Les yeux rivés sur le ciel azur, il le voit.

Immobile sur le goudron encore chauffé par le soleil, il fixe en silence l'éternité qui se dresse devant lui. Son propre sang perle sur son visage. Coule jusqu'à sa bouche serrée et finit par s'écraser au plus profond de sa gorge. Il n'en fait que peu attention.

Puis, une larme s'échappe furtivement de son œil. Elle roule lentement vers sa tempe, avant de s'écraser sur le sol. L'endroit est devenu si calme, si paisible...

D'une nuit chaude et agréable d'un été ensoleillé, s'en résulte son dernier voyage. 
Ses yeux toujours fixent vers les nuages qui composent ce paysage, il oublie peu à peu la violence des coups qui l'ont brisé. La douleur provoquée par ses membres endoloris semble elle aussi s'enfuir, à mesure que son âme suit -elle aussi- le même chemin.

C'est donc ici, dans cette rue où résonne sirènes et cris, qu'il s'éteignit. Son corps tuméfié par la violence dont il a été victime. Par le choix de son orientation sexuelle, il a été sacrifié. 
Il en a payé le prix ; celui de sa propre vie.

Sa dernière pensée se tourne naturellement vers l'homme qui l'aime. Maudissant ses assaillants de le convier aussi expressément à son dernier voyage. 
Enfin, rapidement, il libère son dernier souffle. Les yeux toujours rivés sur les étoiles dégagées, son cœur toujours épris de cet homme qui l'adule.