Chapitre 14 Antoine

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Gérard et Lucie avaient intégré depuis quelque temps mon petit groupe d'amis. Rose nous rejoignait parfois.

Le meneur, l'animateur en chef de ce petit groupe, c'était Antoine.

Je me souviendrais toujours du jour ou le curé me l'avait présenté, car il m'avait fait une très grosse impression.

Antoine était un grand gaillard barbu, d'une quarantaine d'années, la chevelure hirsute, et rigolard.

Le curé de la paroisse me l'avait présenté comme étant un gourou ayant fréquenté les ashrams, et susceptible de me faire connaître du monde. Il aurait effectué plusieurs voyages en Inde et y aurais séjourné au total plusieurs années.

Une fois seuls, il me confia :

Ne crois pas un mot de ce que t'a dit ton curé au sujet de mes qualités de gourou, mais sinon tout le reste est exact.

Note que pour mes fréquentations quotidiennes, je tiens à être considéré comme étant un gourou, aussi, devant les gens, je te demanderai de faire comme si.

Cela ne me posait aucun problème.

Avide de connaissances nouvelles, je lui demandais alors, de quelles manières un particulier pouvait envisager un voyage en Inde pour y améliorer sa spiritualité ?

L’Inde est un pays merveilleux qu'il faut absolument avoir visité. Me dit-il.

Mais, en ce qui concerne le développement personnel, l'éveil, et toutes sortes de fariboles qui sont transmis par les journaux, de nos jours, il n'y a plus rien que l'on puisse apprendre.

C'est mort.

Le tourisme religieux a envahi le pays. Sitôt connues les démarches spirituelles de personnalités comme Arnaud Desjardins, les gens se sont engouffrés dans la brèche.

Les plus fortunés voulaient leur gourou certifié. Les autres se sont tournés vers des cours collectifs, d'autres vers le premier venu.

J'ai vu des gens se disputer, chacun essayant de prouver que son gourou était meilleur que celui de l'autre, ou, au contraire, tenter de réaliser entre eux un échange.

De plus, la motivation des premiers adeptes devait être beaucoup plus forte, car trouver les centres religieux, s'y rendre et s'y faire accepter étaient autant de parcours du combattant.

La même chose s'est produite quand Carlos Castanéda à écrit son premier livre paru aux États-Unis.

Il traitait d'un sorcier qui formait à la sorcellerie son apprenti en lui faisant ingurgiter des plantes hallucinatoires. Cela se passait au Mexique, et des milliers d'Américains se sont rendus dans la région en question pour trouver un sorcier capable de les former. Et surtout de les initier aux drogues.

Nous vivons dans un monde de gogos.

Je lui demandais si, pendant tout ce temps, il avait rencontré des gourous sérieux et capables qui auraient pu le prendre en charge.

Il me répondit qu'il en avait connu plusieurs, et même que le premier qu'il a fréquenté lors de son premier voyage l'avait accepté comme apprenti. Mais il n'avait pas répondu aux diverses attentes de son maître, et la confiance s'était rompue.

Il était toujours bien accueilli par les maîtres qu'il connaissait, mais il savait qu'il était grillé sur la place, et que personne désormais n'accepterait de travailler avec lui.

J'oubliais de te dire que je suis cuisinier, de père et arrière-grand-père cuisinier. Je suis amoureux de la cuisine qui m'accompagne partout, et me permet de vivre à peu près correctement n’importe où.

Il me fit ensuite visiter son impressionnante bibliothèque, que, n'y connaissant rien, je subdivisais en livres de cuisine ou de religion.

Antoine aimait inviter chez lui, et il aimait surprendre, et ceci, aussi bien dans le choix de ses menus que dans celui de ses convives. Ceux-ci, après avoir bien mangé, et parfois aussi beaucoup bu, avaient tendance à chercher à se retrouver ultérieurement.



Quelques jours plus tard, Antoine organisa chez lui un de ces repas dont il a le secret. Élodie et moi faisions partie de la liste des convives.

En plus de ceux généralement présents, il avait invité un super beau gosse, super gentil, qui devait superbement adorer les enfants, et qui souhaitait surtout quitter le giron de ses parents.

Le super beau gosse avait des parents peu recommandables, avec qui j'avais travaillé, sans en être fier, mais qui payaient bien.

Antoine pensait qu’Élodie pourrait être séduite et tentée de lui fournir un axe, comme elle disait.

Il avait aussi invité en pensant à moi une jeune femme capable de parler de tout, car ayant tenté successivement, une première année de licence en droit, une première année de licence en lettres, et en cours, actuellement, une première année de licence en économie.


Élodie avait absolument tenu à être placée à côté de moi. Elle avait le super beau gosse sur sa gauche, et j'avais la multi première année de licence sur ma droite.

J'étais perdu dans mes pensées. Je me demandais si je devais draguer la nana à ma droite pour desserrer l’étau.

Trop tard.


Quand j'ai repris conscience de la réalité, Élodie avait posé sa main droite sur mon bras gauche, et elle en était déjà à raconter que nous souhaitions avoir plusieurs enfants.

Dur, dur, de commencer à draguer à partir de ce moment-là.

Mes amis évitaient de regarder de notre côté, se doutant bien que tout ne se déroulait pas au mieux pour moi.

Cette soirée s'avérait être un véritable fiasco.


Dernière participation aux activités.

Le jeudi suivant, je prenais part à ce que j'avais décidé être ma dernière participation aux activités du patronage. Élodie me pistait comme un toutou. J'en profitais donc pour lui expliquer, une fois pour toutes, que je n'avais aucune intention de la fréquenter, ni, à plus forte raison, de l'épouser.

Cela n'eut pas l'air de l'affecter.

Je remarquais que le super beau gosse, rencontré lors du repas organisé par Antoine, participait aux activités. J'appris plus tard qu'il avait effectué des ravages dans les cœurs des accompagnatrices, lors des boums de fin de journée, et qu'il en avait résulté des démissions en masse dans la gent masculine délaissée.

Le curé était furieux de ces pertes dans son encadrement.

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