Chapitre 8

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Après avoir prévenu mes comparses de ce que j’ai vu sur le bateau volant, et après que Krorin m’ait prêté sa bague de communication, je me suis accrochée fermement à mon balai pour filer au plus vite au Palais. Je pouvais arriver avant le bateau, et c’était notre seul espoir de prévenir tout le monde de la menace qui arrivait. Les visions de Yumi et de Belladone m’inquiétaient, et même si nous avions beaucoup fait pour le Prince et son peuple, nous ne pouvions pas avoir connaissance de cette menace et ne pas faire notre possible pour les aider.

Sauf que, quand je suis arrivée, toute la ville était en effervescence. Tout le monde était sur le pied de guerre, les flèches enflammées prêtes à être libérées, deux énormes balistes brillaient à la lueur des flambeaux dans la cour du Palais, toutes les murailles de tous les quartiers étaient pleines de soldats, et même des mercenaires attendaient de pied ferme. C’est la devineresse, affolée, qui s’est précipitée vers moi lorsque j’ai atterri. Elle voulait à tout prix que je parte au plus vite, que notre groupe ne revienne pas à la ville, car c’est exactement ce que le bateau venait chercher. Deux d’entre nous, plus précisément, étaient particulièrement visés par les démons. Le Prince lui-même ne voulait pas nous voir revenir ici, et leur exhortation était si intense et si ferme que j’ai énormément douté du bien-fondé de notre intervention. J’ai utilisé la bague pour prévenir mes amis, et nous avons voté. La majorité, dont je faisais partie, à considérer qu’il nous fallait obéir à ce Prince qui était chez lui. Après tout, nous voulions les prévenir pour éviter un massacre nocturne, et ils étaient déjà tous au courant. Il voulait nous protéger, comme nous l’avions fait pour son peuple et lui-même. Soit. J’ai enfourché mon balai et j’ai filé, faisant un large détour pour éviter de tomber nez à nez avec le bateau. Je n’ai pu que constater au loin le début du combat, les balistes faisant leur office, permettant à des soldats de grimper le long des échelles de corde ainsi fichées dans le navire. Ce moyen de transport nous était dorénavant interdit.

Il a aussi fallu, alors que je revenais vers le reste de notre troupe, que je m’occupe de Yumi. Cette dernière, et son sens de l’honneur l’honore, ne voulait rien entendre de notre décision et filait vers la Cité bride abattue, poursuivie par Krorin qui tentait de la raisonner. J’ai hélas usé de magie pour la faire s’endormir en arrivant sur elle. Son cheval aussi, ainsi que le razorback, je ne contrôle pas la zone d’effet de ce que je ne devrais, pourtant, utiliser qu’en ultime dernier recours. Je me demande si j’arriverai encore à paraître devant Mémé Ciredutemps sans honte après mes aventures.

Nous l’avons chargé dans le chariot une fois que les autres arrivés, et après avoir éveillé les deux montures, nous sommes partis à l’est. Des rougeurs, dans le lointain, au milieu de la nuit noire, nous laissait supposer la violence des incendies dans la ville. Nous n’avions pas le cœur léger, mais c’était une décision choisie et assumée. Ce n’est qu’au petit matin que j’ai pris sur moi de réveiller Yumi, pour lui expliquer ce qu’il en était, et pourquoi j’avais agi ainsi à son encontre. J’ai la chance qu’elle me conserve son amitié malgré tout. En revanche, le renard nous a mystérieusement faussé compagnie. Puis, nous sommes arrivés à une petite bourgade un peu plus tard dans la journée, alors que pour ma part, je m’accordais quelques heures de sommeil.

Ce gros village n’avait pas vraiment plus d’informations que nous sur la situation de la Cité princière, mais ils s’apprêtaient à envoyer des renforts. Ils y ont, sur les conseils avisés de Seng, ajouté vivres et couvertures. Ce dernier avait laissé sa femme derrière lui, et j’ai trouvé son attitude très noble et très digne. J’imagine son déchirement intérieur. Nous avons tous profité de l’unique auberge pour nous délasser et nous restaurer. En fait, cela aurait pu tourner un peu mal, avec une bonne dispute de taverne, si Belladone n’avait pas calmé tout le monde en arrivant avec le kimono aux couleurs du Général. L’aubergiste a été aux petits soins pour elle, pendant que beaucoup de locaux désertaient les lieux. Pour ma part, je suis restée, et ai donc suivi, un groupe d’anciennes. Ses vieilles femmes étaient les plus à même de me parler des environs, des besoins éventuels ici même — après tout, mes compétences peuvent être mises à contribution partout — et même de ce qui nous attendait sur la route et, pour finir, de la localisation approximative de la fameuse Baba Yaga. Il faut dire que Yumi avait émis le souhait de se rendre devant elle, à la demande de son dieu. Cela ne nous éloignait pas tant que cela de notre route, et pour ma part, je considérai que nous lui devions bien cela. En revanche, nous n’avions à ce moment aucune idée de la raison qui motivait cette demande, et pensant que c’était pour quelque chose de personnel et intime, je n’ai pas posé la question.

D’un commun accord — le principe du vote semble avoir été adopté par tous —, nous avons pris la direction des pierres gravées au nord du village. Le chemin fut tranquille, mais arrivé sur place, je me suis rendue compte que je sentais de très vieilles traces de magie et de pouvoir. J’arrivais même à suivre une forme de piste à travers les arbres. J’ai alors proposé à Yumi de la guider, même si dans mon esprit, je ne souhaitais pas rencontrer la légendaire vieille femme. En fait, ce que les anciennes du village m’avait dit m’avait fait réfléchir, et j’avais donné l’information à mes camarades : on ne peut rencontrer Baba Yaga qu’une seule fois dans sa vie. Elle existe depuis des siècles. Elle peut répondre à une demande, mais exigera un retour pour conserver l’équilibre des choses.

J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas quoi lui demander, à part éventuellement un moyen sûr et certain de faire la peau au roi zombie. Et c’est en m’ouvrant de cela à Yumi que j’ai appris, avec stupeur, que c’était exactement ce qu’elle avait prévu de faire ! Moi qui pensais que c’était pour elle-même ! Et non, notre guerrière au cœur droit faisait passer le monde avant sa personne. C’est pourquoi, après avoir dépassé d’importants totems de bois gravé, encore plus anciens et plus forts à ressentir que les pierres derrière nous, nous sommes arrivés à la clairière avec le fameux arbre enchaîné. C’était le dernier point de reconnaissance qu’on m’avait indiqué. Un arbre attaché par de lourdes chaînes à plusieurs bornes de pierres. Et si Belladone, Ichiro, Seng et Nathanaël étaient restés aux chariots, le reste de la troupe découvrait l’endroit avec respect, et découvrait avec stupeur l’étrange être qui nous fixait de ses yeux blancs.

Bon, ma première réaction a été de me dire que c’était encore un démon, vu la dégaine et les larges cornes sur la tête. Mais heureusement, j’ai la tête froide et du bon sens. Il n’y avait pas de mouches autour d’elle, des grigris ressemblant à des fourbis pendaient de ses cornes, et surtout, Yumi ne brillait pas. Nous avons donc écouté, enfin, nous avons entendu sa voix dans nos têtes, vu qu’elle n’avait pas de bouche. En gros, nous devions tous rencontrer Baba Yaga pour partager le prix à payer pour la demande de Yumi. Vu que sa demande n’était pas personnelle, mais concernait notre quête, nous sommes convenus à l’unanimité que nous étions prêts à y aller ensemble. Nous avons prévenu grâce aux bagues ceux restés en arrière, qui sont venus immédiatement à l’exception de Seng. Ce dernier ne voulait pas gâcher sa chance unique de faire une demande à Baba Yaga. Je peux comprendre ce choix, et personne ne lui en a tenu rigueur. Après tout, lui était un local et avait toutes les bonnes raisons d’être mesuré. Il resta donc avec Nathanaël et nos deux chariots.

C’est ainsi que presque au complet, nous avons découvert l’étrange maison de la Baba Yaga, perchée sur des pattes de poulet. Proprette, mais encombrée de milliers d’objets et de livres, nous avons franchi ses portes avec plus de curiosité qu’autre chose. Ha, nous avons aussi mis des patins. « À Ankh-Morpork, fais comme les morporkiens. » Donc, chez la Babay Yaga, s’il y a des patins, on les utilise. Nous sommes civilisés. Nous entendions sa voix au fond, d’où elle demanda à un certain Viktor de jouer de la musique. Un être étrange possédant six bras, et autant de mains au bout, se mit à jouer d’un instrument de musique un peu bizarre : un instrument à cordes que je n’avais jamais vu encore. De sa voix enjouée, elle nous invita à venir la rejoindre. Les lieux étaient si étranges, que lorsque nous avons découvert ce que les différentes fenêtres nous montraient, nous n’avons même pas été pris du malaise que nous aurions dû ressentir en toute logique. Comment décrire cela ? Chaque fenêtre donnait sur un monde inconnu, sur des choses que nous ne comprenions même pas, sur des villes qui nous étaient tellement étrangères que nous savions tous qu’ils n’étaient pas d’ici. Il y en avait même une sous l’eau ! C’est un sentiment très étrange. Réalités ou rêves ? Nous n’avons pas cherché à en voir ni à en savoir plus, pour nous concentrer sur notre hôtesse. Vieille, rabougrie, des épingles plantées dans les joues, mais avec une espèce de joie et d’énergie qui se dégageait d’elle. Elle nous offrit un brouet d’une couleur verte et à la texture bizarre, mais délicieux au demeurant.

Il a été temps de passer aux choses sérieuses. Elle regrettait grandement l’absence de Seng, elle s’attendait à ce que nous soyons là au complet. Oui, elle connaissait les noms de chacun, et sans doute bien plus encore. Nous avons aidé Yumi à formuler le plus clairement possible sa demande : comment vaincre définitivement le roi zombie tout en détruisant le bâton maléfique. Et nous avons précisé que nous étions tous prêts à payer la contrepartie pour que l’équilibre soit maintenu. Bon, je ne sais pas si nous avons vraiment été beaucoup avancés, mais en tout cas, elle nous a révélé des éléments clefs : d’abord, que le bâton draine l’énergie de celui qui l’utilise sans le maitriser. Donc le roi zombie est en train de mourir, et son successeur risque d’être jeune et fringant. Faudra le tuer avant que la passation se fasse, en gros, pour plus de succès dans notre affaire. Personnellement, j’ai pas envie que le bâton me prive de ma vengeance de la mort de Mémé Cigalue. La deuxième chose, c’est que pour détruire le bâton — que j’aurais sinon volontiers gardé pour le confier à Mémé Ciredutemps — il faut quelqu’un de non humain, et qui soit prêtre. C’est donc pas gagné. On a du pas humain, à savoir Krorin, mais il est pas du tout prêtre. Ou alors, de la bière, et je suis pas sûre que ça compte. Ha, oui, elle nous a aussi grosso modo dit où étaient le bâton et son propriétaire actuel, à savoir dans un désert avec des tas de trucs dedans qui tracent une piste. Petit bonus également : nous savons maintenant que le bateau volant vient d’une ville appelée Atlantis, sur le bord du monde.

Avant de nous dire quelle serait la contrepartie à fournir, Baba Yaga nous a fait une deuxième proposition que nous avons très vite tous acceptée : celle de nous faire gagner quasiment deux mille kilomètres. Donc de nous emmener pile-poil dans le désert. Mais bien sûr, comme toujours, l’équilibre doit être maintenu. Et même pire : vu que nous ne voulions pas laisser derrière nous Seng, Nathanaël, les montures et les chariots, il a fallu payer pour eux. Alors, c’est un peu complexe parce qu’on paye pour les emmener, mais Seng paiera sa part pour la question de Yumi. En résumé, on devait donner chacun un objet qui nous est cher pour être emmené, plus un deuxième objet chacun pour ceux qu’on ne voulait pas laisser derrière nous, plus la contrepartie encore mystérieuse de la question de Yumi. Alors, franchement, cela commençait à faire beaucoup. Mais je me dis que la vieille femme n’était pas malveillante, et que, surtout, ça avait plutôt l’air d’en vouloir la peine, ce coup de pouce de la magie. Alors, parce que le sort du monde est vachement plus important que nos petites personnes, nous avons donné. Pour ma part, je me suis défaite de la fée dans son bocal trouvé dans le laboratoire du défunt Mage, et surtout de ma médaille offerte par Vétérini et que je portais autour du cou. C’était mon seul et unique bijou, et le lien concret qui me rattachait encore à mon exploitation et à ma ville. Les autres ont aussi donné des choses, et même à la place de ce pauvre Ichiro, qui, sorti de son monastère, n’avait de possession que ses vêtements et son arme. Et heureusement, nous avons eu le droit de reprendre un truc et un seul, parce que sinon il aurait fallu dépecer ce pauvre Arsène de son tatouage dans le dos. Puis nous sommes allés chercher Seng et Nathanaël. Bon, le premier nous a d’abord fait un peu la tête, parce qu’on lui forçait la main. Mais il a ensuite fait contre mauvaise fortune bon cœur quand il a compris que la demande de Yumi n’avait rien d’égoïste, au contraire même.

Ensuite, il a fallu payer pour les infos sur le roi zombie et le bâton. Alors, si on avait su, je crois qu’on n’aurait pas hésité une seule fraction de seconde. Parce qu’au final, il s’agissait de tuer le salopard de démon qui nous avait échappé dans la mine, que la Baba Yaga avait invoqué dans un pentacle dont il ne pouvait s’échapper. Il n’a pas eu le temps de réagir, quoique je suis sûre qu’il a tenté sans réussir. Entre l’extraordinaire flèche de Seng qui lui a ravagé les tripes et même un peu plus bas que ça, entre la furieuse envie de venger sa dulcinée d’Arsène, et entre nos coups à tous les autres, nous n’en avons fait qu’une bouchée ! Et pas de retour aux enfers pour cette sale bête : la Baba Yaga veilla à capturer son essence dans une fiole qui rejoindrait son cabinet de curiosités. C’était bref, intense, et tout à fait satisfaisant de le voir exploser ainsi. Et avec si peu de bobos, il faut bien le dire.

En fait, je pense que c’est cette victoire magistrale qui a expliqué ce qui est arrivé à certains d’entre nous ensuite. Parce que dans le genre infatué et pas du tout discret, je crois qu’on a eu de véritables champions. Bon, les deux mille kilomètres, on les a franchis grâce à une immense porte magique et quelques pas. On n’a rien senti. Vraiment, à part la chape de chaleur qui nous est tombée dessus, on aurait pu croire qu’on sortait juste de chez elle et c’est tout. Nous étions dans son fameux désert de la mort, donc nous n’avions jamais été aussi près du roi zombie. Et ça tombe bien vu qu’il faut qu’on le tue lui en version décatie plutôt que son successeur. En revanche, nous n’étions pas tout à fait arrivés à destination, et après quelques repérages de ma part à l’aide de mon balai volant, nous sommes finalement arrivés à une ville du coin. Et là, le début des ennuis aurait vraiment pu commencer.

Comment dire ? Les locaux ne parlaient pas notre langue, sauf un homme à l’entrée qui parlait nain. Il nous fit signe qu’il y avait une taxe à payer pour entrer, jusque là, rien d’anormal. Sauf que les esprits de mes camarades ont commencé à s’égarer. D’abord Yumi a exigé de payer autant qu’un homme, alors qu’elle coûtait moitié moins. Bon, l’orgueil de sa qualité de guerrière lui est un peu monté à la tête, soit. Mais quand j’ai vu Arsène qui voulait sortir un diamant pour payer les sept piastres demandées, là j’ai vu rouge. J’ai tenté de l’assumer proprement de ma poêle, mais son geste a donné l’idée à Krorin qui, lui, était trop loin de moi. Donc voilà la scène : à l’entrée d’une ville totalement inconnue, en plein désert tout aussi inconnu, on nous demande sept piastres… et nous filons un diamant qui vaut 125 pièces d’argent ! Le concept de discrétion est quelque chose de totalement étranger à la troupe avec qui je voyage. Enfin, heureusement, Arsène a veillé à ce que nous arrivions avec l’intégralité de nos affaires à l’auberge qui nous avait été désignée tant les gens ont voulu se servir eux-mêmes dans nos richesses étalées sans pudeur. En fait, même une fois sur place, entre les femmes à moitié nues et les enfants qui l’étaient totalement, nous avons compris que tout le monde chercherait à nous dépouiller. Même dans les chambres mises à notre disposition se trouvaient cachés des voleurs ou des espions, mis dehors manu militari par Arsène. Nous avons, de justesse, sauvé nos chariots et leurs contenus qui étaient bien peu en sécurité dans l’écurie de la bâtisse, et en payant plus que royalement pour « ce qui avait été prévu pour nous même si nous n’avons pas consommé », à savoir, j’enrage, un second diamant, nous avons filé ventre à terre dans le quartier nain. Parce que, dans leur grande bonté, les dieux nous ont au moins accordé cela : des gens à l’horizontalité contrariée mais, heureusement, civilisés.

C’est un vrai soulagement d’être arrivés auprès d’eux, et mes camarades ont même repris leurs esprits. Sans doute étaient-ils conscients que nous avions été passés à peu de choses d’être totalement dépouillés. Nous avons aussi fait la connaissance d’une charmante naine sans barbe, chose tellement rare qu’Arsène n’arrêtait pas de la dévisager. Elle a pu nous renseigner sur pas mal de choses, y compris par où se situait la suite de notre périple tout en nous déconseillant fortement d’y aller. Nous programmons un banquet festif grâce aux truffes offertes par Krorin, ainsi que quelques emplettes, car les tapis volants sont très intrigants et pourraient s’avérer sacrément utiles et pratiques. Bon, j’ai aussi eu un cas de conscience. Un vrai nain morporkien a reconnu ce que j’étais. Du coup, il m’a invité fortement à remettre mon chapeau, que je n’ai plus porté depuis que nous avons commencé à naviguer sur le fleuve Ankh. J’avoue que je ne savais pas si je le méritais encore, vu comment j’utilise la magie depuis que je suis partie. Et en plus, j’ai les cheveux courts. Il est devenu un peu grand pour ma tête. Parce que, oui, j’ai fini par le mettre. Après tout, cela me donnera une autre manière de voir le monde. Reste que pour marcher au plafond, ça va être compliqué sans épingles plantées dans les cheveux pour retenir mon chapeau.

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