Welcome to the loser's club, you mullet wearing asshole !

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Son bras était lâche, engourdi. Il ne pouvait faire un seul mouvement, même contracter ses pauvres doigts était devenu impossible. Son assaillant se contentait de lui grogner plusieurs petits gémissements. Richie souffla une nouvelle fois d'agacement tout en essayant de repousser son ami, en vain. Celui-ci était déjà parti dans un sommeil réparateur depuis longtemps et son corps lâche fut impossible à déplacer seul.

Le myope, résigné et silencieux, s'assit rapidement sur le vieux divan en cuir noir. Ses yeux étaient gonflés par la fatigue. Son cœur semblait tonner vite en lui -étrangement puisqu'il n'avait fait aucun effort physique depuis plusieurs heures. Etant pratiquement sur de ne pas pouvoir trouver le sommeil de suite, il se leva péniblement du lit. Les jambes lourdes, il arpenta avec ennui la petite pièce afin d'aller chercher son téléphone dans la poche arrière de son Jean habilement étalé au sol. Déballant également un paquet de tabac, il en sorti une cigarette alors qu'il déverrouillait l'appareil. Ce fut alors qu'il vit un nouveau message plutôt intriguant, à la vue qu'il était récent malgré l'heure tardive. D'un sourire curieux, il se mit à lire la petite note tout en s'emparant de son blouson posé à côté. « Tu tombes bien toi, j'ai pas sommeil » Pensa-t-il alors qu'il déposait le petit appareil électrique à sa place initiale. Puis, il tomba une nouvelle fois le regard vers la personne étendue sur son lit.

Stan ronflait assez fort, cassant par intervalle régulier le silence de leur chambre reculée. Richie rigola légèrement à la vue de son ami inerte. Celui-ci ne tenait jamais bien l'alcool. Alors, ce n'était pas difficile à deviner lorsqu'il avait fumé. Quelques heures auparavant, il avait fini par s'écrouler sur le matelas après s'être senti étrangement mal. Mais le grand brun à lunettes en était persuadé : Il en était pas la cause. L'autre était maintenant majeur et n'avait qu'à assumer ses choix. C'était déjà tout vu qu'il ne pourrait s'empêcher de se moquer de lui dès son réveil.

Mais pour l'heure, Richie mit rapidement ses chaussures avant d'enfiler un simple T-Shirt aux motifs quelque peu douteux. Il s'engouffra alors dans le long couloir qui menait vers l'entrée de l'établissement tout en se coiffant rapidement au passage. Les mains dans les poches il arpentait les recoins du lieu où il se trouvait, tout en s'accommodant à trouver le bon prix des œuvres d'arts qu'il voyait. La maison dans laquelle il séjournait devait être immense, sans même parler du terrain à l'extérieur. La décoration était tout de même assez sobre même si certaines sculptures pensaient à rappeler dans quel monde vivait maintenant Ben. Pour preuve ; Richie aurait pu se perdre plus d'une fois entre ces murs.

Mais par un certain miracle, le comique avait tout de même réussi à retrouver le chemin de la sortie. Et ce fût alors qu'il dévalait lentement les marches du petit escalier extérieur qu'il la vit, assise dans la pénombre. Recroquevillée sur elle-même, une tasse fumante sur ses genoux.

« Bah alors princesse ? On est toute seule dans la nuit noire, on n'a pas peur du clown ? Rompit brutalement Richie tout en se rapprochant d'elle. Il avait utilisé la voix de Pennywise, se forçant à apparaître menaçant.

- Beep-beep Richie »

Mais sans même prendre attention à sa réponse, celui-ci s'installa sans un mot aux côtés de la jeune femme. Elle tremblait légèrement, les lèvres retroussées. Cela amusa le grand brun qui vint alors lui passer le bras gauche autour de sa nuque tendue.

« Alors, alors, alors... On arrive pas à dormir apparemment ? J'comprends totalement. Moi aussi, si j'avais un homme tel que moi-même coincé dans la même maison que moi tout le week-end : Je serai alors voué à une profonde tristesse de savoir que je n'peux l'avoir ! »

Beverly rigola de dépit devant un Richie qui ne s'arrêtait plus de déballer des conneries, plus grosses les unes que les autres. Il avait maintenant adopté la voix d'un de ses personnages récurrents de son spectacle. Un bon moyen qu'il avait adopté afin de faire baisser un peu la pression chez son interlocutrice.

« T'es lourd Rich'... Vraiment. Commença alors la jeune rousse, toujours légèrement hilare. Mais merci d'être venu.

- À ton service ma belle. Et puis je sers à quoi moi sinon si j'peux pas dire d'conneries ?

- J'dis pas que tu ne pourrais pas fermer ta gueule de temps en temps. Ponctua-t-elle dans un regard de persuasion. Mais ça fait partie de ton truc, c'est aussi pour ça qu'on t'aime... »

Son ton avait été des plus normaux alors que son ami se contenta d'approuver ses dires par un hochement de tête positif. Elle en ria une seconde fois, buvant une nouvelle gorgée de son café serré.

« T'es sûr que c'est une bonne idée une tasse à c't'heure-là ? Demanda finalement Richie, allumant par ailleurs la cigarette bloquée contre ses lèvres.

- Je n'arriverai pas à dormir t'façon. Tous les préparatifs, tout ça, c'est... C'est trop gros... »

Sa voix était cassée et son visage ne bougeait pas d'un pouce. Richie profita de l'immobilité de celle-ci pour prendre à part le plaid qu'elle avait déposé sur ses épaules. Il s'y engouffra sans aucune pointe de délicatesse, la brusquant volontairement. Tout en se prenant une légère tape sur le front au passage.

« J'te comprends. Ben est vraiment trop canon en plus ! » Plaisanta-t-il d'un ton rêveur, retirant une grimace d'exaspération à la jolie jeune femme avant de renchérir tout aussi vite.

« Non, j'vais être sérieux. Mais profite parce que j'vais m'contenir un moment. Donc, ça peut que je sois un peu chiant après. Enfin, bref... Tu n'as pas à avoir peur Bev. Même si c'est normal que tu aies peur... C'est énorme ce genre de truc. Mais tu as traversé tellement d'autres choses plus compliquées dans ta vie que ce jour-là. Sérieusement, si on y réfléchi, ce qu'on veut à un mariage, c'est fêter « l'amour » non ? Alors pourquoi ce serait si compliqué ? Tout ce que tu as à faire c'est : Venir, dire oui, sourire à des personnes à qui tu n'as aucune envie de sourire (il souffla la phrase « La Mère d'Eddie » rapidement) et baiser tout le temps suivant pour la nuit de noce. Ça n'a pas l'air bien compliqué... »

Beverly s'était finalement totalement détendue, rigolant de bon cœur aux côtés d'un Richie intérieurement fière de lui.

« Et puis, t'épouses Ben quoi Bev' ! Conclut-il vivement, levant les bras au ciel de façon exagéré. Regarde où il vit merde ! Et puis, regarde ce corps parfait. Si tu veux, j'te remplace.

- Ouais c'est ça, fantasme sur mon mec. Mais tu s'rais d'accord d'me passer Eddie toi ? Demanda finalement la rouquine d'un air de défi. Richie releva un sourcil, hésitant l'espace d'une seconde à répondre.

- Non. Mais t'en fais pas, j'vais garder les deux ! De toute façon, t'as aucune chance avec Eds... Souffla celui-ci dans un rictus amusé. T'sais c'qui excite Eddie, c'est soit les grands bruns à lunettes un peu lourds ou bien les femmes obèses de 180 kilos surprotectrices ! »

Un nouveau rire cristallin vint percer le silence de la cour déserte, arrivant jusqu'aux oreilles d'un jeune quarantenaire sorti précédemment de la grande bâtisse. Il laissa échapper une insulte envers son compère à lunettes avant de finalement sourire, les mains dans les poches.

« Tu rigoles mais il a été amoureux d'moi aussi ! Rappela Beverly tout en levant son index face à eux.

- On était tous amoureux d'toi. Répliqua aussi sec Richie. Mais avec toi, c'était encore différent... Tu as été encore bien plus. Le réveil de notre libido !

- Ouais bah, pas besoin de me dire à quoi tu fais référence Rich'. »

Ce n'était qu'une plaisanterie mais elle permit à Richie de rire franchement. Sous les yeux -non moins attendris - d'un insomniaque tapis dans l'ombre.

☽ ☾

Le toc se produisit une première fois, puis une seconde. Cela eut pour conséquence directe d'arracher un violent râle de frustration de la part du plus vieux. L'autre peinait à tenir le rythme sous lui, couvrant ses gémissements dans la chemise à moitié débraillée de ce dernier. Enfin le dernier coup sur la porte se fit entendre, venant briser les faibles échos résonnants dans la petite chambre.

« Bordel ; Richard Tozier et Edward Kaspbrak Merde ! Hurla Bill, la voix émanant du petit couloir extérieur, séparé derrière une porte verrouillée.

- Deux... P'tites... Secondes... »

Ce n'était qu'un souffle à peine audible alors que Richie s'attardait à des pénétrations de plus de plus intenses. Son amant ne sut comment couvrir son excitation latente et implosa, involontairement. Il se mit à hurler, si fort qu'il en détacha un rire nerveux à son partenaire. Finalement, il le laissa se déverser entre leurs deux corps, se retirant par ailleurs lentement. Eddie lui suffoquait, rouge de honte. Car plus les minutes défilaient, plus il se rendait compte de la présence de Bill derrière la porte. Et de son orgasme récent également.

« C'est bon, c'est bon. On arrive ! Brailla alors Richie, se servant d'un mouchoir trouvé dans la salle de bain au préalable afin d'essuyer le liquide chaud de son hôte coulant le long de son bas-ventre. Vous l'avez cherché aussi à changer les chambres la veille du mariage. Quel idée d'merde quand même...

Il avait grogné ses paroles alors qu'il remettait correctement sa chemise dans son pantalon. Eddie s'était finalement relevé et s'habillait, toujours un peu perdu. Il n'avait toujours pas abandonné ses couleurs, les joues cramoisies.

- Fallait au moins qu'tu ailles au bout d'ta jouissance Eddie-Chou ... Siffla finalement Richie tout en se rapprochant lentement de son cadet, avant de lui faire parvenir un chaste baiser.

Le plus petit ne bougea pas, souriant niaisement. Il ne savait trop quoi en penser, si il fallait regretter ce moment ou non. Mais Richie pouvait se montrer assez persuasif quand il le désirait.

- Allez, bouge toi l'cul par contre ! Bill me fait pas peur, mais Bev j'te dis pas... »

Pressant le pas, le plus vieux ouvrit enfin la porte sous les yeux ahuris du jeune auteur. Celui-ci jeta un regard furtif à un Eddie qui semblait plus que dans l'embarrât.

« Merde Eddie... J'pensais que toi t'avais la tête sur les épaules ! Vous êtes les témoins de Ben et Beverly j'vous rappelle. Alors si vous êtes en retards, on est tous morts. » Lâcha alors Bill, détournant le regard du torse découvert de son vieil ami confus. Ce dernier se rhabillait péniblement, ne sachant vraiment si il devait avant tout se recoiffer. Auquel cas, il faisait les deux. Seul Richie semblait arborer une moue naturellement heureuse.

« Bon. Eh bien, on y va à ce mariage ? »

☽ ☾

« Et puis tu vois... Il y a toujours des petites grosses tristes comme ça, qui viennent sans être accompagnées. Avec un regard perdu... Continua le comique, la bouche encore moitié pleine d'un toast ingurgité plus-tôt.

Eddie lui levait les yeux au ciel devant ce spectacle consternant. Ben, Stan, Bill, Beverly et Mike quant à eux, peinaient à retrouver leur souffle. Les deux nouveaux époux avaient finalement changé leurs vêtements pour d'autres plus confortables. La journée s'était plutôt rapidement déroulée pour Beverly qui avait eu moins la bonne idée de choisir Richie comme témoin. Elle avait donc pu oublier son stresse au fur et à mesure que le temps passait et que le grand bigleux amassait des blagues graveleuses. Et dès à présent, elle profitait pour de bon de son mariage réussi.

Ben était quant à lui émerveillé, se mariant finalement avec son amour de jeunesse. Un peu alcoolisé, il riait à peu près à tout ce qu'on lui disait. Sans pour autant délaisser la jeune femme du regard. Bill et Stan avaient repris le court de leur vie avec succès, leurs femmes à leurs bras. Mike était le seul à être célibataire, mais s'en contentait. Il venait lui-même de reprendre sa vie mise sur pause vingt-sept ans auparavant. Il fallait qu'il se cherche intérieurement. Richie et Eddie n'avaient pas véritablement changé. Seul l'hypocondriaque paraissait plus faible, plus fatigable. L'accident l'avait amoché sérieusement. Il ne pouvait plus tenir le rythme très longtemps, obligé de se reposer toutes les trois heures. Il en avait conscience : Plus rien ne serait comme sa vie d'avant. A la seule différence que Richie était présent.

Le comique n'avait pas changé son comportement, accentuant les blagues en espérant le voir rire. C'était devenu son combat quotidien et cela lui plaisait. Malgré l'étendu des conséquences que « Ça » avait engendré, il était heureux.

« Allez... Au lieu de raconter des conneries, danse avec moi grand con ! Invita Beverly, espérant offrir un peu de tranquillité à un Eddie beaucoup trop usé. Tu f'ras moins le malin par ici.

- Ouais, et toi Eddie, tu viens avec moi ! J'veux danser avec mon témoin le jour de mon mariage. Siffla également Ben tout en posant son verre et s'emparant des bras de l'asthmatique.

- Non mais tu as vu ça Eds ? On nous fait se séparer parce qu'on leur vole la vedette ! Ils sont jaloux... »

Richie avait répondu en braillant d'une expression consternée. Mais tout de même, il accepta l'invitation de son amie. Eddie lui, ne bougea pas. Même si Ben était de confiance, les deux n'étaient pas homosexuels et un duo lui sembla vite comme une idée inquiétante. Le regard de celui-ci lui parut cependant totalement inverse. Il était bienveillant, comme pour signifier que ce fut plus une preuve de respect. Il lui prouvait sa fierté dans tout ce que l'ancien enfant peureux avait pu accomplir. Notamment, assumer tomber amoureux d'un homme.

« C'est bon, j'suis dans la merde... Pesta alors Richie, se réfugiant dans les bras de la styliste. Regarde, il m'a d'jà oublié ! »

Sur cette parole les deux couples se dirigèrent chacun vers la foule, se mêlant aux autres personnes. Même si il ne purent être invisible très longtemps. Ben s'amusait en silence des réactions des autres invités, pour la plupart amusées, d'autres consternés. Il tâchait de tenir une cadence douce, accompagnant l'accidenté dans ses trajectoires. Celui-ci vouait un effort mais se plut dans cette situation. Il vouait la gratitude de son ami et souriait, répondant aux paroles moqueuses du marié.

Quant à Beverly, elle était étonnement calme. Son ami n'avait pas émis le moindre mot depuis qu'il était dans ses bras. Il la portait légèrement comme une poupée de chiffon, sa tête posée contre son épaule. Il avait toujours été très proche de Marsh. Comme une connexion indescriptible. Il se sentait bien dans ses bras, bercé par le son de la mélodie constante.

« Tu sais Rich' ? J'suis vraiment heureuse de faire partie de la bande des ratés... Lui chuchota-t-elle timidement à l'oreille, venant rompre la plénitude. Et je suis encore plus fière de toi.

- Normal, j'suis incroyable comme gars. Rigola-t-il alors, resserrant sa prise autour de la silhouette frêle. On est tous les sept incroyables. »

Il avait chuchoté sa dernière remarque tout en jetant un regard vers l'autre duo. Beverly fit rapidement de même tout en notant le sourire de son aîné dans son mouvement. Puis, prise d'un petit rire étouffé, elle s'avança vers eux. Richie se mit à suivre sans vraiment comprendre.

« Salut toi... Voilà, j'danse avec ce gars depuis cinq minutes mais il ne fait que d'me parler d'toi. Il voulait savoir si il pouvait t'inviter à danser ? » Demanda alors la jeune femme tout en offrant la main du plus grand à un Eddie surprit.

Richie n'avait pas dit un mot, bloqué par une panne d'inspiration soudaine. Comme si par sa simple présence, Eddie le plongeait dans un certain état. Mais comme pour surfer sur cette tranquillité, le plus jeune lâcha sa prise avant d'accaparer la main qu'on lui offrait. Puis il se colla à lui, ne rompant en aucun cas le calme paisible.

Ben lui, ne laissa pas le temps à sa femme de rétorquer. Le prenant doucement dans ses bras, suivant du regard le couple s'égarer vers le milieu de la foule.

Les deux amants étaient quant à eux perdus parmi les invités, ne bougeant quasiment pas. Les yeux fermés, le plus grand ne pouvait réellement réagir à un événement extérieur. Il ne restait plus que l'homme qui logeait dans ses bras. Celui-ci respirait calmement, profitant de cette présence comme pour se régénérer. Comme si le comédien faisait partie de son traitement médical. Les deux ensembles ne formait plus qu'un tout ; comme ils l'eurent toujours été.

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