Chapitre 5

6 minutes de lecture

Nous y voilà.

Je sors de la voiture, Liahn m'imite et viens se placer à côté de moi. On se lance un regard plein de rivalité et on s'élance. On se met à grimper la bute de terre et de pierre. On se tire la bourre en riant comme des gosses ! Je pose ma main sur la dernière grosse pierre, qui serre de plateau à cette petite colline, et cri triomphalement:

« Premier ! »

Liahn grogne, un peu plus bas :

« Aaaah ! Je gagne jamais avec toi ! »

Je ris et l'aide à gravir les derniers mètres. Une fois en haut, on peut admirer le paysage qui s'offre à nous. Une vallée entièrement recouverte de forêt. Tout semble lisse, comme si les arbres avaient la même taille. Tous d'un vert pétant, on remarque à peine la route qui zigzag sous eux.

Je soupire :

« -C'est magique quand même...

-Ouais, on dirait vraiment juste un grand tapis vert.

-Hahaa ouais ! »

Mon ami rajoute un peu plus bas :

« Hé, tu te souviens quand on avait vu ton amoureuse embrasser un autre ici ? »

Je fais une grimace et marmonne un « Ouais. » de dégoût. Premier amour, première déception. Ma vie est vraiment un échec de A à Z...

Mais le corps de Liahn se rapprochant, me fait vite oublier tous ces problèmes pas si important que ça. Il approche son visage du mien et me tend ses lèvres en murmurant :

« Tu veux te venger ? »

Sans réfléchir un instant, je tombe sur sa bouche et l'embrasse. Ses bras viennent tout de suite entourer mon cou. Ses lèvres s'ouvrent et avalent les miennes. En un éclair il se retrouve assis sur mes jambes croisées. Son bassin contre le mien me provoque un frisson qu'il me semble ne jamais avoir ressentit. Ses mains collées à ma nuque me maintiennent fermement contre sa bouche.

Moi je n'ose pas encore bouger.

Est ce que je dois faire comme avec les filles ?

Bah on va essayer...

Je prend mon courage à deux mains et le prend doucement par la taille. Il lâche alors un soupir et son corps glisse pour s’emboîter parfaitement au mien. Ses mains sont tombées dans mon dos pour laisser ses bras entourer mon cou. Maintenant nos deux bustes sont l'un contre l'autre. Et soudain je sens son corps onduler sur mon entre-jambe, qui se dresse presque d'un coup.

Je crois que je n'ai jamais autant été excité...

Mais Liahn cesse de bouger. Il lâche ma bouche et se mord les lèvres. Un sourire en coin me fait comprendre sa gêne. Il chuchote contre ma peau :

« Pardon mais...je veux pas qu'on se précipite. J'ai envie de prendre mon temps avec toi, Elio... »

Je souris à mon tour et pose un baiser sur le premier morceau de peau que j'atteins. Il glousse alors et me serre dans ses bras.

Nous sommes resté là des heures.

A parler et rire de tous nos souvenirs. Ça me fait tellement de bien de me rappeler de tout ça avec lui. J'ai l'impression, en nous écoutant, que l'ont a toujours été une seule et même personne. Toujours ensemble et toujours heureux.

Mais tout s'est brisé il y a plus d'un an : il est allé étudier à l'étranger. Et je ne lui ai jamais dis, mais le lendemain de son départ, je suis partit de chez eux aussi. Je ne pouvais pas vivre seul entouré de sa famille, qui se souvenait que de lui. Au bout de quelques heures je me sentais déjà en trop. Alors j'ai pris la route et me suis trouvé une chambre de bonne, mal chauffée, avec douches communes. Le seul immeuble à faire ça dans tout les villages alentour. Mais au moins c'était pas chère.

Mais une fois seul ça a été pire que tout.

Un énième désastre amoureux, la pression à mon travail, mon deuil toujours en suspend, les remarques de sa famille qui me répétait d'avancer et d'oublier le passé,...

Je n'y arrivai pas.

Tout avait un goût âcre et toi tu n'étais pas là...

Les pires mois de ma vie. Non, en fait rien n'a été plus horrible que de me rendre compte que je n'avais plus rien à faire là. Que j'étirais mes jours de vie pour des secondes de survit inutiles.

Alors j'ai pensé au suicide.

Et la suite vous l'a connaissez.

Mais là tout de suite tout ça est oublié.

L'homme que j'aime ne regarde que moi. Un léger sourire étire ses lèvres roses. Ses doigts fins caresse mes cheveux avec attention. Et moi je regarde son doux visage avec tout l'amour que je lui porte.

Après un moment de silence, Liahn propose finalement d'y aller.

Le soleil est haut dans le ciel, il doit être presque midi. Alors nous redescendons et repartons en voiture vers sa maison.

Une fois garé, on ne descend pas tout de suite.

La joie et l'excitation sont tombées d'un coup. Nos doigts s'entrelacent et Liahn s'approche de moi. Je l'imite, et comme si nous n'étions qu'un être, nous nous embrassons doucement. Mais le baiser fut de courte durée : Liahn a reçu un message. Il marmonne en le lisant :

« Ma mère me demande si je mange avec eux... »

Il répond rapidement au message et descend de la voiture. Après avoir soufflé un bon coup, je sort à mon tour. Mon ami rajoute en lançant un dernier coup d’œil à sa bagnole :

« Je prends pas mes valises tout de suite, on sait jamais... »

Un dernier regard de soutient, et il ouvre la porte. Sa mère apparaît tout de suite avec un énorme sourire. Puis c'est au tour de sa petite cousine de se faufiler dans l'entrée. C'est là qu'une pensée nous traverse l'esprit : pour son retour, sa mère, Marie-Jeanne, a dû organiser une grande réunion de famille...

Alors c'est un peu stressé que nous les laissons nous accueillir à bras ouvert.

Après une longue étreinte, et des centaines de questions, sa mère nous prend par la main et nous emmène dans la grande salle à manger. C'est une dizaine de regards souriants qui tombent sur nous, attirés par la voix puissante de la mère de Liahn :

« Nos fils sont revenus ! »

Tout le monde se lève et c’est la foire aux bises et aux embrassades. Il y a tant de monde à qui dire bonjour, que je perd un instant Liahn de vue ! Quand le calme revient doucement, on nous invite à nous mettre à table. Liahn, sans ressentir la moindre gêne, me prend par la main et m'assoie à côté de lui. Bien sûr, ce geste ne surprend personne. Il faut dire que l'on a toujours été très tactile nous deux...

Mais je vois dans le regard de mon ami que sa pression monte doucement.

Tout au long du repas, tout se passe comme il y a un an. Les voix sont fortes et rieuses, les plus jeunes chahutent joyeusement, les plus âgés marmonnent des choses que seul eux comprennent, et moi je reste silencieux. A profiter de cette ambiance qui m'avait malgré tout manqué.

Mais au dessert, Marie-Jeanne se lève et essaie de ramener le calme un instant :

« Tout le monde ! S'il vous plaît ! »

La grande femme blonde, réussi rapidement à imposer son autorité et à faire taire l'assemblée. Alors, elle commence :

« Je pense qu'il est temps de montrer la surprise à mon Liahn ! »

Là, mon ami se décompose. Je devine facilement ce qui lui fait si peur. C'est pas le jour pour le récompenser pour quoi que ce soit, vu comme il va sûrement les décevoir...

Alors il se lève presque instantanément, et couvre les dernières brides de voix de sa mère en criant :

« Avant je dois vous annoncer quelque chose ! »

Le silence envahit la pièce, et sa mère le dévisage sûrement vexée qu'il lui ai coupé la parole.

Je sens mon cœur s’accélérer et mes joues chauffer. Je n'aime pas du tout cette situation. Alors je laisse mes mains tomber sur mes genoux et baisse les yeux pendant que mon ami reprend :

« Maman, assieds toi. Je sais pas si cette nouvelle va te plaire... »

Mari-Jeanne fronce son visage à peine ridé mais finit par s'asseoir. Des questions fusent, des voix plutôt inquiète s'élèvent. Surtout chez sa tante : Marie-Hélène. La jeune femme brune garde, comme à son habitude, un visage grave voir sévère :

« Ne me dis pas que tu as mis une jeune femme enceinte... »

Sa question me glace le sang. Non Marie-Hélène, c'est pire que ce que tu crois...

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