Alone in Venice

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Autant dire qu’après le départ de « David » Antarès « Doctor », je me suis sentie assez paumée. Certes, son visage me disait qu’il était désolé, mais il commençait à sérieusement m’énerver avec tous ses rendez-vous ratés.

Je suis allé dans ma chambre, me suis posé sur mon lit et ai tenté de réviser la présentation que je devais faire le lendemain. Après un bon petit somme certainement induit par le contenu lénifiant de mes slides, j’ai décidé de sortir, un peu de tourisme ne tue pas.

Venise est la ville la plus romantique dans laquelle je ne suis jamais allée. Mais pour que la balade soit vraiment romantique, il faut être deux, un peu amoureux et avoir envie de se bisouiller sur un pont en regardant passer les gondoles dans les canaux. Mais, dans ma vie, point d’amoureux. Juste un extraterrestre qui prend les formes les plus plaisantes dans l’unique but de me laisser en plan !

Bref, Venise en solitaire ne m’a pas convaincue. En plus, après ce que m’a dit Antarès, j’essaye d’engager la conversation avec tous les chats que je rencontre, pas encore vingt-cinq ans et déjà candidate à devenir mémère à son minou !

Ceci dit, je pousse quand même jusqu’au Rialto. En suivant les chemins de traverse du vrai plan de la ville, j’arrive à ne croiser que peu de gens, par contre, une fois au Rialto, c’est la cohue. Un effroyable chaos de touristes et d’échoppes de souvenir.

On m’accoste, je suis flatté jusqu’à comprendre que le grand gars devant moi est un vendeur à la sauvette qui tente de me refourguer des mauvaises imitations de sac Vuiton. Cette promenade m’épuise.

Je m’écarte des lieux touristiques en ne prêtant que peu d’attention aux boutiques de luxe qui rythment mon parcours.

Arrivée à la pension, sur la placette, à la lumière déclinante, je vois mon docteur.

— Je t’attendais, il faut y aller.

— Où ça ?

Il ne me répond pas. Je pense qu’avec le temps, il a appris l’art de la cachotterie ou alors il suit des cours de suspense, en tout cas, il ne desserre plus les dents. Il me conduit sur une longue passerelle qui longe les murailles de l’Arsenal (enfin un truc que n’a pas construit Napoléon dans ce récit).

Sur des centaines de mètres, on passe au-dessus de l’eau qui devient de plus en plus sombre tandis que le soleil se couche.

On passe ensuite à côté de petites maisons coquettes emprisonnées entre la lagune et les murailles.

Puis Antarès s’assied sur le banc d’un arrêt de vaporetto. S’il m’a fait marcher jusqu’ici pour prendre un bateau, il va m’entendre celui-là.

Dix minutes d’attente avec un docteur muet, il commence à faire frais et je me blottis contre lui. Son contact est d’abord plutôt froid, puis il se rend compte que je suis là et commence à dégager une confortable chaleur. C’est gentil, même si je me demande si notre relation a vraiment un avenir.

Le soleil se couche, les pavillons du bord de mer s’éclairent un à un. Comme si c’était le signal, Antarès se lève et se retourne vers moi.

Il s’éloigne de la station de vaporetto et se dirige vers ce qui ressemble à un grand terrain vague. Des grillages nous bloquent le chemin, Antarès me conduit jusqu’à une grille fermée par un cadenas.

Visiblement, ce n’est pas un problème pour mon extraterrestre préféré qui sort une clef de sa poche de manteau.

— Un vieil homme étrange me l’a donné. C’est curieux, il y avait un énorme chat roux avec lui.

Moi, je dis, il faut toujours se méfier des vielles personnes qui ont des chats.

Une fois à l’intérieur de ce qui ressemble à un énorme chantier naval avec des calles sèches, des grues et, indices subtils, des bateaux en cours de réparation, je me décide enfin à poser la question.

— On est où et on fait quoi ici ?

— Nous sommes dans le chantier...

— Bingo ! Je suis vachement perspicace alors ! Le coupé-je en me demandant s’il ne se moque pas de moi.

— … Naval de l’arsenal de Venise, continue-t-il, imperturbable.

— Et on vient faire quoi ici ?

— Ah ! Ils sont déjà là, élude-t-il en tendant la main vers deux silhouettes.

Je regarde dans la direction indiquée, les Dumonteils, mari et femme viennent d’arriver avec leur chat, ou plutôt leur matou arrive avec ses deux humains.

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