L'amour irrationnel

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    Les jours et les semaines se succédèrent après ma rencontre avec Logan, mais je ne pensais qu’à lui.

Dans la chambre d’hôtel il m’avait laissé appeler mes parents pour les prévenir de mon absence. J’avais prétendu avoir dormi chez Manon et l’avoir aidée à nettoyer la maison après la fête. Bizarrement, je ne m’étais pas sentie mal de leur avoir menti. Habituellement, chaque mensonge était pour moi comme une aiguille qu’on m’enfonçait dans le crâne à la recherche de la vérité. Mais cette fois, je ne m’étais souciée que de cet homme dont j’ignorais encore le nom. Ma deuxième question n’avait pourtant pas été destinée à le connaître.

- Pourquoi suis-je différente ? avais-je demandé.

Il avait continué de mordre dans sa brioche en me dévisageant. Puis, au bout de quelques longues minutes silencieuses et malaisantes, avait enfin daigné répondre à ma demande.

- Les autres fuient devant moi alors que je n’ai pas esquissé un geste. Elles courent en pensant pouvoir m’échapper. Toi, tu n’as pas bougé. Et puis tu es bien trop belle pour être gâchée.

Malgré moi, je m’étais mise à rire. Je n’avais jamais apprécié les compliments et n’avais jamais su comment réagir à ceux-là. Il avait souri et avait approché sa main de mon visage pour le toucher avec délicatesse. Je l’avais laissé faire tout en pensant combien il avait l’air fragile. Nos regards s’étaient croisés et avaient parlé à notre place pendant que mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Assez timidement et contrastant avec ses allures de criminel, il s’était penché pour m’embrasser. Son baiser avait eu un goût sucré et ses lèvres avaient été douces. J’avais prolongé notre moment intime et m’étais soudain senti au-dessus de tout. J’étais la fille qu’un criminel avait épargnée. J’étais celle qu’il avait embrassée tendrement et sans violence. Cela avait été comme un rêve.

    Durant les jours qui suivirent je n’eus qu’un nom à la bouche : Logan. Il me l’avait soufflé à l’oreille pendant qu’il me caressait la joue et m’étouffait de baisers. Je ne le saurai jamais, mais je pense que si j’avais tenté de fuir, il m’aurait laissé faire. Dans mes bras, il avait l’air d’un chiot. Ses yeux si verts me regardaient avec tendresse et envie.

Nous nous rejoignîmes à l’hôtel très souvent pour prolonger notre histoire et je me sentais voler chaque fois que je me rendais là-bas. Avec lui, je me sentais importante. Il m’appelait sa princesse et me couvrait de mots doux. J’eus du mal à croire aux crimes qu’il me contait durant un certain temps. Mais j’en fus un jour témoin. Juste parce qu’il m’avait bousculé, Logan lui fit mordre la poussière. J’avais eu du mal à ressentir de la peine pour cet homme que Logan frappait à mort. J’avais été aveugle. Les muscles puissants de mon amant avaient sailli pendant qu’il donnait des coups répétés à sa victime qui avait vainement tenté de se relever. L’homme fut très vite en sang et incapable de prononcer un mot. J’étais resté là, paralysée par l’amour et la peur.

Le soir même, assise sur mon canapé, j’entendais les nouvelles d’un corps trouvé dans une ruelle. Sur le mur, des ailes noires avaient été taguées avec soin, signant ainsi le meurtre des mains du criminel que l’on appelait « l'ange de la mort ». Mon père avait pesté, injurié ce tueur qu’ils n’arrivaient pas à attraper depuis des mois. Les larmes m’avaient piqué les yeux, m’empêchant d’y voir clair. Durant un court instant, je n’avais plus voulu retourner auprès de lui. Je ne l’avais pas réellement cru lorsqu’il avait prétendu avoir tué des dizaines de jeunes filles. Mais plus tard dans la soirée, scotchée devant mon écran, j’avais lu des articles de presse, vu des extraits de journaux télé et j’avais eu peur. De lui, l’ange de la mort. Ce criminel dont la signature était des ailes, synonyme de vol en plein ciel, de rêve… La réalité m’avait hanté, rongé de l’intérieur, mais je ne pouvais cependant pas nier mes sentiments. Ils étaient plus forts encore que la peur ou le dégout. Aurais-je dû dire la vérité à mes parents ? Maman, je suis amoureuse d’un criminel. Non, je n’avais pas pu lui faire cela. Ne t’inquiète pas, j’irais bien. Cet amour n’a rien de rationnel, il est physique. Je peux tout nier, sauf le fait que je l’aime. Maman, pardonne-moi.

[A suivre ...]

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