Chapitre 4

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J’ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je suis dans une grande pièce composée de nombreux lits, six pour être exact. Il y a également une petite porte ouverte sur une genre de petite salle de bain, avec des toilettes et une douche. Une autre porte, plus grande, a l’air d’être l’entrée de la chambre. Je reprends peu à peu mes esprits et plusieurs questions me viennent en tête. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je fais là ? Je me souviens juste de mes parents et de mon frère, de mon enfance heureuse passée avec eux, mais pas de ce qui s’est passé pour que j’atterrisse ici. Je ne me souviens même plus de mon prénom. Je suis dans le flou complet.

Je tente de me lever mais une douleur au dos m’en empêche. Je suis contrainte de me recoucher sur le ventre. Je soupire. Combien de temps vais-je devoir attendre sans bouger ? Ce n’est pas comme ça que je vais trouver une réponse à mes questions. Un bruit de porte me sort de mes pensées et je ferme les yeux, ayant peur de me tourner vers celui ou celle qui vient d’entrer.

J’entends quelqu’un se diriger vers moi et je prends peur. Que me veut-on ? Va-t-on me faire du mal ? J’aurais aimé me cacher mais je ne peux pas bouger et je suis désormais entre les mains d’un inconnu. Que dois-je faire ? Attendre sagement au risque de subir ? Bouger et me défendre ? De toute manière, même si j’essayais, j’aurais trop peu de force donc je ne pourrais pas faire grand-chose.

Une main se pose sur la mienne, me faisant frissonner. J’ai l’impression que c’est la fin et que je vais mourir, là, maintenant. J’aurais voulu m’enterrer six pieds sous terre pour échapper à cette personne. Elle semble cependant prendre mon pouls. J’entends un soupir retentir et quelqu’un s’assoit sur le bord du lit.

— Ils n’ont vraiment pas été tendres avec toi, n’est-ce pas ? retentit une voix masculine tandis que je frissonne.

J’ouvre les yeux pour me tourner vers elle, me redresser et poser les pieds sur le sol. Je m’apprête à fuir, ignorant ma douleur, mais elle me retient par la main.

— Attends, je ne te veux aucun mal et je te promets que je ne te ferai rien, m’assure un jeune homme d’un ton doux.

— Qui…Qui es-tu ? demandé-je complètement terrifiée.

— Je m’appelle Kylian, j’imagine que tu ne te souviens plus de rien, répond-il simplement.

J’acquiesce et je ne sais plus quoi dire. Suis-je censée me méfier ou non ? En tout cas, il ne semble pas juger mon inquiétude et a même l’air habitué à vivre ce genre de situation.

— C’est normal, ne t’en fais pas. Au début, on était tous comme ça. Et ne t’inquiètes pas pour ton prénom, je ne me suis jamais souvenu du mien, mais tu t’habitueras vite à ton nouveau quand tu l’auras choisi, m’explique-t-il en souriant.

Je fais une nouvelle fois signe que j’ai compris et il m’aide à me rallonger pour éviter que j’empire l’état de mon dos. Il pose ensuite son regard sur mes quelques bandages.

— Comment te sens-tu ? Tes blessures ne te font pas trop mal ? demande-t-il gentiment.

— Un peu mais je dirais que ça va, réponds-je d’une voix faible.

— Tu as dû faire quelque chose qu’ils n’ont pas aimé pour te retrouver dans cet état. Ils ne font pas subir n’importe quelle punition à n’importe qui, tout est calculé. Mais malgré ça, j’espère que tu vas supporter ta nouvelle vie, enchaîne-t-il d’un ton sérieux.

— Je suis où exactement ? demandé-je avec crainte.

— Dans un camp de travail, mais les horaires sont corrects et on est nourris et logés. On n’est pas malheureux mais il faut travailler dur et se tenir à carreaux, tu vas devoir t’y faire toi aussi, m’explique-t-il.

— Je vois. Au fait, pourquoi je ne me souviens plus de rien ?

— Ça, je n’en sais rien, on était tous amnésiques quand on est arrivés ici, souffla-t-il.

— Je vois… Et pourquoi tu es venu me voir ? tenté-je avec hésitation.

— Je dors dans cette chambre moi aussi, avec quatre autres personnes du camp. Tu es nouvelle parmi nous et à vrai dire, on s’inquiétait un peu pour toi. Quand ils t’ont amenée hier soir, tu étais dans un sale état et avec les autres, on avait peur de ne pas réussir à te soigner. Mais pour une fois, les autorités nous ont fourni le nécessaire. On espérait que tu te rétablirais vite et apparemment, tu as l’air d’aller mieux, conclut-il en souriant légèrement.

— C’est vrai, merci beaucoup, confirmé-je.

Il me répond d’un air joyeux et me dit qu’il va y retourner mais qu’il m’amènera de quoi manger dans quelques heures. J’acquiesce et le remercie une nouvelle fois avant qu’il ne quitte la pièce. Le sommeil m’emporte rapidement et j’ai beau me sentir mieux qu’à mon réveil, je suis épuisée.

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Lorsque je me réveille, je vois que trois personnes, dont Kylian, sont dans la pièce. Je peux mieux la visualiser maintenant que je suis plus réveillée. Elle est composée de cinq lits, dont le mien, et d’une petite pièce qui doit faire office de salle de bain pour faire sa toilette le matin et le soir. Quand le jeune homme me voit consciente, il se dirige vers moi et pose un bol sur ce qui me sert de table de chevet. Je tente de me redresser maladroitement et il m’aide à prendre appui sur la barre du lit en faisant attention à ce que je ne me fasse pas mal. Il me tend ensuite le plat que je prends en souriant légèrement.

Je le remercie et commence à manger lentement sous le regard des trois compagnons de chambre. Une fois mon repas terminé, je repose le tout et regarde ceux que je ne connais pas d’un air gêné. Eux me sourient simplement et s’approchent un peu de moi pour s’asseoir sur le lit à côté du mien. Ils semblent attendre patiemment que je parle la première.

Il y a un jeune homme et une jeune fille ce qui, je dois l’avouer, m’intimide un peu. J’hésite à parler et ils semblent tous les trois l’avoir remarqué. La fille se lève donc pour venir vers moi et me tendre sa main en souriant.

— Salut ! Moi c’est Jaade, enchantée ! dit-elle avec enthousiasme.

— Salut ! Enchantée, moi c’est… commencé-je en lui serrant la main pour ensuite me stopper en soupirant.

— Ne t’en fais pas, demain tu pourras choisir un nom, tente-t-elle de me rassurer.

— Merci, souris-je timidement.

Suivant l’élan de son amie, le jeune inconnu se lève à son tour et nous nous serrons la main.

— Moi c’est Nolan, ravi de te rencontrer ! sourit-il sincèrement.

— Ravie également ! lui réponds-je sur le même ton.

Alors qu’il s’apprête à dire quelque chose, la porte de la chambre s’ouvre pour laisser entrer une deuxième fille qui, quand elle me voit réveillée, se précipite vers moi pour prendre un air gêné.

— Je suis désolée, je pensais être de retour avant que tu ne te réveilles mais apparemment, tu as été plus rapide que moi, bafouille-t-elle, semblant ne pas savoir où se mettre.

— Ne t’inquiètes pas pour ça, souris-je légèrement amusée.

— Ah mais j’en oublie les politesses ! Je m’appelle Enora, me dit-elle en tendant sa main que je prends.

Après nous être saluées, elle regarde les autres qui semblent l’interroger du regard. Après quelques secondes, ils soupirent tous.

— Enora, où est Elliott ? la questionne Jaade, semblant désespérée.

— Il a dit qu’il arrivait, il avait quelque chose à terminer, répond-elle sur le même ton que son amie.

Qui est cet Elliott ? Le dernier locataire de cette chambre ? En tout cas, ils ont tous l’air très gentils pour l’instant et ça me rassure un peu. Moi qui pensais arriver dans un endroit où personne ne ferait attention à moi, c’est l’inverse, et ça me fait du bien de savoir que mon état les préoccupe. Au moins, ils ne sont pas fermés et ils sont là les uns pour les autres, enfin, j’imagine.

Je suis cependant inquiète pour mes parents et mon frère, où sont-ils passés ? Je suis sortie de mes pensées lorsque la porte s’ouvre et les quatre jeunes adultes semblent rassurés.

— Elliott, qu’est-ce que tu foutais ? demande Kylian d’un ton un peu accusateur.

— J’étais allé demander de quoi soigner un peu mieux la nouvelle, répond-il.

Il s’avance dans la pièce et quand je peux enfin le voir, je sens une violente douleur parcourir mon dos et ne peux m’empêcher de lâcher un petit cri. Ils se retournent tous vers moi et le nouvel arrivant se dépêche de me rejoindre pour poser les affaires à côté du lit. Kylian me recouche doucement sur le ventre et je me laisse manipuler, n’ayant de toute façon plus la force de faire quoi que ce soit.

Je ferme les yeux pour sentir qu’on remplace mes bandages et je finis par m’endormir dans cette position. Pourquoi ai-je réagi de cette manière ? Et mon corps va-t-il se rétablir ou vais-je devoir rester allongée sur ce lit pendant plusieurs jours ? Mes compagnons de chambre semblent s’inquiéter pour moi mais j’ai peur que cela leur cause du tort auprès des autorités.

Kylian l’a dit lui-même, si je suis dans cet état c’est que j’ai fait quelque chose de grave et à vrai dire, ça m’angoisse. Je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à qui que ce soit par ma faute. Peut-être qu’au final, c’est mieux que je sois loin de ma famille, comme ça ils n’ont pas à me voir dans cet état et ils ne s’inquiètent pas pour moi.

Tant de questions fusent dans ma tête que j’ai l’impression qu’elle pourrait exploser à n’importe quel moment. Je veux trouver des réponses mais je n’y arrive pas. C’est presque comme si une force inconnue m’en empêche et fait tout pour que je reste dans le flou.

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