant, il fut alors plus que lassé de devoir encore se perdre un peu plus dans ses réflexions. Pas tant que l'attente fut compliquée à supporter ; mais plus le moment des retrouvailles s'approchait, et plus il était en proie à une boule grandissante dans son estomac. Qui lui explosait les intestins. Il appréhendait terriblement cet instant.

Edward, Eddie, Eds : Le seul nom qui le fit toujours frissonner, tel vingt-deux ans en arrière. Comme-ci plus les heures s'amassaient dans cette petite ville de Derry ; plus les souvenirs de leur passé commun crevaient le plancher. Chose entre autres, qui n'avait pas laissé Richard Tozier dans l'indifférence.

L'histoire de deux anciens amis qui surent créer un lien des plus précieux, avant d'enfin tout oublier dès leur départ respectif de leur petite bourgade natale. Mais ces souvenirs réapparurent sans crier garde lors de leur retour précipité dans le Maine. Permettant à Tozier d'également se retrouver lui-même.

Il était gay ; cette particularité, il le sut déjà depuis un bon nombre d'années. Mais ce qu'il eut oublié concernant ses relations intimes, fut simplement sa première histoire. Le garçon qui l'avait accompagné durant ce premier voyage des sens ; ne fut nul autre qu'Edward Kaspbrak. Et sans concession, Tozier n'eut jamais pu trouver une autre sensation semblable.

Il profita de ce dernier moment de solitude pour penser à l'homme que celui-ci fut devenu, et dont-il avait retrouvé le souvenir depuis seulement plusieurs heures. Un homme toujours très pointilleux dans sa vie, à la limite de l'obsessionnel si ce ne fut plus. Hypocondriaque et impulsif ; avec un rapport œdipien plutôt étrange. Une personne qui ne put s'empêcher de taquiner, qu'il eut également le besoin de voir. Ce fut la même sensation partagée pour ce dernier. Tozier se demanda plus d'une fois si ces années écoulées entre eux eurent changer quelque chose sur cet aspect de leur relation, si spécifique fut-elle. Si la distance n'eut rien effacé de leur propre passé.

Il ne put réfléchir plus longtemps aux différentes hypothèses de cette interminable question qu'un coup étouffé se fit entendre parmi le calme inébranlable de la pièce. Sorti rapidement de ses pensées, Tozier se redressa. Calmement, il décolla son corps du matelas et se leva. Puis ouvrit la porte, y découvrant ce qu'il eut espéré toute la nuit. Les yeux marqués par la fatigue, Kaspbrak lui esquissa un sourire. Et rapidement, fut accueilli par les bras de son ami.

Les deux ne bougèrent plus l'espace d'une seconde ; humant chacun l'odeur de l'autre discrètement. Leur étreinte sembla comme vitale pour Tozier, qui fut comme habité par son hôte. Mais finalement, s'obligea à le libérer ensuite. Il lui permit alors d'accéder à la petite chambre d'hôtel. Eddie avança timidement vers le lit, posant dans le même temps son manteau sur le côté de celui-ci sans même hoqueter un son.
« Je ne sais même pas pourquoi que je suis là... » Siffla-t-il finalement, alors qu'il fut assis devant son ami. Ce dernier qui n'eut pas encore quitté le pas de la porte entre-baillant.

Tozier baissa le regard sur ses chaussures. Lui-même ne sut véritablement quoi répondre. Pour seule réponse, il ferma doucement l'accès à la pièce avant de se rapprocher, les mains dans les poches. Timidement, il se prostra au-devant de son cadet. Puis, se baissa face à lui.

« Si tu es venu, c'est que je ne suis pas seul à me souvenir. Que je ne suis pas le seul à ne rien regretter. Promets-moi au moins ça d'accord ? Que tu te souviens aussi, que je ne suis pas malade... »

Kaspbrak releva ses iris ; les yeux empois d'une émotion étrange. Il ne sut quoi en penser sur le moment. Se demandant notamment comment son compère à lunettes pouvait être si directe après tout ce temps perdu. Mais cela lui permit également -sans même s'en rendre compte- de faire la part des choses sur l'instant. Depuis son retour précipité et leur retrouvaille inespérée, il vouait au comédien une mystérieuse fascination. Une fascination qui ne fut cependant pas nouvelle. Et particulièrement celle-ci qui l'obligeait à se poser toutes sortes de questions incessantes, sans même une once de répit.

Mais alors qu'il se laissait partir dans ses incessantes réflexions, Tozier le ramena soudainement à la réalité : Les deux paumes plaquées contre son visage pâle et le regard planté dans le sien. Un grand silence s'en suivit, Eddie ne pouvant aligner plus de deux mots cohérents. Son cœur s'acharna en lui ; cognant à tel point qu'il lui sembla que celui-ci rebondissait littéralement contre sa cage thoracique. Le temps d'un instant, ils furent redevenus ces adolescents de dix-huit ans, s'étant quittés une chaude journée d'été. Les yeux dès-à-présent fermés et les sens à l'affut, Kaspbrak avança légèrement son visage vers son hôte. Il pria une seconde intérieurement ; espérant avec ferveur que son aîné ne tarde pas pour rendre réponse.

Il se mit soudain à sentir le bout d'un ongle lui caresser le bas de la lèvre inférieure. Celui-ci lui tomba lentement au creux du cou, pour se faire rapidement remplacer par une paume entière. Puis, une bouche emprisonna la sienne sans prévenir. Happé par une immense vague de chaleur, le plus petit partagea rapidement ce baiser échangé avec son assaillant.

Tozier quant à lui, respira une nouvelle fois l'odeur frivole de son partenaire ; piqué par ce parfum si envoûtant. Il n'en revenait pas, il retrouvait enfin cette sensation qui lui sembla -paradoxalement- familière et inconnue. Et finalement trop curieux, il se redressa vers sa victime et l'allongea sur le lit d'un mouvement serein. Il le surplomba alors, le bloquant également contre la literie de cette vieille auberge. De cette position, ils eurent tous les deux vu sur le sexe irriguant du comique américain.
« Écoute Richie. Je ne suis pas gay, je n'ai couché avec au... »
Kaspbrak ne termina pas sa phrase. Il la laissa un instant en suspens. L'autre put simplement lui esquisser un léger sourire ; touché par cette timidité récurrente.
« Ecoute moi bien Eds. Je suis ta première fois, tu es celle dont je ne parviendrai jamais à me remettre. Et c'est pas parce que tu ne te souviens plus de ces moments-là que je ne peux pas te rafraîchir la mémoire. » Conclu sobrement Tozier dans un souffle, venant par la suite reconquérir les lèvres légèrement entre-ouvertes qui tremblèrent devant les siennes.

Kaspbrak ne sut quoi répondre à cette invitation, cette pulsion étant déjà bien trop présente dans son estomac. Il sentit les longs doigts de son ami parcourir sans gêne sa peau blême alors que ses lèvres se firent toujours dévorer sans une once de pudeur. Le cadet peinait à reprendre un souffle normal, sa virilité à lui aussi devenu bien de trop imposante pour passer inaperçu. Tozier le sut, il se languit de cette vision. Vingt-deux ans qu'il n'eut plus assisté à un tel spectacle ; ce fut peu croyable qu'il puisse revivre à nouveau le même instant, tant d'années après. Mais à dire vrai, il ne s'en rendit compte qu'à cet instant. Il venait enfin de retrouver tout ce qu'il lui avait toujours manqué.

Ce fut finalement dans un mouvement d'impatience que Kaspbrak répondu alors à l'invitation, déboutonnant par ailleurs le bouton de son propre Jean Lewis. Il fut regardé par son compère avec amusement tout le temps de la manœuvre ; celui-ci finalement soulagé que son ami ait craquer le premier. Mais Tozier stoppa rapidement ces agissements : les mains retenant celles de son ami sur l'ornement glacial du lit.

« T'es vraiment pas possible Eds. Pourquoi toujours dans l'extrême ? On vient de se retrouver. Pas si vite... »

L'autre en resta penaud. Aucune réponse ne lui vint à l'esprit alors que son aîné retira dans un mouvement serein les lunettes de son visage. Kaspbrak se surprit à le regarder -beaucoup plus intensément qu'en temps normal- pendant que ce dernier eut repris l'exploration de ce corps qui lui fut offert. Les moindres parcelles de peau dont Tozier disposait sous ses doigts, eurent réagies sans faute à ses avances. De petits poils dressés qui déterminèrent sans fausses notes le lien étrange qui les habitaient. Et ceux, depuis toujours. Surement même aux prémisses de leur première rencontre.
Tozier repensa un instant avec nostalgie à ses lointains souvenirs ; oubliant tout autre chose.

Entre le danger constant de sa vie d'artiste dépravé ; sa vie affective désastreuse depuis son départ de Derry et sa propre enfance tourmentée, il n'eut jamais été vraiment heureux. Mais lui, le parvenait. Il le rendait vivant, comme complet. Il lui sembla d'ailleurs avoir vu la même lueur indescriptible dans les yeux de Kaspbrak parfois.

Le torse bloqué contre le corps ardent de son partenaire, ce dernier se contenta simplement de le contempler. Cet ami qu'il vu toujours tel un grand gamin. Ses blagues graveleuses, son comportement par moment limite, sa loyauté imperturbable ; ses qualités et ses défauts. En somme, la personne la plus importante de sa vie. Il n'aurait su dire à cet instant-même, les sentiments qu'il éprouvait à son égard. Ce fut puissant ; beaucoup trop fort pour être foncièrement expliqué.

« Pourquoi tu me regardes comme-ça ? Je sais, j'ai morflé un peu en vingt ans... Mais je pensais pas que ça te dérangerait à ce point. » Se permit de faire remarquer Tozier, toujours immobile au-dessus de son ami.
Celui-ci se contenta une dernière fois de le fixer sans un mot, un sourire perdu aux coins de la bouche. Puis, poussé par une certaine forme d'impatience, prit en main le col du binoclard et déposa ses lèvres contre celles qu'il discernait. D'une façon beaucoup plus tendre cette fois-là. Ils prirent finalement leur temps. Appréciant sans honte ou regret leur retrouvaille tant attendu et inespéré.

S'en fut cependant trop pour Tozier qui ôta de lui-même, et sans même une once de gène, la chemise de l'ancien asthmatique. Il découvrit alors avec intérêt le torse plutôt évolué du petit bonhomme fragile qu'il eut laissé autrefois. Il le caressa avec précaution tout en s'extasiant intérieurement ; bloquant sa lèvre inférieure entre ses incisives d'un rictus véridique.

Relevé contre lui, Kaspbrak se contenta de se rapprocher près des cheveux bouclés qu'il discernait et qui lui chatouillèrent le visage. Se perdant aux abois de ce parfum protecteur, il fit sensuellement passer sa langue humide contre la jugulaire si visible devant lui. Un râle rauque et puissant s'échappa de la trachée de son aîné, qui ne put retenir de se mordre l'intérieur des joues avec excitation. Sa virilité lui sembla prête à exploser ; bloqué sous un sous-vêtement bien de trop comprimé. Il se décida alors pour prendre les devants.

Sa main présentement toujours ferment accroché à son cadet, Tozier s'occupa de dévoiler leur deux sexes irrigants l'un vers l'autre avant de bloquer son regard vers les deux pupilles qui le fixèrent. Kaspbrak sembla tout d'un coup avoir comme un instant de lucidité. Sa respiration se fit légèrement plus difficile, à mesure que le comédien se rallongea légèrement sur lui.
« Rich... Je... » Bredouilla-t-il quelques secondes avant de s'arrêter net.
Le visage de Tozier ne fut à présent plus qu'à une dizaine de millimètre du sien. Ses yeux laissaient entrevoir une sorte de jouissance envers cette récurrente moue inquiète. Puis, ce fut finalement un sourire franc qui s'étala sur ses lèvres fines.
« T'es vraiment une chiffe-mol, Edward Kaspbrak. »

A partir de cet instant, Kaspbrak ne prit même plus la peine de réfléchir aux conséquences de son acte. Et rapidement, se fit dépouiller de toutes ses affaires, se retrouvant fatidiquement nu sous son agresseur. Mais avant même qu'il ne puisse réfléchir à l'issu de la situation, il vit la présence sur son dessus se baisser soudainement au niveau de son intimité. Il osa à peine la regarder se déplacer qu'une chaleur soudaine enveloppa son bassin. Il hoqueta un gémissement de surprise avant de se crisper irrévocablement ; les ongles enfoncés sur le drap délavé.
Il ne put en revenir, le regard perdu vers le plafond craquelant de ce vieil hôtel en lambeau.

La sensation qu'il ressentit sur l'instant T, fut bien plus différente qu'un banal plaisir causé par l'art d'une simple fellation. Cela fut tout au plus comparable à une sorte de puissante vague de chaleur dans son for intérieur, qui le tourmenta rapidement. Comme quelque chose d'indescriptible.

Tozier quant à lui, veillait au grain. Il se contenta de se baser sur les réactions de son partenaire, offrant gracieusement des coups de langue furtifs là où l'autre semblait le mieux réagir. Il comprit vite que son acolyte tentait -tant bien que mal- d'étouffer ses réactions tout en pinçant ses lèvres gonflées. Les joues rosies, le souffle cassé. Ce fut la chose la plus excitante que Tozier se souvenu d'avoir assisté cette nuit-là.

Remontant de la base de cette extrémité gonflée, il mit à profit ce qu'il sut le mieux faire. Il entoura sa langue aguerrit autour du morceau de chair, n'oubliant pas d'exécuter une lente masturbation de sa main droite. Ce sexe entre ses mains ne cessa de grandir ; telle que la chaleur ambiante sembla devenir presque suffocante. Il ne semblait plus rien avoir d'autre.

L'image de son corps se noyant dans le tissu du matelas vint instinctivement à l'esprit de Kaspbrak. Il avait comme la douce impression qu'il flottait. Comme-ci tout ce qu'il vivait depuis son entrée dans la pièce fut irréel. Mais surtout, il retrouva cette furieuse sensation. Celle qui l'eut indubitablement marqué et manqué. Il l'aimait et l'eut de ce fait, toujours aimé. Malgré son hétérosexualité, malgré le temps écoulé et la distance les ayant séparés : Rien ne sembla en réalité avoir vraiment changé.

Parvenant partiellement au bout de sa motivation, il se laissa alors enfin guider par son instinct. Kaspbrak commença discrètement à reprendre le dessus, se relevant légèrement et poussant son aîné encore un peu plus. Puis sans crier garde, vint attraper la nuque de celui-ci et l'envoya à son revers. Ce geste eu pour conséquence même de laisser Tozier sous l'effet de la surprise un instant. Allongé à son tour sous ce dernier, celui-ci resta sans voix le temps d'une seconde avant de regarder impuissant, son cadet se redresser davantage. Il le surplombait maintenant de toute sa hauteur ; arborant un magnifique sourire de fierté.

La taille placée juste entre les jambes de Kaspbrak, il se laissa faire. D'un côté amusé par cette situation plutôt cocasse. Et de l'autre, totalement ensorcelé.
« Bah alors Eddie-chou ? On se découvre un côté animal ? » Lança-t-il finalement tout en s'esclaffant. Ses bras se virent trouver refuge aux flancs de son propre corps ; ses doigts traçants de petits chemins invisibles sur les cuisses qui le maintinrent toujours fermement allongé.

« La ferme. Efforce toi de fermer ta gueule au moins cinq minutes dans ta vie. »

Tozier ne put qu'aborder un sourire espiègle à cette réponse, même si ses iris se virent teintées d'une étrange curiosité. Il en resta tout de même ébahi silencieusement. Même en réfléchissant bien, il ne se souvenu pas avoir déjà entendu un ton si rude chez son ami.

Puis tout s'enchaîna assez rapidement. Sans même comprendre réellement ce qu'il lui arrivait, Tozier se fit bloquer à son tour, en incapacité totale de mouvement. Un revirement de situation comme un autre. Si ce ne fût à l'instant où lui-même se retrouva également dénudé, sous les yeux pétillants et malicieux de son vieil ami. Le corps compressé sous le sien. Ce dernier se releva dans un temps son bassin vers le haut, décalant de ses doigts le sexe éveillé de son partenaire devant son intimité. Ce fût à cet instant qu'il se stoppa, hésitant. Richie en eut bien compris la raison.

« Pas si vite. Il y a d'autres méthodes pour ça. » Chuchota dans un souffle Tozier, se redressant suffisamment pour pouvoir à son tour l'étreindre. Le regard de son amant eut fini par changer. Il arbora une mine inquiète, comme à son habitude. Celle qu'il semblait par conséquent toujours avoir.
« Fait moi confiance Eds, je te ferai jamais de mal. Je... »

Il ne put aller au bout de sa phrase, un baiser perdu dans le même temps sur ses lèvres. Le plus jeune laissa courir le bout de ses doigts contre la clavicule qui lui fit face, les joues rosies d'une excitation grimpante. Ses reins semblèrent en feu ; sa virilité sur le point d'exploser. Sur ce pas, Kaspbrak l'encouragea à continuer la préparation. Portant les doigts tremblants du comédien contre la peau de son aine, il le supplia dans un murmure qu'on le prépare à l'accueillir. D'une main posée sur sa virilité, l'autre près de son entrée, Tozier suivit par conséquent la requête. Puis, dans un dernier regard complice, le pénétra finalement.


Tout d'abord d'un seul doigt. Par une simple pression qui décrocha un rictus d'inconfort de la part de son hôte. Tozier se contenta alors de le rassurer, sa deuxième main ferment accrocher à son visage. « Détends toi Eds, ça va aller... »

S'en suivi un mouvement de tête positif de la part de Kaspbrak. Le souffle court, il posa son front timidement sur celui humide du plus âgé. Ses traits se trouvèrent tiraillé par la sensation, sa main droite fermement agrippé à l'arrière du crâne de ce dernier qui parvint, finalement à se rapprocher encore un peu plus.

Tout en venant mordiller les mamelons durcit qu'il discernait, Tozier parvenu tout de même à détendre l'homme qui logeait dans ses bras. Assez en tous cas pour qu'il puisse enfin rentrer son index et son majeur. Il entendu Kaspbrak souffler, cherchant apparemment à trouver le plus rapidement son aise.

Mais contre tout attente, ce fut le moins assidu qui obtempéra le premier. Rouvrant finalement les yeux, il se releva un peu plus, plaçant également le membre durcit sous lui au niveau de son entrée. Et alors, se détendit comme il le put.

Tozier laissa échapper sans le vouloir un geignement de satisfaction à mesure que son partenaire s'empala sur lui, totalement. Celui-ci maintenu de toutes ses forces le tissu sous eux, incapable d'exprimer le moindre mot. Richie le fixa tout du temps ; incapable de se résoudre à la beauté de l'instant. Comme subjugué, il vint attraper férocement la nuque de ce dernier, se relevant également. Perdurant dans le même temps un râlement chez son convive.

Puis sans une nouvelle parole se contenta de remuer le bassin, d'une façon quasiment imperceptible. Kaspbrak ne put fermer les yeux sur la scène ; perdu dans les méandres de ce regard si sombre qui le fusillait. Et plus les minutes défilèrent ensuite, plus les gémissements se firent entendre par-delà le couloir désert de l'ancien bâtiment. Dans une des chambres du deuxième étage, ils furent enfin réunis : les ombres de leurs deux corps projetés contre les murs usés de ce triste endroit. Même si ils n'accordèrent que peu d'importance au lieu où ils se trouvaient.

Tozier fut au bord de l'implosion. Son amant n'en fut pas sans reste, ne contrôlant plus rien de ses réactions. La peau luisante, les lèvres gonflées, Kaspbrak chercha à reprendre son souffle. Le regard perdu dans le vide. Son amant sous lui, tentant -avec bien de difficulté- à se contenir. Les pénétrations se firent à présent régulières, puissantes. Et la douleur du début ne fut qu'un maigre souvenir. Ils ne purent se résoudre à se retenir ; plus qu'un plaisir suprême, ce fut une osmose irréelle. Le cadet ne put que s'accrocher désespérément à son compagnon, priant intérieurement pour que rien ne s'arrête.

Puis soudain, un simple râle. Avant qu'un liquide chaud ne se déverse entre leurs corps respectifs. Eddie eut joui, comme ça, d'un simple coup de rein. Tout simplement. Il en fut lui-même surprit alors que Tozier ralentissait quant à lui ses mouvements. Il se stoppa un instant plus-tard, toisant son partenaire éperdu par son orgasme dévastateur.
« Tu es vraiment la plus belle chose que j'ai vu après l'amour... » Murmura ce dernier dans un soupir. Puis, agrippa machinalement les deux côtés du visage qui le hantait, l'embrassant de tout son être une dernière fois.


☽ ☾

Allongé de tout son flanc sur le drap humide, Eddie se contenta de fixer l'individu face à lui. Il se tenait là. Devant la fenêtre ouverte, accoudé au rebord de celle-ci. Une cigarette à moitié consumé, le haut du corps à l'extérieur. Ses yeux fixaient comme quelque chose dans la pénombre. Le visage inexpressif et muté dans un silence de plomb. Le plus vieux devenu soudainement, anormalement calme.

Mais alors que celui-ci tira une nouvelle bouffée sur sa Malboro rapetissant, il sentit une nouvelle étreinte s'emparer de lui. Il ne bougea pas alors que Kaspbrak logea son visage dans son cou marqué et rougit.
« Pourquoi t'es si silencieux d'un coup ? Je n'ai pas été à la hauteur ? » Plaisanta l'asthmatique alors que l'autre l'enlaça à son tour.
« Tu te rends compte. Dans quatre heures, on y retourne... »
Eddie n'eut pas à en savoir davantage. A peine se rappela-t-il cette information qu'il en resserra vainement sa prise. Il eut peur oui, mais fit également confiance au club des ratées. Il fit confiance à Richie.
« T'inquiètes pas. On va l'buter cet enfoiré d'clown ! » Rétorqua-t-il dans un regard complice.
Tozier hoqueta un rire nostalgique. Puis regarda ses mains tremblantes devant lui.
« Eds... ? »
Le susnommé tourna lentement son visage. Et dans un regard, permit à son interlocuteur de continuer. Leurs doigts furent entrelacés ; tel que ce geste pourrait pour toujours les réunir.


« Faut que je te le dise, si jamais on crève aujourd'hui... J'ai baisé ta mère. »

Annotations

Vous aimez lire Grimm ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0