Dix huit

8 minutes de lecture

Lena-rose

Depuis que je suis rentrée hier après midi, je n'ai pas eu le courage de sortir de mon lit.
En entrant, je suis directement aller sous la douche. J'avais besoin d'effacer ce sentiment étrange qui imprégnait ma peau et mon âme.
Je me suis créé un cocon sous ma couette, comme un refuge. Avec mon livre du moment et quelques gâteaux fait par Julia. Je n'ai pas eu le courage d'aller manger dans la salle commune avec les touristes de passage du airbnb.
Je voulais juste m'évader dans un roman et ne plus penser à rien.

Mais ce matin il faut que je me bouge ! Ma résolution à trouver un appartement est plus forte que la déprime. Et ça ne va pas se faire tout seul !

Je n'avais pas envie de croiser qui que ce soit, alors je me suis levé aux aurores, pris une douche rapide, enfilée une robe Camel genre chemise, passée une paire de bottines assortis et mis ma veste en jeans.

Ce qui est bien en Floride, c'est que même en automne il fait chaud. Pas besoin de se couvrir comme un oignon.
Je positionne mon oreille à la porte de ma chambre et surveille les bruits que j'entends.
Au bout de trois minutes, il me semble que la voie est libre.
Je me précipite comme une voleuse vers la porte de sortie et continue ma course environ dix minutes pour finalement m'arrêter près d'un banc dans un petit parc.
Je m'y assois pour reprendre mon souffle, car même si j'ai toujours été une danseuse, j'ai toujours détestée courir.
Je sors mon téléphone de mon sac et lance une recherche sur les appartements disponibles dans le coin.
Je ne m'étais pas rendu compte que les prix était si élevés. Je vivais en France mais je n'habitais pas à Paris pour autant. Les tarifs qui s'affichent devant mes yeux me paraissent exorbitant, pour un appartement d'à peine 25 m². Franchement faut pas abuser, qui peux se permettre de payer plus de 800$ pour ça ?
Persévérante et surtout n'ayant pas le choix, je continue mes recherches.

Au bout d'environ une heure à éplucher tous les sites en ligne, je tombe sur une annonce qui me semble enfin dans mes moyens.

Sans attendre, je téléphone au numéro indiqué.
Quelques minutes plus tard, j'obtiens un rendez vous pour la fin de journée.

Il me reste trois heures à tuer. Du coup j'en profite pour aller faire un tour dans les environs.
Depuis que je suis arrivée, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de découvrir cette ville.

Après ma ballade, à la découverte des magasins, bars, restaurants et autres sites touristiques du coin, je me retrouve devant un petit bâtiment enclavé, entre un garage vieillot et une usine désaffectée. L'endroit se trouve à l'autre bout de la ville près d'une zone industrielle.
Je ne suis pas vraiment rassurée mais c'est ça où rien !
Je sonne à l'interphone. Un homme d'un certain âge me reçoit . L'endroit a l'air plutôt propre. Il y a deux étages et cinq portes par étage.
Il ouvre celle qui se situait au deuxième étage, tout au fond du couloir.
Quand je pénétre dans l'appartement, enfin si on peut appeler ça comme ça, je suis assaillie par la tonne de poussière et la chaleur étouffante.
L'homme me fait faire le tour du logement. Ce n'est pas très compliqué. Il n'y a qu'une pièce, avec un coin cuisine tout de suite à droite, une rangée de placard dans le mur du fond et c'est tout.

- Excusez-moi, mais où sont les sanitaires ?

- Oh ma petite, vous savez pour ce prix vous n'aurez pas la chance de les avoir dans le logement.
Il y a une salle bain commune par étage.

Heu super ! Ça ne pouvait pas être pire !
Mais malgré tout je m'entends lui répondre :

- Pas de soucis, je peux m'y habituer. Je pense que je vais le prendre. C'est bien cinq cent cinq dollars
par mois charges comprises ?

- Oui c'est bien ça ! Il me faudra alors votre dossier complet : passeport, contrat de travail, titre de séjour...
Comme vous êtes ressortissante française, je vais aussi avoir besoin de deux mois de loyers d'avance, vu le montant du salaire que vous m'avez indiqué. Il vous faudra aussi un garant, ajoute-il de but en blanc.

Quoi !? Un garant ? Mais je vais trouver ça où moi ? Mince, j'y avais presque cru.
Je ne lui dis rien pour le moment, sur le fait que je peux, ni lui fournir un garant, ni tout les documents qu'il me demande.

A la place je hoche juste la tête, lui laisse mes coordonnées et quitte l'appartement qui aurait pu être mon refuge pour échapper à Will Colins.

La journée à été longue et décevante. Pourtant je me retrouve comme chaque soir au Club pour faire ce boulot que je déteste.

- Lena rose, m'interpelle Marco. Je peux te voir 2 minutes !?

Des frissons parcourent mon corps au son de sa voix.
Depuis le soir où j'ai compris que Marco n'était pas celui qu'il semblait être, il ne m'avait plus adressé la parole, on s'était juste croisé rapidement, mais rien de plus.
Je me demande ce qu'il me veut à présent.

- Oui, bien sûr.

- Voilà, je suis relativement satisfait de ton travail au club. Les clients apprécient ta façon de bouger.
Donc, avec Nick, on a décidé de te mettre un peu plus en avant. Je pense que tu apprécieras de pouvoir t'exprimer davantage au travers de ton art, me dit-il avec un sourire mauvais aux lèvres.

J'ai envie de lui hurler dessus. Pour moi ce boulot est tout sauf un art !
Mais je ne réponds pas. J'attends juste qu'il me laisse partir pour aller m'apitoyer sur mon sort.

Il ne semble pourtant pas en  avoir fini avec moi, il ajoute donc:

- Désormais, tu passeras les trois quarts de ton temps de travail sur les barres. De plus, tu ne porteras plus que des sous-vêtements en dentelles et des nuisettes transparentes. Le thème de ton nouveau personnage sera :
« La nudité chic à la française».

J'ai à nouveau de la bille qui me remonte dans la bouche, mes yeux me piquent, j'essaie de faire de bonne figure et de ne rien montrer.

- Des questions ? me demande-t-il.

Même si je sais qu'il a deviné sur mon visage la frayeur que m'a provoqué son annonce.
Je ne veux pas lui donner l'opportunité de me mettre encore plus bas, alors je réponds juste :
- Non, pas de question. Je pense avoir compris.

La soirée ne fait que commencer et il vient de me mettre le moral à zéro, ça s'annonce bien tiens !

J'ai enchaîné les danses, comme un zombie.
J'ai débranché mon cerveau, mes émotions et j'ai fait ce que l'on m'a demandé, en essayant de ne pas m'enmener plus d'ennuis que j'en ai déjà.

Ce soir, plus que les autres soirs, j'ai vraiment hâte de rentrer chez moi.

Habituellement, je sors par la porte de derrière pour ne pas être importunée par des clients. Mais ce soir, les videurs nous ont demandé de passer par le club car la porte de derrière est inaccessible en raison du changement du code de sécurité.

J'ai donc bien pris le temps de me démaquiller, enfiler un jeans, un pull léger et des baskets, pour passer le plus inaperçue possible.

En voulant quitter le Club , je pense reconnaître Hayden de dos, se diriger également vers la sortie. Soit mon cerveau me joue des tours, depuis l'inoubliable baiser, soit il me surveille et sa ça devient flippant.
Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, que j'entends cette voix qui m'horripile aux plus hauts points :

- Beau spectacle ma jolie ce soir !

Qu'est ce qu'il fout encore là celui-ci ? Je ne suis pas sûr que Julia sache qu'il passe tout son temps libre ici en ce moment !?

Je ne veux pas lui montrer que sa présence me perturbe. Je ne m'arrête donc pas et continue sur ma lancée, en direction de la porte de sortie et de mon arrêt de bus, pour enfin aller me blottir sous la couette, au fond de mon lit et oublier ma pathétique vie.

Le lendemain soir, j'arrive au club la boule au ventre en sachant pertinemment ce qui m'attends .

Et vu les vêtements que je viens d'enfiler, j'avais eu raison de m'inquiéter
Chaque pièce de l'ensemble est rouge, en dentelle et surtout ultra transparent. J'ai vraiment l'impression d'être nue. Je ne vais jamais réussir à faire mon travail dans cette tenue, c'est sûr !
Malgré mon mal-être apparent, Nick me presse de monter sur scène.

Je m'exécute alors que j'ai le cœur au bord des lèvres.

Ça fait au moins trente minutes que j'essaie de danser tant bien que mal. J'ai l'impression que les clients sont loin d'être satisfait par ma prestation. En même temps, pas étonnant, j'essaie plus de me cacher, que de danser.

Je vois soudainement, Marco qui était près du bar, arriver vers moi en me fusillant du regard.
Il se positionne à l'entrée de la scène et m'ordonne de descendre.
Arrivée près de lui, je lis dans ses yeux la colère qui l'anime.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'il m'attrape par le bras et m'entraîne derrière le rideau de la scène. Sa poigne est ferme et une douleur dans mon bras est saisissante.

- Écoute-moi bien la sainte ni touche, tu vas...

Il n'a le temps de finir sa phrase que je suis arrachée violemment de ses sales pattes.
Je n'ai pas besoin de me retourner pour deviner de qui il s'agit.
Son odeur, son aura, la chaleur de son corps... me rassure en une fraction de seconde.
Hayden se trouve là ! Juste derrière moi.

- C'est toi qui va m'écouter espèce d'enfoiré ! Si tu reposes, ne serait-ce qu'une seule fois, la main sur elle, je t'explose la gueule ! Compris ?

Il a annoncé ça à Marco, tout en enlevant sa veste et me la posant sur les épaules.
Immédiatement, j' en attrape les deux pans pour m'enrouler dedans et cacher ma nudité. Puis, comme un instinct de survie, je me blottis sous son bras, qui me maintient contre lui.

Hayden ne laisse pas le temps à Marco de lui rétorquer.
Il me porte dans ses bras et me conduit à l'extérieur du club.
Je n'ai opposé aucune résistance, bien trop contente et soulagée qu'il m'ait sortie de cette déplorable situation.
Une fois assise dans sa voiture, il me dit d'une voix dure :

- Je t'emmène chez moi ! Et c'est non négociable ! De plus, c'était la dernière fois que tu mettais les pieds dans ce club pourri.
Compris ?

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