VII

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27 septembre 1270, ouest du Caire, Égypte

L'Apocalypse.

Dieu rasant Sodome et Gomorrhe.

La fin d'une civilisation. Les infidèles, déplaisant à Dieu, avaient été punis. Sauvagement, sans possibilité de pardon.

Annihilés.

La fumée s'élevait dans le ciel sous la forme d'un gros champignon cotonneux. Symbole comique tranchant avec le châtiment innommable qui venait d'avoir lieu. En plein jour, le ciel bleu avait muté pour prendre une infernale couleur rouge sang, formant un tableau qui s'imprima sur ma rétine pour la vie.

Ensuite l'odeur nous était parvenue. Crue. Infecte. Relents de corps brûlés et de mort. Tandis que dans la plaine en contrebas, un immense cratère calciné constituait la trace irréversible de l'impact divin.

Nous entendions également leurs cris, bien évidemment. Et ce fut le plus difficile. Je n'aurais jamais pensé que l'homme puisse gémir ainsi. Des cris de douleur d'une violence inouïe.

Devant nous, contemplant son œuvre, le roi Louis jubilait en tenant le petit boîtier au bouton rouge que l'ange lui avait fourni. Il était incontestablement l'égal de Dieu parmi les hommes.

Pourtant, si la grande majorité des hommes criaient au miracle ou priaient à genoux, certains restaient stoïques, le visage fermé, les traits durs. C'était le cas de Charles d'Anjou qui regardait fixement l'ange – posté comme à son habitude aux côtés du roi – de son regard sombre et acéré. Mais aussi, plus surprenant, de Jean Tristan, frustré de ne pas avoir pu payer sa dette envers Dieu au combat et de son cousin Robert II d'Artois, également venu en croisade pour venger dans le sang des mamelouks son père, mort au combat pendant la croisade de 1250.

D'autres encore, ne pouvaient s'empêcher de laisser transparaître leur frustration de ne pas avoir été en découdre sur le champ de bataille, d'avoir vaincu l’Égypte sans avoir tiré leur épée au clair, d'avoir nié les valeurs de la chevalerie et le pourquoi de leur participation à la croisade. Une victoire acquise de loin, à regarder un ennemi pris par surprise se consumer dans le feu.

Mais n'était-ce pas péché que de contester la volonté de Dieu en ce jour ?

Me trompais-je en avançant que ce à quoi nous avions assisté était le fruit d'une volonté divine ?

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