Allongée sous ma couette. Dessous il fait déjà tiède alors que le thermomètre affiche dix-huit degrés. L'odeur âcre et boisée, pénétrante, des bûches sèches, s’échappe des cheminées alentour. Elle se glisse par les interstices des fenêtres. Elle me rappelle l'hiver proche.

Je suçote une pastille. Sans sucre. Profiter de la saveur douce et mentholée du bonbon jadis interdit au coucher. Plonger dans l'enfance insouciante.

Je saisis mon livre avec appétit. Mes muscles abandonnent leur maintien, mon cou s'offre à l'oreiller. Ambiance feutrée de plumes. Mes yeux accrochent les mots, les déchiffrent et je les oublie. J'étire mon bras vers le marque-page. Je tâtonne sur la table de nuit. Un flacon, un mouchoir, le pli rugueux du bois blessé par la lutte du temps. Le long bristol se cache derrière un coffret de secrets. Je le glisse entre deux pages, et dépose mon livre. Lumière éteinte. Les yeux fermés.

Le sommeil s’insinue, j'entends le silence. Je l’écoute, je l’attends, je m’en rassasie. Il est perturbé par des pulsations près de mes tympans, de ma perception. Ne pas penser. Je sens l’obsession poindre. Surtout, pas de préoccupation, pas de question, pas de regret. Puis-je m’empêcher de penser ? LA question à éviter ! Focaliser mon attention sur une sensation. Remonter la couette jusqu’au bout du menton. Sentir une fragrance florale sur mon avant-bras replié. Respirer, n’entendre plus que mon souffle régulier. Le rythme nocturne tout doucement m’emporte et je m’end...