"Il faut que tu contrôles tes émotions".

Facile pour certains, peut-être, quoique j'en doute. Impossible pour moi.

Je suis une éponge. J'absorbe tout. Particulièrement les émotions. Les miennes comme celles des autres.

Lorsque les pleurs me rincent, toutes les émotions ne partent pas. Il reste des résidus. Je ne peux pas m'en débarrasser. On s'y fait avec le temps.

Un rien me touche. Tu pleures, je pleure. Tu ris, je ris. Ce qui arrive aux autres me gêne presque plus que ce qui m'arrive à moi.

Une petite injustice et le monde est à l'envers. Une dispute et tout est terminé. Les larmes abondent et rien ne peut les arrêter.

Les changements d'humeurs constants sont épuisants. Incompréhensibles aussi, parfois.

Pour certains, ce n'est pas une vie. Pour moi, c'est la vie. La preuve que je suis vivante. Je ne suis pas un zombie. Enfin si, ça arrive parfois, quand je veux me protéger. Est-ce la bonne solution ? Je n'en suis pas sûre, ça reste à vérifier.

Sans cette sensibilité à fleur de peau, je ne serais pas moi. Serais-je l'un de ces robots indifférents à tout, qui ne pensent qu'à eux-mêmes ? Je ne sais pas, je préfère d'ailleurs ne pas le savoir. Parce que je détesterais ça. Aucun doute là-dessus.