Chapitre 3 : Les aventures du Renard Clair de Lune - Récit d'un crime parfait ( - Partie 3 et Fin)

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Le jour allait bientôt se lever. Celica devait gagner un maximum de temps pour pouvoir espérer trouver la Plume et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Elle était rusée, elle savait qu’elle devait le laisser terminer son histoire. Mais elle ne savait pas à quoi lui pouvait l’être. Depuis son oreillette, Alpha n’arrivait à entendre tout ce qu’il se passait, la connexion ayant été apparemment brouillée. Elle était donc livrée à elle-même, face à ce fou aux ailes d’oiseau.

« Pour commencer, je sortirai de Palandria pour acheter mon poison, ne permettant pas à la police locale de faire le rapprochement entre un producteur local et le poison, et par extension moi. Je passerai donc la frontière, en règle, et achèterai mon arme, en assez petite quantité. Pas trop, mais juste assez pour tuer. Ce sera également important pour le voyage de retour et le passage par la douane à nouveau. Je pourrai facilement cacher mon poison, dans n’importe quel endroit de ma voiture, un endroit où ils ne penseraient jamais à aller chercher, tu vois. Je serai à nouveau à Palandria, ni vu ni connu, avec ce qui satisfera mes pulsions criminelles.

-Il faut vraiment être un sacré tordu pour penser à ce genre de chose, s’exclama Celica. Vous pensez tellement être au-dessus des lois, que rien ne vous arrivera. Vous vous trompez.

-Bien sûr, très chère que je me crois au-dessus des lois. La justice est si facilement contournable de nos jours, si facilement corruptible. Mais écoute la suite de mon histoire, avant de t’emballer. Quand je te disais de choisir ma victime au hasard, je partirai en train dans une ville que je ne connais pas et où je n’ai jamais mis les pieds avant. Je ferai une ronde de la ville afin de voir s’il n’y a pas une maison vide, dont les propriétaires seraient partis en vacances, en weekend, ou pour la journée seulement. Je m’infiltrerai alors chez eux mais je ne volerai rien, afin de ne pas attirer l’attention à leur retour. Je ferai également en sorte de ne pas rentrer par effraction, mais de passer par une fenêtre ou de créer un double des clés moi-même de la maison, ce qui est plus facile à faire soi-même qu’on ne le pense. Dans tous les cas, je me débrouillerai. Je serai dans leur maison, sans déranger quoi que ce soit, muni de mes gants porte-bonheurs je me dirigerai vers leur réfrigérateur et je placerai du poison un peu partout dans leur nourriture et dans leur boisson puis j’attendrai que cela se passe.

-C’est horrible, murmura Celica.

-C’est la dure loi de la nature.

-Non. Personne ne mérite de mourir par hasard, en mangeant avec sa famille. Et si votre plan ne marche pas ? S’il ne meurt pas ? Ou s’ils ne mangent pas ce qu’ils ont dans leur réfrigérateur ? Qu’est-ce que vous ferez ?

-Connais-tu réellement des familles qui ne boivent pas et ne mangent pas ce qu’il y a dans leur réfrigérateur ? rigola la Plume. Et en admettant que cela ne marche pas, je peux recommencer tout cela encore et encore, jusqu’à ce que cela marche.

-Et passer la frontière plusieurs fois ? C’est sûr que ce genre de choses n’attirent pas l’attention, rigola à son tour le Renard.

-Mais ce genre de choses ne risque pas d’arriver. Je me suis assez renseigné pour être sûr de tuer le premier coup. Suite à cela je partirai, loin, très loin. À l’étranger, parcourant la terre entière. Cette famille ne sera pas encore morte que je serai déjà enfui.

-Belle preuve de votre culpabilité.

-Admettons qu’ils soient déjà remontés jusqu’à moi à ce moment-là, qu’est-ce qui peut bien m’arriver ? N’oublie pas une chose ; je suis la Plume. Je ne suis personne aux yeux de l’État, tout comme toi. Si j’ai pu devenir la Plume, je peux devenir quelqu’un d’autre comme je veux, autant de fois que je veux, rien qu’en claquant les doigts. Et c’est dans des moments comme ça ma chère Celica que l’on a raison de se penser au-dessus des lois, tu vois. »

Tout semblait si bien penser, dans les moindres détails. Il avait raison ; aux yeux de tous il était invisible, s’il disparaissait il resterait autant de choses qu’avant son départ : rien. Les gens comme eux ont leur identité et c’est tout. Aux yeux de la loi ils sont déjà des criminels, mais ils sont inconnus sous leur véritable identité. Alors, peut-être son plan pourrait-il marcher ?

« Comme je te l’ai précisé tout à l’heure, l’excitation de me faire arrêté m’envahit quand même, bien que je compte commettre le crime parfait. Ce qui est assez paradoxal, pour dire vrai. Toujours dans l’éventualité où les forces de l’ordre arriveraient à remonter jusqu’à moi j’ai décidé d’utiliser mon véritable nom quelques fois lors de mes voyages. Ainsi, une fois sur deux, voire trois environ, je voyagerai sous mon vrai nom, les laissant croire qu’ils pourraient alors un jour me mettre la main dessus. Et ça, je dois bien l’avouer, c’est purement diabolique. »

Il y eut un silence général, la Plume ayant enfin terminé de raconter son incroyable récit. Celica comprit alors qu’elle n’arriverait pas à gagner du temps plus longtemps et qu’elle devait agir vite, localiser à tout prix où se trouve la tanière de la Plume. Au lieu de ça, le Renard Clair de Lune se contenta d’applaudir.

« Bravo. C’était une très belle histoire que vous venez de me raconter, vraiment passionnante. Ça ferait un super récit, je vous assure. Malheureusement pour vous, je ne peux pas vous laisser vous en sortir comme ça, aussi facilement. C’est bien gentil de m’avoir raconté tout ça, mais ce crime parfait dont vous m’avez tant vanté les mérites n’aura le mérite de ne rester qu’une fantaisie dans votre esprit. J’irai voir la police, je leur raconterai tout, et je vous amènerai à eux, puis vous croupirez le reste de votre vie en prison. »

Un effroyable éclat de rire raisonna dans l’église, alors que la nuit allait bientôt s’achever. Ce rire glaça le sang de Celica, tant il en était terrifiant. Elle se tut, ravala sa salive et continua de chercher du regard, toujours en vain.

« Je t’aime bien, tu sais. Tu es une jeune fille très courageuse, il faut bien l’admettre. Mais penses-tu réellement que si je t’ai raconté tout cela c’est parce que tu as un quelconque pouvoir sur tout ça ?

-Comment ? Je…, bégaya-t-elle.

-Tu es une criminelle à leur yeux, tout autant que moi. Comment vas-tu leur expliquer tout ça ? Est-ce qu’ils te croiront réellement ? Si tu leur dis ça en tant que Celica Fox, ils ne te croiront jamais ou te demanderont comment tu as eu cette information. Et que vas-tu répondre ? Vas-tu leur dire que tu es le Renard Clair de Lune ? Je pense qu’ils seront ravis de savoir que tu t’es enfin jetée dans la gueule du loup, après tout ce temps où ils t’ont recherché. Et même si tu leur envoies un message, penses-tu qu’ils me suivront moi, réellement ? Non, ce serait stupide de penser ça. Ils auraient enfin la possibilité de t’attraper, ils ne vont pas se mettre à rechercher quelqu’un d’introuvable dans le monde, tu ne penses pas ? La seule personne sur qui tu peux compter, c’est toi Celica. Seule toi peut m’arrêter. Et tu ne bénéficieras d’aucune aide pour cela, malheureusement pour toi. C’est le défi de ta vie Renard, et j’ai décidé que tu serais la seule à avoir la chance de m’arrêter. Tes exploits m’ont toujours impressionné, je dois bien te l’avouer. Surprends-moi à nouveau.

-Vous le saviez, depuis le début. Cela faisait parti de votre plan, dans votre crime parfait. Vous dénoncer, sachant que vous ne tomberez jamais.

-Je pensais que tu ne comprendrais jamais, ricana la Plume. Bienvenue dans mon monde, Renard. »

Une musique commença à retentir dans l’église, comme si tout avait été prévu et minutieusement réfléchi pour qu’elle se mette en route à ce moment-là. Il n’avait pas menti quand il disait connaître Celica ; il avait bien entendu mis en route la sonate au clair de lune de Beethoven. Cette fois encore, elle annonçait un événement tragique.

« Tu vois, Renard, j’ai un peu triché, je l’admets. J’en suis sincèrement navré, j’espère que tu le comprends bien. Le poison est déjà en place. Et ce n’est plus qu’une question de temps avant que les humains que j’ai choisis ne meurent tragiquement, lors de leur souper.

-Sale ordure ! grogna Celica.

-Je te remercie du fond du cœur Celica, pour le temps que tu m’as accordé cette nuit. Et vu que je suis joueur nous allons jouer à un nouveau jeu. »

Juste après avoir dit cela, Celica sentit quelque chose arriver dans son cou. C’était une fléchette. Elle se sentit mal tout à coup, sa tête tournait et elle n’avait plus qu’une envie : dormir.

« Fais de beaux rêves, Celica. Essaye de m’arrêter si tu le peux. »

Celica s’effondra par terre, devant l’autel, ses yeux presque endormis. Elle aperçue alors la Plume marcher vers elle tout doucement et en ricanant. Mais elle ne pouvait rien faire, elle était impuissante.

« Fais bon voyage et n’oublie pas de penser à moi, mon Renard Clair de Lune. »

Alors que la sonate était toujours jouée dans l’église, Celica s’endormit paisiblement, laissant son corps et sa vie à la merci de son nouvel ennemi.

«

Lors de mon adolescence, j’ai commencé à me passionner, même si je ne pense pas que ce soit vraiment le mot adéquat, à la tempête qui a frappé Palandria toutes ces années auparavant. J’étais beaucoup trop jeune pour me rappeler de quoi que ce soit, des dégâts que ça avait fait. Je savais juste que cette nuit-là j’avais dormi comme un bébé et que j’en avais perdu un père. Ce n’était pas un sujet dont les gens parlaient beaucoup généralement. Les trois-quarts de la population palandrienne avait perdu quelqu’un, un membre de sa famille ou juste une connaissance, lors de cette tempête et seuls quelques uns avaient été complètement épargnés par cette catastrophe. Je n’en faisais malheureusement pas parti. C’est pourquoi pendant plusieurs années, les gens ne mentionnaient pas trop cette tempête, faisant remontés de mauvais souvenirs à la surface. Et bien que ce soir fut un moment important dans nos vies, le gouvernement décidait de ne pas en parler non plus et les médias se censuraient eux-mêmes à ce sujet.

Je venais d’entrer au lycée, me disant que j’allais avoir une nouvelle vie. Je ne connaissais toujours pas la sonate au clair de lune à l’époque, pour vous dire que j’étais encore vraiment dans le flou concernant cette soirée-là. Je n’avais pas beaucoup d’amis au début, sauf Alpha, puis les choses se sont faites petit à petit. J’ai eu des petites aventures, un petit ami pendant quelques mois, rien de quoi casser trois pattes à un canard, vous voyez. Je vivais ma vie d’adolescente le mieux que je pouvais et c’est vraiment pour l’instant la meilleure période de ma vie.

Je me rappelle quelques mois après la rentrée avoir lu le journal au petit-déjeuner, parce que je m’ennuyais un peu, je dois bien l’avouer, mais parce qu’il est également important de s’instruire. J’ai tourné les pages, ne sachant pas exactement ce que je recherchais. Je suis alors tombée sur un article mentionnant la disparition de plus d’une dizaine de scientifiques qui était survenue assez récemment et d’une manière assez mystérieuse. L’article précisait également que ces hommes, car ce n’étaient que des hommes qui avaient disparu, étaient des scientifiques présents essentiellement sur Juanusa-City et qui travaillaient déjà à l’époque de la tempête. C’étaient donc des collègues de mon père, des survivants de cette épreuve. Ils ne devaient sûrement pas travailler ce soir-là, évidemment, car tous ceux qui avaient été retrouvés étaient morts et sont désormais enterrés. C’est alors que ça m’a mis la puce à l’oreille. Peut-être pourrais-je retrouver des archives, ou quelqu’un qui saurait quelque chose sur ce qu’il s’est vraiment passé ce soir-là, et comprendre comment mon père est mort, quels étaient ses derniers mots. Peut-être qu’ainsi tout s’éclaircirais.

J’ai donc pris le journal avec moi, le cachant des yeux de mamans pour ne pas qu’elle s’inquiète, bien que l’information viendrait à elle assez rapidement. Je suis parti pour le lycée, pensant bien évidemment à ce que j’avais lu. Cette journée-là, j’ai été assez passive, je dois bien l’admettre. Je n’ai pas vraiment écouté en cours, je n’étais pas forcément très joyeuse. Je pensais beaucoup trop. Alors quand les cours se sont terminés je me suis dépêchée d’aller directement au nouveau laboratoire, qui avait été construit après que l’ancien soit détruit. Je n’y avais jamais mis les pieds encore, je n’avais pas vraiment osé non plus, pour être honnête. Mais j’avais grandit maintenant et il fallait que je sache.

Quand je suis rentré, le bâtiment semblait immense car très vide. Peu de meuble dans le hall, un tapis vert foncé sur le sol et les murs blancs, illuminés par une lumière elle aussi très blanche. Il n’y avait presque personne et le bout du hall s’étendait à perte de vue. Pareil pour la hauteur du bâtiment qui devait bien faire une dizaine d’étages. Je me suis donc dirigée vers la réception, prétendant être une étudiante intéressée par les sciences et qui venait visiter le laboratoire. La réceptionniste n’était pas forcément très aimable, une fille assez jeune qui devait faire ce travail en attendant d’en trouver un autre et qui ne trouvait même pas la force de faire un sourire à ceux qui venaient la voir. Elle appela donc un scientifique, un homme d’environ une trentaine d’années pour me faire la visite. Il était très gentil, assez timide et avait une tête à avoir passé ses soirées d’étudiants à jouer à des jeux-vidéos. Mais il avait effectué la visite de manière professionnelle, ce qui m’avait ravi, me montrant par exemple autant les petites salles inutiles que les grandes où d’autres scientifiques travaillaient, certains étant venus nous saluer, d’autres non. Je n’osais pas aborder le sujet des scientifiques disparus et eux non plus, apparemment. L’ambiance était très spéciale, assez pesante en fait, et je sentais que ce n’était pas le moment d’en parler. Je ne pouvais pas non plus en discuter avec mon cher guide car, étant donné son âge, il n’avait sans doute pas connu l’incident en tant que scientifique, juste en tant que citoyen. Il n’y avait donc pas de raison que je lui demande à lui.

À la fin de la visite je me suis rendu compte que nous avions fait toutes les salles de fond en comble, à l’exception d’une. Une petite porte au dernier étage, dont la couleur était différente à celles des autres portes et qui semblait être un peu à l’écart. J’ai demandé à mon guide pourquoi il ne me l’avait pas montré et m’avait expliqué que cette salle était interdite au public. Cela m’a vraiment intrigué, me disant que s’il y avait quelque chose à propos de cette nuit-là, ça se trouverait sûrement derrière cette porte. Et je n’avais plus qu’une obsession après ça ; c’était de l’ouvrir. Et je savais pertinemment qu’il me serait impossible d’y aller pendant la journée.

Le soir venu je n’ai pas réussi à fermer l’œil de toute la nuit. Je devais y retourner, m’informer, faire le tour de la sécurité. Et j’espérais vraiment que ça vaudrait le coup. Alors bien entendu le lendemain j’y suis retourné, et j’ai demandé à la réceptionniste si je pouvais voir un responsable afin de poser véritablement mes questions, ce que je n’avais pas pu faire hier. Puis un homme est venu, assez âgé. Enfin quelqu’un qui pourrait peut-être m’expliquer ce qu’il s’était passé avec cette fichue tempête. Et son visage ne m’était pas inconnue, j’avais déjà dû le voir quand papa m’amenait avec lui. Au début il me certifia qu’il n’avait pas de temps à m’accorder. Je lui ai donc dit que mon nom était Celica Fox et que c’était important. Il s’est tourné vers moi, bouche bée, sachant ce que j’allais lui demander. Il est parti, n’ayant rien eu envie de me dire. Il avait l’air terrifié, tremblant et je savais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’était décidé. Je reviendrai chercher des réponses par moi-même s’il le fallait et je le ferai la nuit.

Trois jours plus tard, je m’étais enfin décidée à enfreindre la loi et rentrer par effraction dans le laboratoire. S’ils cachaient quelque chose sur la mort de mon père ou la disparition de ces scientifiques je ne tarderai pas à le savoir. Je ne pouvais pas y aller à visage découvert cependant. Je m’étais habillée d’une combinaison noire en cuir qui se trouvait dans mes affaires et que j’avais pu utiliser pour une soirée entre amis et un loup violet, qui rappelait ma couleur préférée. Et oui, c’est ainsi que les prémices du costume du Renard Clair de Lune est né. Je suis alors sortie par la fenêtre de ma chambre et je me suis faufilée dans la nuit, n’ayant qu’un but en tête ; découvrir la vérité.

… »

Le soleil s’était levé depuis désormais plusieurs heures et Alpha ne s’était toujours pas réveillé. Il s’était endormi derrière son ordinateur, la fatigue ayant eu raison de lui. Il avait veillé très tard pour Celica, essayant de la joindre coûte que coûte. Mais à partir du moment où elle s’était retrouvée dans ce clocher, la transmission s’était coupée. Ses tentatives de remise en contact avec son amie ayant lamentablement échoué, il s’était endormi.

Sa mère vint le réveiller aux alentours des onze heures, le trouvant tête dans ses bras, contre la table, endormi devant son ordinateur encore allumé. Ce n’était pas la première fois que cela lui arrivait, sa mère avait l’habitude. Mais ce jour-là était assez différent. Elle venait le réveiller avec une mauvaise nouvelle.

« Alpha, mon garçon, réveille-toi ! », lui dit-elle en le secouant.

Le garçon encore endormi ne compris pas ce qu’il se passait car sa mère ne le réveillait jamais comme ça. C’était souvent plus brutal ou alors elle ne le réveillait pas du tout et le laissait dormir jusqu’à ce qu’il ait pu récupérer sa nuit.

« Madame Fox est ici, elle me dit que Celica n’était pas dans son lit ce matin quand elle a voulu la réveiller. Elle n’est pas rentrée dormir et elle a appelé toutes ses amies, personne ne sait où elle est. Nous pensons bien qu’elle a disparu. »

Alpha se réveilla en sursaut, paniqué. Il descendit les escaliers et trouva Madame Fox, pleurant à chaudes larmes sur le canapé.

« Alpha, dis-moi que toi au moins tu sais où elle est, le supplia-t-elle. Je t’en pris, il ne me reste plus qu’elle. Je sais qu’elle sort parfois la nuit sans me le dire et je l’accepte. Mais elle est toujours rentrée à temps. »

Le jeune garçon se trouva donc devant un cas de conscience : devait-il avouer que Celica était le Renard Clair de Lune et qu’elle s’était probablement faite enlever voire tuer par un étrange homme, ou devait-il mentir à Madame Fox ? Il décida de faire un entre-deux.

« Je ne pourrais vraiment pas vous dire où elle se trouve en ce moment Madame, je suis vraiment désolé. »

Bien que Madame Fox s’attendait à cette réponse, elle espérait de tout cœur qu’il lui répondrait autre chose. Mais force est de constater que parfois les aléas de la vie ne jouent pas en notre faveur. Elle repartit immédiatement, faisant un câlin à la mère d’Alpha, lui disant que si Celica n’était pas rentré d’ici le coucher du soleil elle en informerait la police.

Le jeune homme remonta dans sa chambre, essayant de joindre son amie. En vain. Il n’y avait aucun signal. Il se rappela donc quel était l’endroit où Celica était la dernière fois qu’il avait parlé avec elle. Le clocher. Peut-être qu’il y trouverait des indices.

Environ une heure plus tard, Alpha se retrouva devant le clocher, qui semblait désert. Personne n’avait dû y pénétrer depuis la nuit dernière. À l’intérieur tout semblait normal. Excepté quelque chose sur l’autel, d’une couleur noire et qui ne devrait pas être là normalement. Alpha s’approcha et brandit l’objet. C’était une plume de corbeau.

Il faisait chaud. Très chaud. Et le sable était bouillant également. On pouvait entendre le bruit des vagues siffler dans les oreilles, ce qui était assez agréable. Celica Fox était allongée sur la plage, la tête contre le sable, inconsciente. Elle n’avait plus sa cape et son loup avait disparu également. Elle était à visage découvert. Apparemment, la personne qui l’avait amené ici n’avait pas voulu la déshabiller complètement car il avait laissé une caisse pleine de vêtements sur la plage. Celica était définitivement très loin de chez elle. Elle se réveilla, le latex collant à sa peau et la brûlant à cause du soleil. Elle souffrit réellement et aperçut vite la caisse. Dedans se trouvaient des vêtements qui lui appartenaient réellement. Quelqu’un avait dû rentrer chez elle et les prendre. Elle ne réfléchit pas, se déshabilla et mis les nouveaux vêtements sur elle. Et elle espérait de tout cœur que personne ne l’avait vu faire. Elle se retourna donc vers la mer et pu contempler qu’elle était vraiment loin de chez elle. À vrai dire elle n’était même plus à Palandria car il n’y a pas de plages comme celle-ci à Palandria et encore moins cette chaleur. Elle était sur une île, la plus déserte qui soit.

Enfin, pas si déserte, apparemment. Il y avait une forêt, au bord de la plage qui s’étendait très loin. Une dizaine d’hommes et de femmes en sortirent, prenant Celica par surprise et l’encerclant, pointant chacun d’entre eux leur arme sur elle.

« J’imagine que grâce à toi les choses sérieuses vont commencer, grogna celui qui semblait être le chef et qui tenait un arc dans la main.

-Les choses sérieuses ?

-Tu ne sais pas où tu es ? Tu es ici sur l’île aux promesses et tu es la vingtième participante, apparemment. »

Ils baissèrent tous leur arme et rigolèrent aux éclats. Celica ne comprenait vraiment pas ce qu’il était en train de se passer et essaya de rigoler à son tour, même si celui-ci était forcé.

« On ne voulait pas te faire peur, va. Ça fait toujours plaisir de voir de nouvelles têtes ici. Je m’appelle Ulh, je suis le premier à être arrivé ici. Je peux te dire qu’au début c’était vraiment pas facile facile. Mais Veronica est arrivé, dit-il en désignant la dénommée Veronica, et puis la famille s’est agrandie petit à petit. Bienvenue à toi !

-Merci, je m’appelle Celica.

-Bonjour Celica ! s’exclamèrent tous en chœur.

-Et en quoi consiste cette île aux promesses, au juste ? demanda la jeune fille.

-Je ne sais pas exactement qu’est-ce que nous allons devoir faire, avoua Ulh. Tout ce que je sais c’est que quand je suis arrivé il y avait ce papier avec moi, disant que l’un de nous pourra repartir avec une immunité.

-Une immunité ? s’étonna Celica. De quel type ?

-Je pense que tu ne fais pas exception, si tu es ici, donc je peux te le dire sans problèmes j’imagine. C’est une immunité au niveau du crime. Nous sommes tous des criminels ici et notre but n’est pas forcément de nous racheter, tu vois. Et l’un de nous, à la fin, aura une immunité totale sur ses crimes à venir, pouvant faire tout ce qu’il veut, quand il veut. »

Celica ne fut pas vraiment réjouit d’entendre ça, même si cela semblait être très beau. Elle regarda vers le ciel, le visage fermé, et comprit alors qui l’avait amené ici, se rappelant précisément de sa nuit. Elle ferma le poing et murmura :

« Si tu veux jouer La Plume, nous allons jouer. Et c’est moi qui gagnerait. Je ne sais pas ce que tu manigances réellement mais je t’arrêterai. J’en fais la promesse. »

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