Confus

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Ma maison est un hâvre au milieu des saisons,

Où ma raison s'égard loin de vos oraisons.

Quand vos paroles vides dans les cieux s'envolent

Et convolent en nuées, insensées et frivoles.

Parlez, parlez encore et encore râlez !

Déballez vos humeurs, vos haines dévoilez !

Moi, je reste et m'asseois sur mes coussins de soie

sous mon toit de bourgeois, je suis sourd à vos voix.

Vos délires de martyres, vos gros mots de dévôts,

De vos cerveaux sont nés, comme du caniveau.

Casqués de vos idées, vos vils esprits fantasques

S'emmasquent et se camouflent, en soufflent des bourrasques.

Elles filent à tire-d'ailes, elles gonflent et s'amplifient.

C'est déjà la tempête, qui gronde et terrifie.

Elle dévaste le monde, elle mouche les chandelles,

Qui éclairaient fécondes, tous les coeurs infidèles.

Mon bateau peut craquer, ma voile se déchirer

Je suis blotti au creux de ce navire chéri.

Caché au fond d'un coffre, venez me dénicher !

Décochez vos grêlons et vos brumes crachez !

Chevauchez cette houle, et vos vagues enfourchez !

Naufragez-moi folles foules, de vos flots enragés.

Ici je n'entends rien, de toutes ces idioties.

Vos cris me semblent loin, étouffés, rétrécis.

Je suis une toupie qui tourne sans répit,

Cherchant son utopie dans la gyroscopie.

Mon allure de folie, tue ma mélancolie.

J'épouse le roulis, file jusqu'à l'oubli.

Vous pouvez faire de moi tout ce que vous voulez.

Tirez vos giboulées, tentez de m'écrouler !

Je tourne, roule, gyre et vire.

Renversez-moi, je me relève.

Vos mains me frôlent, je les rougis.

Vos pierres lancées, elles rebondissent.

Vous m'exilez, je reviens vite.

Je vis au centre d'un univers,

Trop bien rangé, trop bien réglé,

Où les astres, mes beaux objets

Sont soumis à ma gravité !

J'y contrôle tout, j'y domine tout,

Des tics et des tacs de l'horloge

Aux émotions de mes éloges.

Je suis de ce monde l'astre sombre,

Le trou noir au centre des ondes,

Insensible aux affres du temps,

Imperturbable capitan

D'un vaisseau fantôme voguant

Dessus les vallées endeuillées

Ou les sommets ensoleillés.

Mon œil unique semble rouler

En essayant de se saoûler

De la sublime variété

De la nature... quelle vanité !

Rien ne saurait l'émerveiller.

Ni le ravir, ni le choquer.

Il est le spectateur blasé

D'un cirque dont il a plus qu'assez.

C'est le revers de la médaille

D'un milieu par trop invariable.


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