Comme si je t'avais toujours connu

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Les mots d'amour ne se disent plus avec les bons gestes,
Ils parlent autant qu'ils parlent au temps et leurs figures
Ont des âges que ma peau ne saisit pas ;
Quand je te vois, mes rides n'en sont plus vraiment,
Les mots se taisent comme des enfants timides,
Contraints à l'erreur structurelle, obscure et terminale,
Mais refusant de se tromper, ayant peur de faire mal,
Qui protègent un peu leur nature nue.
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

De long en large dans mon expérience
Au profond des plus profondes nuits,
J'ai fièrement descendu la science
De son trône surhumain.
C'était comme voler dans un premier jardin
Avec à la main la plus diurne des mémoires,
Une épée de joie que je tenais, grandiose, dressée
A travers la face des nouveaux dieux.
Je dois t'avouer, comme à un voisin de conquête, que sur ces chemins-là,
J'ai tout appris de toi.
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

On se rencontre, on se partage comme ça, entre deux verres de vin,
On se raconte, puis on ne se dit plus rien ;
Mais avec toi j'ai vidé tous mes verres,
Avec toi j'ai rempli l'eau des pluies.
Quand on a vécu ça, la mort devient si facile,
Belle comme un Eldorado, avec ses visages multimillénaires
Qui sourient et qui jouent au-dedans et autour des Terres,
Tout autour des Terres.
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

Depuis longtemps j'épuise et puise mon essence,
Comme une âme inversée ou un fardeau qui s'essore,
Dans l'immanence de l'espace,
Où, depuis plus longtemps encore, depuis toujours,
L'imminence de ton corps fait danser de bonheur
La vie qui se déplace avec la vie qui reviendra,
Et les temps qui passent avec les temps perdus.
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

Je te le dis comme un aveu de passage :
Ma mère et moi, on a vécu des guerres similaires,
Moi en tant que fils, elle en tant que repère,
En tant que fille et en tant que ma chanson première ;
Depuis mon attention initiale portée sur ses battements de cœur,
Je la connais.
D'aucuns répondraient qu'elle est nécessairement autre chose,
Mais je n'y vois nulle contradiction ;
Pourquoi ne pourrait-on pas être mille mondes,
Et n'être que ses pulsations ?
La question semble absurde et surgie de nulle-part ;
Je la pose, là, comme un bouquet de roses hagard...
Je crois vouloir dire que j'entends tes pulsations
- je ne sais pas d'où, cette aube est restée noire -,
Et tant pis si c'est insensé, si ce n'est qu'une idée pauvre et romanesque
De poète étourdi, d'acrobate ingénu...
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

On se rencontre, on se partage comme ça, entre deux verres de vin,
On se raconte, puis on ne se dit plus rien ;
Mais avec toi j'ai vidé tous mes verres,
Avec toi j'ai rempli l'eau des pluies.
Quand on a vécu ça, la mort devient si facile,
Belle comme un Eldorado, avec ses visages multimillénaires
Qui sourient et qui jouent au-dedans et autour des Terres,
Tout autour des Terres.
Je t'aime comme si je t'avais toujours connu.

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Comme si je t'avais toujours connuChapitre8 messages | 2 ans

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