Pluie

Une minute de lecture

Un roulement dans le lointain, suivi d'un flash de lumière aveuglant. Plic, ploc. Plic, ploc.

Les premières gouttes tombent doucement devant mes yeux, atterrissant sur le chemin de poussière et les pierres avec un son feutré. L'averse est faible, douce comme une brise de printemps. Mais l'orage se rapproche, un mur d'eau se dressant entre lui et moi.

Je resserre ma prise sur la bandoulière de mon sac qui vient de rompre et m'a fait rater le seul bus qui va jusqu'au village perdu où je vis. Je remonte la fermeture éclair de ma veste et rabats ma fine capuche de toile en prévision du déluge qui se profile.

Le vent forcit, arrachant mes cheveux par poignées au chouchou qui les retient. La chute des gouttes, toujours plus grosses, s'accélère. L'odeur de la pluie est rejointe par celle de l'électricité.

Et puis l'orage est là. Lourd, menaçant. L'air se refroidit de quelques degrés. L'eau ruisselle sur mon visage et dans mon cou, imbibe mes vêtements et mon sac. Je ne vois plus rien avec mes lunettes recouvertes par les gouttes d'eau. Le monde est flou, tout de tâches et de jaillissements de lumière flamboyants. Le vent abaisse ma capuche et me fouette, envoyant les gouttes se fracasser sur moi avec toujours plus de fureur.

Une sorte d'euphorie me prend alors que j'avance difficilement sur ce chemin de boue qui était, il y a peu encore, un chemin de poussière. Je me redresse et lève la tête, le regard fixé sur les noirs nuages qui me surplombent et déversent sur moi toute leur rage. Je leur souris.

Sans vraiment savoir comment, ni comprendre pourquoi, je jette mon sac par terre et je commence à danser sous la pluie et le tonnerre. Je suis folle. Complètement folle. Et ivre de joie. Le vent me fouette, la pluie me noie, la foudre éclaire ma route et fait crépiter l'air d'une électricité qui me survolte et fait se dresser mes poils. Je tire la langue pour capter une goutte. Elle est fraîche, mais n'a pas de goût. Pourtant, c'est comme si la nature tout entière m'accueillait en elle alors que je danse sous cette tempête bienfaisante qui met fin à des mois de sécheresse.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Morien ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0