5. La piscine

2 minutes de lecture

- Selon vous, quel était la raison de son silence ?

- Elle culpabilisait... par rapport à ma femme.

- Quand vous l'avez recontactée, comment cela s'est passé ?

***

Je n'avais pas pensé à lui demander son numéro de téléphone parce qu'on parlait par Messenger. Je savais seulement qu'elle habitait un village pas loin de chez moi. Alors, je me suis dit que je la croiserais sûrement un de ces jours, dans le centre-ville ou dans un magasin. J'ai attendu une semaine ; je devenais fou sans nouvelle. J'essayais de le cacher à mon épouse mais elle sentait que quelque chose n'allait pas. J'avais beau me repasser les photos d'Inès en boucle dans le studio, ce n'était pas suffisant. J'avais besoin de la voir, la toucher, la sentir près de moi. Alors, j'ai fouillé son Facebook, qu'elle n'avait pas très bien protégé. J'ai vu qu'elle parlait de l'équipe de natation qui se réunissait à la piscine communale. J'ai été faire un tour à la cafétériat qui donnait sur le bassin, elle était sublime dans son maillot de sport noir.

Et puis, je l'ai vue embrasser ce type, là sur le bord de la piscine. J'ai ressenti comme un coup de poignard dans le coeur. Il avait l'air ridicule avec son slip beaucoup trop serrant. Il n'avait rien à faire avec elle. J'avais remarqué qu'elle discutait toujours avec ses amies et quittait le bassin dans les dernières. Je l'ai bien attendue quelques fois dehors, mais elle était toujours accompagnée de son blanc-bec. Je m'étais dit qu'elle n'avait peut-être pas osé le quitter, en fait. Pendant la séance photo, nous n'avions pas eu le temps de parler de nous : elle ne savait pas ce que je ressentais, que j'étais prêt à tout quitter pour elle ! Il fallait que je lui dise.

J'ai donc décidé de lui parler, seul à seul. Un mardi, j'ai attendu qu'elle revienne dans les vestiaires après sa leçon. Pour être plus discret, je l'ai attirée dans une cabine en lui mettant la main devant la bouche. Je ne voulais pas que, par surprise, elle crie et que son petit-ami nous voit. Elle était si jolie avec ses cheveux mouillés, on aurait dit un petit chaton qui s'était perdu sous la pluie. Je lui ai chuchotté tout ce que je voulais lui dire depuis si longtemps : que je l'aimais et que je m'occuperai bien d'elle. Elle n'aurait pas besoin d'avoir "un vrai métier" parce qu'elle pourrait devenir le mannequin professionnel qu'elle désirait.

Elle s'est mise à pleurer, de joie. Je l'ai bercée dans mes bras et je l'ai embrassée. Ses lèvres avaient le goût de sel et de chlore. Elle m'a repoussé, de peur qu'on ne nous entende. Je lui ai dit qu'elle ne devait pas avoir peur, que je serai discret. Elle était si pudique, à cacher sa poitrine avec ses bras. C'est vrai que j'avais imaginé des lieux plus romantiques pour notre première fois, mais sur l'impulsion du moment... Je me suis un peu laissé aller. C'était merveilleux d'être en elle, je l'attendais depuis si longtemps.

Je l'ai quittée en lui disant qu'on se reverrait bientôt.

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