Chapitre 4 - La chance de ma vie

3 minutes de lecture

Une semaine s'est écoulée depuis la visite de Carl.

Il était reparti comme d'habitude, mais je l'ai retenu pour lui annoncer que c'était la dernière danse pour nous deux. Le visage peiné, il opinait. Je savais pourtant qu'il reviendrait à la charge un de ces jours.

Ce n'était pas la première fois...


Les jours passent et mon boulot est une vraie torture. Mon patron ne m'avait pas virée pour l'histoire du sandwich, car lui non plus n'appréciait pas beaucoup John Car et ses nouvelles lubies progressistes. Pourtant, il avait été clair, en m'assenant un doigt strict devant mon front, comme si j'avais six ans.. A la prochaine incartade, je prenais la porte.

Bien Chef, oui chef!

Malgré mon incroyable envie de dormir d'ennui, en ce mardi matin, un coup du destin vient embellir ma semaine et peut-être même mon avenir. Ce n'est pas mon téléphone perso que je sors de ma poche de jean, mais bien celui que je réserve à Birdy et à Mademoiselle Crossley, créatrice de lingerie, fine. Inspirant un grand coup, je croise les doigts en guettant autour de moi, pour être sûre d'être seule.


— Allô ?


— Mademoiselle Crossley?


Bingo!


— Oui, à qui ai-je l'honneur ?


On se sent pousser des ailes, quand la chance se pointe !


— Je me présente, Madame Dyron, la secrétaire personnelle d'Annabelle Justo, collaboratrice mode de chez Dress Code King.


Mon cœur rate un battement, et je perds toute stature.


— Le Dress Code King magazine ?


Ma voix est bien plus aigüe que je ne le souhaite. Madame Dyron semble s'en amuser, et me réponds en riant doucement :


— C'est bien cela, nous avons reçu votre carte et visité votre site de lingerie. Madame Dyron souhaiterait vous rencontrer.


— Bien... Bien sûr, quand puis-je ve...


— Ce midi, si possible. Nous avons un créneau pour le déjeuner.13 h 00.


— Parfait, comptez sur moi.


— Magnifique, sixième étage. Je vous attendrai à l'accueil. Oh et ...


Une seconde de silence s'écoule avant que la voix douce de Madame Daron ne baisse en volume et devienne malgré elle très sensuelle.


— A votre place, je me pomponnerais un peu.


Mes joues s'empourprent au son de sa voix, mais son discours me fait tiquer aussitôt. Je racle ma gorge pour cacher ma déception.


— Ne vous inquiétez pas. Merci beaucoup de m'avoir appelée.


Chamboulée, je quitte le troisième étage en laissant le chariot de nourriture traîner devant l'ascenseur. Dorothée, parait surprise de me voir et s'étouffe presque lorsque je l'interromps en train de faire du gringue à un livreur.


Il me faut cinq bonnes minutes affalée sur sa chaise pour me remettre de cet étrange coup de téléphone. Dorothée me frappe continuellement au même endroit sur l'épaule pour me sortir de ma torpeur. Ce n'est que lorsque la douleur se fait sentir que je cligne des yeux, et ferme ma bouche asséchée qui est restée bien trop longtemps ouverte, comme une carpe échouée.


Je lui explique du mieux que je peux la situation en mimant le coup de téléphone et imitant médiocrement l'échange. Dorothée, les yeux écarquillés, applaudit à la vitesse de la lumière dans un élan d'excitation extrême. Ce n'est que lorsque je viens à évoquer le conseil de la secrétaire sur ma tenue, qu'elle semble choquée.


— En même temps, j'ai vu ton site ma chérie, tu n'as pas mis la meilleure photo de toi...


Son air de chien battu et sa main me caressant le bras me font réaliser qu'elle a raison. Après tout, Le Dress Code King magasine est l'une des revues les plus prisées dans le monde de la mode. De ce fait, je dois être chic. Dorothée s'illumine de nouveau et me dit :


— On fait à peu près la même taille ma chérie, va chez mon teinturier au bout de la rue et pioche dans mes affaires. Ma place ici m'oblige à toujours avoir des tenues plutôt guindées. Viens me voir avant de partir, je te coifferai.


Mes yeux dérivent vers son sac à main, ressemblant d'avantage à une valise. Je l'avais surprise à plusieurs reprises fouinant inlassablement dedans à la recherche de son khôl noir et de sa brosse à cheveux.


Cela ne m'étonne donc pas, qu'elle ait de quoi me faire un ravalement de façade.


Midi. La course folle commence...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Scar Lett ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0