Comme un steak dans une poêle
Minuit. Côté gauche.
Une heure. Côté droit.
Deux heures. Sur le dos.
Trois heures. Sur le ventre.
Tourné, retourné, détourné.
Il avait l'impression d'être un morceau de viande qu'une main invisible manipulait pour le faire cuire sur toutes ses faces. Sauf que la poêle était son lit, et la viande son corps à la fois las et tendu, qui refusait de se laisser glisser dans le sommeil.
À bout de nerf, il rejeta les draps, se leva, marcha jusqu'à la fenêtre, l'ouvrit, releva les volets. La nuit était fraîche sur son torse nu. C'est étrange, se dit-il. La nuit est toujours fraîche pour les insomniaques. Il baissa les yeux. La rue était vide, encore plus vue du deuxième étage. Non, pas tout à fait vide. Il y avait un chat qui s'étirait sur le trottoir. Un chat blanc, qui se détachait parfaitement sur le bitume bleui par la lumière nocturne. L'animal leva la tête et croisa son regard avec l'homme qui aurait dû dormir.
" Belle nuit, n'est-ce pas ? dit-il d'une voix claire mais point trop forte.
- Oui, répondit l'homme sur le même ton. Dommage que je ne puisse en profiter dans mon lit.
- Pourquoi ? demanda le chat. Un problème de literie ?
- Non. Je ne parviens pas à trouver le sommeil.
- En es-tu sûr ? répliqua le félin."
Il fit un clin d'œil à l'homme, s'étira de nouveau, poussa un miaulement, puis trottina jusqu'au coin de la rue, où il disparut.
L'homme resta pensif.
Et espéra se réveiller bientôt.
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