Les mondes parallèles

Une minute de lecture

Homme blanc, bien vêtu, dans ta chambre dorée,
Tu passes en tes cheveux, tes doigts de manucure.
Déclamant à tout vent, tu te pâmes d'extase
Sur les accents parfaits de belles sérénades.

Tes phrases polissées sont douces à leurs oreilles.
Ils t'écoutent, t'admirent, à leurs yeux, tu es
Apollon à la lyre, ce dieu flamboyant,
Prêt à les éblouir de tes mots radieux.

Tu lévites et tu flottes en un ciel maculé
De louanges et d'éloges, entouré d'angelots,
Séraphins et archanges avalant crus tes mots,
S'empiffrant, dans la ronde étrange des dévôts.

Quelle bonté tes gestes ont pour ces gens célestes !
Quel amour du prochain, dans tes paroles tendres !
Ta belle compassion, ton entière empathie,
Fondent ton altruisme, ton souci de ces autres.

Mais qui sont ces autres ?

Ces autres,
Ce sont des hommes blancs dans des chambres dorées.
Ces autres,
Te sont tous identiques, ton reflet dans l'eau pure.
Ces autres,
Sont une variante d'une gamme brillante.

Mais sais-tu que là-bas, brille une autre lueur,
Plus pâle, plus ténue, que vos ors, vos grandeurs ?
Dans ces recoins cachés, les autres vous ignorent,
Dans ces dimensions, au bout d'un corridor
Guettent les sentinelles en haut des miradors,
Des hommes miséreux, des enfants du dehors.

Eux aussi, pour briller, ils s'entourent de pages, séraphins et archanges, que tu vois en démons, s'extirpant du limon, dégoulinant de fange. Dans leur monde grisâtre, aux cubes de béton, ils errent en hardes grises, hargneuses, furibondes. Tu les entends parfois aboyer leur dégoût, leur haine, leur colère, sans reconnaître en eux des hommes, tes égaux. De ces lieux pourtant, devenus les élites, ils gouvernent et soumettent, règnent les poings serrés. Ils sont la nouvelle garde des cages d'escalier, ils exhibent leurs pits et jurent sur leur bite. Tu ne les connais pas, tu ignores leurs rites, ne t'aventure pas dans leurs cités sinistres.

Vous habitez des mondes qui jamais ne se voient, qui jamais ne se mêlent, qui jamais ne convolent.

Ils existent vraiment ces mondes parallèles et ils sont reliés par quelques passerelles.

Ces passerelles sont bien gardées.
Garde-toi bien de les passer !!!

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