Une vie au poil

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Elle s’aviva au son du réveil qui lui striait les oreilles, toute recroquevillée sur elle-même. Elle s’étira et bailla, prête à commencer une nouvelle journée. Elle courut rejoindre la personne avec qui elle partageait son territoire et se blottit dans ses bras, réclamant quelques caresses. Elle en reçut plusieurs puis la regarda se lever, un peu déçue. Ce moment, elle le détestait. La jeune femme qu’elle considérait comme sa maman ne la regardait plus et vaquait à ses occupations. Alors, elle la suivit partout, miaulant et se frottant contre ses jambes de manière insistante afin d’attirer son attention.

— Oui, ma puce, répondit sa maman afin de la calmer.

Elle aurait aimé lui dire : « Je veux des câlins, pleins ! Je veux que tu t’occupes de moi !», mais elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait que miauler encore et encore. Or, sa maitresse ne s’occupait pas d’elle. Renonçant, la petite chatte se dirigea vers ses croquettes. Ces dernières craquèrent sous ses petites dents. A chaque fois, c’était toujours les mêmes avec toujours le même goût. Mais ce n’était pas grave car elle les aimait beaucoup.

Un peu moins d’une heure plus tard, alors qu’elle était en train de jouer, un autre moment détestable arriva. Elle courut rejoindre sa maman, qui s’apprêtait à se chausser, et se mit à miauler. Elle agrippa les lacets des chaussures avec ses griffes, comme pour empêcher sa maitresse de les enfiler.

— Attends, je dois les mettre, lui dit-elle en la repoussant doucement.

Mais moi je ne veux pas ! voulut crier la chatte. Au lieu de quoi, ne sortit de sa bouche que des protestations sous forme de miaulements.

— Je sais que tu veux des câlins, mais je dois me dépêcher sinon je vais être en retard. Au revoir ma puce, je t’aime fort.

Au moment où elle tendit la main pour caresser sa minette, cette dernière s’enfuit à l’autre bout de l’appartement, la regardant à moitié cachée derrière le bureau. Elle savait sa maman triste. Mais elle aussi l’était. Elle ne voulait pas qu’elle s’en aille, le temps lui semblait trop long sans elle.

— Oh, ne me fais pas ce regard-là, ça me déchire le cœur à chaque fois… Je n’en ai pas pour longtemps, je reviens vite !

C’était ce qu’elle disait toujours. Les oreilles tendues mais toujours cachée, la petite chatte écouta la clé tourner dans les deux serrures, puis les pas pressés qui se dirigèrent vers la sortie. Elle était maintenant seule.

Elle alla vers la porte. Son premier réflexe était d’attendre en écoutant attentivement. Peut-être qu’elle ferait demi-tour, après tout. Alors elle resta là environ un quart d’heure. Maintenant, malheureusement assurée d’être seule pour un temps beaucoup trop long, elle se retourna. Elle monta sur le plan de travail de la cuisine et y chercha quelques petites miettes, ne sait-on jamais. Ensuite, elle fit de même sur la table. Elle savait qu’il restait toujours quelques bribes de pain de mie qu’elle s’empressa de déguster. Enfin, elle alla se coucher sur un de ses nombreux coussins pour une petite sieste car le temps passait plus vite en dormant !

Un petit bruit la réveilla. Derrière elle, elle entendit comme quelque chose qui griffait la fenêtre. Sans daigner se lever, elle tourna la tête et aperçut un grand chat noir. Elle se mit d’une traite sur ses pattes et se retrouva nez à nez avec son ami qui venait souvent lui rendre visite. Alors, à son tour, elle gratta la vitre. A chaque fois c’était la même chose, cette satanée fenêtre les empêchait d’avoir un quelconque contact physique. Les deux minets se mirent à palabrer, se racontant peut-être leur début de journée ou l’absence de leur maitre.

A la différence de son ami, la petite chatte ne pouvait quasiment jamais avoir accès à l’extérieur et, quand c’était le cas, sa maman la surveillait de très près. Parfois, elle essayait de grimper sur le bord du balcon afin d’avoir une meilleure vue, mais aussitôt sa maitresse accourait en criant Non, ma puce ! Alors la minette se laissait prendre dans les bras et miaulait afin de faire savoir son mécontentement.

De longues minutes plus tard, le chat noir s’en alla. Elle le regarda monter sur la rambarde et disparaître de sa vue lorsqu’il sauta en direction du sol. Aussitôt, des oiseaux s’envolèrent. Qu’est-ce qu’elle avait envie de les attraper ceux-là ! Elle claqua des dents rapidement, les iris de ses yeux réduits à deux traits extrêmement fins. Mais c’était tout ce qu’elle pouvait faire à cause de cette maudite vitre. Néanmoins, elle savait que quand elle descendait chez la maman de sa propre maman – qu’elle appelait sa mamie, elle pouvait sortir autant qu’elle le voulait. D’ailleurs, une fois, sa maitresse n’avait pas du tout été contente, mais c’était de la faute de sa mamie qui l’avait trahie ! La minette avait failli se faire écraser par une voiture en suivant une nouvelle bande de copains. Alors, très énervée mais aussi apeurée, sa maman l’avait privée de sortie. Pour se venger, elle avait gratté pendant toute la nuit contre la chatière ! Et ç’avait été une réussite puisque, le lendemain, elle put à nouveau sortir.

Elle s’étira les deux pattes antérieures, suivies des deux de derrière, avant d’aller boire un peu d’eau. Elle était déçue car, cette fois-ci, il n’y avait pas de lait à disposition. Parfois, sa maitresse lui laissait un petit bol avant de l’abandonner. Oui, abandonner. Elle ressentait cet affreux sentiment à chaque départ. Et si elle ne revenait jamais ? Et si elle restait là sans que sa maman vienne la nourrir et la câliner ? Mais, depuis qu’elles vivaient ensemble, elle était toujours revenue. Le plus dur, c’était quand sa maman s’absentait pour la nuit. Elle n’aimait pas du tout dormir seule. Elle s’était habituée à la douce respiration de sa maitresse qui la berçait. De temps en temps, elle allait aussi se blottir contre sa maman pour profiter de la chaleur que son corps dégageait. Toutefois, cela avait des inconvénients car, quand sa favorite se mettait à bouger violemment, la petite chatte se réveillait de manière brutale. Mais ce n’était jamais grave car elle l’aimait toujours aussi fort. Ainsi, elle alla s’installer sur les oreillers, respirant l’odeur de sa maman et s’endormant aussitôt.

Des pas. Elle entendit des pas se diriger vers la porte. Et pas n’importe quels pas, ceux de sa maman ! Elle connaissait ce son par cœur. La petite chatte se leva précipitamment et courut vers l’entrée, appelant sa mère. Les verrous tournèrent et la porte s’ouvrit. Elle l’accueillit de mille miaulements heureux. La minette remarqua également l’ouverture de la porte. Des fois, elle sortait et montait quelques étages, sa maman courant après elle en l’appelant. Cela la faisait bien rire mais sa maitresse beaucoup moins. Alors, pour parer à une éventuelle fugue, une main vint lui barrer le passage. Mais ce n’était pas grave puisque sa favorite était revenue ! Elle se sentit lever au-dessus du sol et se retrouva blottie dans ses bras. Elle mit ses deux pattes avant sur l’épaule de sa maman et ronronna aussi fort que possible, comme un camion. Les retrouvailles étaient toujours géniales, un de ses moments préférés. Elle fut posée sur son arbre à chat et reçut une petite friandise accompagnée d’une tonne de câlins !

Tout le reste de la soirée, la petite chatte suivit sa maman de près, dans n’importe quelle pièce, et qu’importe ce qu’elle faisait. Elle ne jurait que par elle ! Elles jouèrent ensemble et se firent pleins de câlins. L’absence de sa maitresse fut vite oubliée. Lorsque que vint l’heure du dîner pour les humains, elle tenta de réclamer quelques petites choses. Parfois, elle recevait un morceau de saumon ou bien un morceau de pain. C’était son petit plaisir et, comme ce n’était pas tout le temps, elle en profitait d’autant plus.

La journée typique de la petite chatte se résumait bien souvent à cela. Toutefois, elle vivait aussi de palpitantes aventures, certaines dangereuses et d’autres merveilleuses. Mais, elle préférait les conter dans d’autres petites histoires…

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