Chapitre 10 - l'opportuniste

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Je... Non, j'ai forcément mal compris.

Mon esprit mal placé en présence de Riley me joue des tours. Je ne vois pas d'autre solution. Mon cœur bat si fort que je peine à respirer. La chaleur sur mes joues s'intensifie au point de rougir de honte d'être déjà cramoisie.

— Mais je pensais que je n'étais pas ...

Interdite, je n'arrive pas à finir ma phrase. Riley semble intrigué et me questionne du regard avant d'enchaîner.

— Allons, Mademoiselle Crossley, je plaisante. Pourtant je suis curieux, vous qui m'avez traité de "Connard" ce matin, que pensiez-vous ne pas être... ?

Hein, quoi ? C'était lui dans le SUV ! Assommée par ma propre bêtise, alors que je suis montée dans la dite voiture, sans même soupçonner que c'était celle responsable du presque accident de ce matin. Je ne sais plus où me mettre, mais Kingsrock rit aux éclats devant ma mine décomposée, visiblement ravi que je patauge pour m'en sortir. Aussi, il se contente d'un simple geste de la main pour clore le sujet , signifiant de ce fait que c'est oublié. Ouf !

Soulagée, je souris nerveusement et me délivre de son étreinte au bras. Ma peau me picote encore sous la chaleur de son corps si fort.

— Hum, rien Monsieur, je ne pensais rien, ce n'est pas important.

Nous reprenons enfin une discussion sérieuse autour de mon travail. Je lui montre deux ensembles saillants et un troisième que j'hésite à dévoiler, mais me rétracte et le tente tout de même.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un ensemble pour les femmes plus mûres. Voyez, la partie montante de la culotte recouvre la partie du bas ventre, qui cause tant de complexes aux femmes, surtout celles qui ont eu des enfants en plus de la ménopause qui s'installe tranquillement.

Je continue à déblatérer mon petit baratin, et Kingrock m'écoute avec la plus grande attention, son regard intense croisant le mien à chaque fois que je lève la tête des produits pour l'observer. Pour finir, je lui fais toucher la matière souple et douce des dessous.

Nos mains se frôlent. J'ai des palpitations. L'expert en la matière sent le tissu glisser sur ses doigts, s'imaginant sans doute déjà l'ôter du corps sans défaut d'Annabelle. À cette pensée, mon teint se ternit.

— C'est du beau travail Mademoiselle Crossley, je pense que vous trouverez rapidement vos marques chez DCK.

Je n'en crois pas mes oreilles.

Quelle arrogance !

À aucun moment, on ne m'a mentionné une opportunité de travail dans l'entreprise. King me lance cela avec une telle impudence que je mets du temps à réaliser la conséquence de son discours. Soudain, ma joie de vivre naissante illumine tout l'espace qui nous sépare et son visage surprit de ma réaction décrypte chaque trait de ma face pendant une poignée de secondes.

— Vous... Vous m'embauchez ?

— Vous commencez demain !

— Oh, euh... Je dois démissionner de mon autre travail avant et j'ai un préavis d'une semaine il me semble.

Mon aveu semble le froisser. Dans mon souvenir, Riley n'était pas un homme patient, alors j'imagine qu'à la tête d'une si grande entreprise, cela ne doit pas arranger ce défaut.

— Vous travaillez en plus de confectionner ? S'intrigue-t-il d'une voix aigüe que je ne lui connais pas.

— Oui, je ne dors pas beaucoup... Mais je n'ai pas le choix avec mon appartement.

Sans compter le tissu, la peinture, les tableaux et tout mon petit bazar pour assouvir mes passions, mais ça, il n'a pas besoin de le savoir.

— Bien, je n'ai pas le choix on dirait. Votre bureau se trouvera de l'autre côté de cette porte. Annabelle vous fera faire le tour du propriétaire. Vous travaillerez pour elle, je n'interviendrais aucunement dans votre travail. Je tiens juste à me tenir informé de ce qui se passe et je tiens à voir tous les modèles finis avant la mise en page du magazine. Vous seconderez le défilé qui a lieu dans quelques semaines, et vous me remettrez vos travaux chaque soir avant de partir afin que j'y jette un coup d'œil.

— Bien Monsieur Kingsrock, mais juste une question, ce n'était pas Mademoiselle Justo qui devait me prendre en entretien ? 

— Ce n'est pas elle qui signe les chèques, répond-il froidement.

À vrai dire, je n'ai pas assimilé toutes les informations car mon esprit s'est bloqué à « Vous commencez demain », et ce que je prenais pour de l'impatience s'avère être de l'admiration.

J'avoue que ça me laisse coït venant de lui.

Mon rêve de vivre de ma passion commence à se dessiner sous mes yeux ébahis, alors qu'il me reste encore à démissionner et changer de garde-robe si je compte survivre ici. Mais plus que tout, je vais être aux côtés de Riley, mon premier véritable amour, ma première fois, alors que lui ne me reconnaît même pas...

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