Au fond de l'étang
Les larmes, les sanglots ont lavé à grande eau mon âme, mes idéaux, mes rêves les plus beaux.
A force de frotter, à force de gratter chaque nuit de l'hiver, chaque jour de l'été, mon coeur tout entartré, afin d'y déterrer quelque trésor caché, quelque ancienne pensée d'une belle vie comblée, il semble s'être érodé, s'être désagrégé, dissous au fil du temps dans une liqueur amère.
À présent, je le pense, il n'en reste plus rien qu'un noyau de colère, rugueux et rabougri, aigri et ennuyeux, comme sorti d'un boyau.
Cette petite graine, qu'elle est laide ! Qu'elle me peine ! Par sa faute, je crois, je ne saurai plus jamais comment dire "je t'aime" ou bien m'émerveiller du soleil au réveil, d'un sourire, d'une caresse, d'un regard amoureux.
Quelle est cette vision, qui enfle peu à peu ? J'ai l'impression étrange qu'à force de déboires, à force de défaites, je me suis retranché derrière les squelettes de mes passions passées et qu'à présent je guette de mon oeil de chouette, le magicien sublime qui saura m'extirper du tréfonds de l'abîme.
Pour le moment, je dors d'un sommeil léger, au fond de mon étang aux eaux obscures et vertes, tapi dans le néant, ma prochaine colère attend là patiemment.
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