La légende de la Cité d'Onyx

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Place centrale devant le palais d'Onyx, de la Cité éponyme. Un vieillard qui nous est dorénavant familier, gravit difficilement les marches menant à la demeure du Roi accompagné par deux soldats, revêtus de l'armure traditionnelle noire où les emblèmes de la Cité sont gravées : une couronne en or surmontée de deux épées croisées derrière.

Les soldats s'arrêtèrent devant deux grandes portes noires. Deux autres soldats les ouvrirent. La salle du trône apparu alors. Le vieillard s'avança, nullement impressionné par la beauté des lieux, ni par l'étendue de richesses qu'on peut apercevoir. Assis sur leurs trônes respectifs, trois personnages le regardèrent s'approcher lentement, appuyé sur son bâton taillé dans un bois centenaire.

Le vieillard s'arrêta, arrivé devant les marches. Il resta immobile. Le personnage, assit sur le trône central prit la parole.

— Vieillard, tu te tiens devant le Roi de la Cité d'Onyx, clama-t-il de sa voix de ténor, comme s'il attendait quelque chose venant du vieil homme.

Le vieux leva la tête, et fixa le Roi de ses yeux gris.

— Tu n'es Roi que pour un temps.

L'homme, assis la droite du Roi, se leva.

— Surveille ton langage, vieil homme, lorsque tu t'adresses à ton Seigneur !

— Je ne suis le serviteur que des dieux eux-mêmes.

— Calme tes ardeurs, mon enfant, interrompit le Roi. Nous avons besoin de lui, ne l'oublie pas.

Le jeune homme se rassit, bien malgré lui.

— Pourquoi m'as-tu fait venir ici ? demanda alors le vieux personnage.

— Il est dit dans tout le royaume d'Érelda que nul ne connaît mieux les légendes et les créatures qui y vivent que toi.

—En effet.

Le Roi s'agita alors sur son siège.

— J'ai besoin de votre savoir. Pouvez-vous m'aider ?

— Je ne peux rien te promettre. Commence déjà par m'expliquer ce qu'il ne va pas.

Le Roi se tourna vers sa femme. Celle-ci hocha la tête, comme pour l'encourager.

— Depuis un mois, je rêve toutes les nuits. Je fais toujours le même rêve, comme si les dieux cherchaient à me faire un passer un message. Un message que je ne saisis pas. Cela ne m'est jamais arrivé auparavant. J'ai besoin de comprendre. Le cauchemar me terrifie, et je n'arrive plus à fermer l'œil.

— Que vois-tu dans ce rêve ?

Le Roi hésita, pris de doute. Il se massa les tempes, et finit par se lancer.

— Je vois une créature étrange, mi-lion mi-humain. Il a la tête d'un lion, mais le corps d'un homme. Il est habillé d'une armure légère, couvrant les trois-quarts de son torse imposant. Sa stature est incroyable, je n'ai jamais vu un homme aussi bâti. Il tient dans sa main une épée d'un blanc éclatant, et de l'autre, un bouclier tel que je n'en avais jamais vu. Rouge sang, il fait la moitié d'un homme. Je sais point comment je peux en être aussi sûr. Il se tient debout, en plein milieu d'un champ de bataille. Des corps ensanglantés, des membres jonchent le sol dans une mare de sang. Derrière lui, je peux voir la Cité d'Onyx... Ma cité est en feu. Je peux entendre des cris d'agonie et de terreur.... Mais le plus terrifiant est le regard qu'il pose alors sur moi. Je suis à genoux devant lui, à sa merci. Et je sais que je vais mourir. Je sais qu'il va me tuer.

Le Roi arrêta de parler, livide. Il avait revécu son cauchemar une énième fois en le racontant.

— Je sais qu'il est l'auteur de ce carnage. Il faut que je trouve où vit cette ignoble créature, et je dois la tuer de mes propres mains. Son existence menace ma cité et ma vie.

Le vieillard n'avait cessé de se lisser la barbe tandis que le Roi relatait son récit. Il ne broncha pas plus lorsque celui-ci s'arrêta de parler.

— Alors, vieillard, savez-vous où elle se terre ? Vous devez m'aider !

— Impossible.

Le Roi n'en crut pas ses oreilles.

— Impossible ? répéta-t-il. Qu'est-ce qui est impossible ?

— Il est impossible de la tuer.

— Pardon ? rugit le Roi. Vous doutez de mes capacités ? Je vous rappelle que vous êtes face au Roi d'Onyx, le meilleur soldat de la Cité. Ayez un peu de respect, vieillard !

— Je vous le répète : la tuer est impossible. Tout simplement car celui que tu as vu dans ton rêve n'est pas une créature vivante dans le royaume d'Érelda.

— Comment cela ? Expliquez-vous, ordonna le Prince d'une voix forte.

— Cette créature n'est autre que le Dieu Lyonar lui-même.

Un silence stupéfait accueillit ses paroles.

— Le Dieu de la Guerre s'est adressé à toi à travers ce songe, reprit le vieillard. Et la vision que tu as eue de lui n'est pas porteuse d'un message heureux. Si le Dieu Lyonar s'est montré à toi, portant son armure de guerre ainsi que ses armes, il n'y a qu'une explication : La Cité d'Onyx est vouée à disparaître. Le message est clair. Tes conquêtes rapides et soudaines des territoires entourant la Cité d'Onyx, le massacre de populations innocentes perpétuées sous tes ordres ont attiré les foudres du Dieu de la Guerre. Tu dois immédiatement cesser ces absurdités et rendre la liberté aux peuples atrophiés.

— Que me racontez-vous là ? s'écria le Roi, au bord de la fureur. Vous croyez sincèrement que je vais croire les balivernes d'un vieillard gâteux ? Comment pouvez-vous savoir à quoi ressemble le Dieu Lyonar ? Et qui plus est, vous prétendez connaître la signification de mon rêve ! Vous n'êtes qu'un vieil homme qui n'a plus toute sa tête. Je suis le Roi le plus puissant du royaume d'Érelda ! Bientôt, je gouvernerais le monde entier, et tu oses me donner des ordres sur la régence de mon royaume ?

— Je ne fais que dire la vérité. Si tu ne cesses pas tes caprices, la Cité et toi disparaîtra.

— Il suffit comme cela. Gardes, qu'on enferme ce fou au cachot et qu'il n'en ressorte jamais. Qu'il aille pourrir dans les Enfers de Morcraus.

Soudain, le vieillard éclata de rire, d'un rire effroyable qui se répercuta contre les murs de la salle du trône, glaçant le sang de la famille royale. Lorsqu'il s'arrêta enfin, il fixa le Roi qui se liquéfia sous son regard.

— Tu est en droit de ne pas me croire. Mais ne t'avise plus jamais de me manquer de respect, comme tu le fais présentement, tonna le vieil homme. Telle est la prophétie de ta Cité et celle ton existence. Et telle deviendra la réalité, tu n'as plus ton mot à dire. Ta misérable vie se trouve désormais entre les mains des dieux.

Sur ces paroles, le vieillard écarta les bras et frappa d'un coup sec le sol de son bâton. Une colonne de lumière jaillit alors de sous ses pieds, et l'enveloppa. Lorsque la famille royale réussit à rouvrir les yeux, jusque là aveuglés par le rai de lumière, le vieillard avait disparu.

Le soir même, la Cité d'Onyx connue le plus grand incendie que l'Histoire ait porté. Tous les habitants de la Cité périrent dans les flammes, et la Cité fut rayée de la carte. On ne retrouva pas même les décombres de la ville. Seul s'étandait un vaste champ de cendres, là où se trouvait pauravant une cité bourdonnante de vie. Encore aujourd'hui, certains sont persuadés que les flammes étaient de nature divine. Mais aucun témoin ni aucun survivant ne pouvait confirmer cette hypothèse.

Cette histoire s'est déroulée il y a plus de deux cents ans. Depuis, la Cité a été rebâti selon les frontières de l'ancienne carte du royaume, ne retrouvant plus jamais la grandeur qu'elle avait connue. Le Roi actuel gouverne au moyen de lois très sctrictes, et n'a jamais cherché à étendre son territoire.

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