Epilogue

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Nous voilà rendus à la fin de ce livre : je m’arrête là dans l’évocation de mes souvenirs. Car pourquoi continuer ? Elle connaît déjà la suite.


Cette suite, peut-être pourrais-je tout de même vous en donner les grandes lignes. Je vécus une fin d’année véritablement merveilleuse, j’avais du mal à croire en ma chance. Nous emménageâmes ensemble dès l’année suivante, à Rennes, dans un charmant petit appartement de 35 mètres carrés au rez-de chaussée d’un immeuble ancien à la façade classée. Bien sûr la cohabitation ne fut pas toujours facile : nous devions apprendre à vivre ensemble. Nous apprenons encore.

Nous déménageâmes souvent : au total, en comptant la première année à Nantes, pendant douze ans nous changions d’appartement et de ville chaque année. Par deux fois cela nous sépara momentanément. La première fois, je fus contraint par mes études de faire une année à l’étranger, et je partis pour l’Espagne tandis qu’elle retournait à Nantes chez ses parents. Ce fut une année extrêmement dure à vivre pour moi, mais elle nous rapprocha encore davantage et nous abordâmes l’année suivante sur la base d’un amour encore plus solide. La deuxième fois fut moins difficile : je fis une année à Nancy pour étudier la musique dans une école spécialisée. C’était loin, mais je restais en France et il y avait beaucoup de congés, nous nous voyions donc souvent, et nous pouvions au moins nous téléphoner facilement.

C’est d’ailleurs la seule chose que je regrette de ces séparations : les longues conversations au téléphone, quand nous appelions l’autre uniquement pour goûter au plaisir d’entendre le son de sa voix.

Il y aurait beaucoup à dire sur toutes ces années : les voyages, les chats, nos deux enfants… Mais ce ne sera pas pour ce livre-ci.


Cependant, si j’en ai fini avec la chronologie des événements, cela ne signifie pas que tout est terminé : la réflexion n’est pas tout à fait achevée. Rappelons-nous : ce livre était une quête à la recherche de mes émotions. Alors, les ai-je retrouvées ? Me replonger dans mes souvenirs m’a-t-il permis de surmonter les blocages que je percevais au fond de moi ?

A première vue… pas vraiment. Je n’ai pas eu de grande révélation, je n’ai pas subitement déterré un événement auquel je n’aurais pas déjà repensé ou qui aurait éclairé toute mon existence d’une lumière nouvelle. J’ai certes accédé à certains sentiments particuliers, en me souvenant comment je les avais ressentis, toutefois leur remémorisation ne m’a pas fourni un accès facilité à mes émotions dans leur globalité.

Mais en même temps… Il s’est passé un nombre incroyable de choses depuis que j’ai commencé à écrire ce livre il y a à peine plus de trois mois. J’ai par exemple repris contact avec mes camarades du collège et du lycée. Je suis retourné sur les réseaux sociaux me reconnecter avec d’anciennes connaissances. Je me suis fait de nouveaux amis. J’ai écrit à Francis pour lui expliquer ce que j’avais sur le cœur depuis vingt ans et que je n’avais jamais osé lui dire. J’ai commencé à prendre confiance en moi, et j’apprends à alimenter mon énergie de façon positive. Je tente de me bâtir un futur, et j’apprends à ne plus avoir peur de l’inconnu : je comprends que je vais me réaliser dans un monde qui pour le moment m’est caché, et je m’ouvre à l’univers pour pouvoir y accéder. Je change, j’accueille les changements, je les crée. Je tente de construire ma vie pour recommencer à avancer.

Surtout, je me suis remis à écrire. Et c’est en cela que cette autobiographie m’a véritablement changé : elle m’a rappelé qu’en écrivant j’étais dans mon univers, qu’en créant grâce aux mots j’étais à l’aise, détendu, serein, mais aussi puissant, vivant, déterminé. Je redeviens un écrivain. Et ainsi s’achève ma quête : avec succès. Oui, car je me suis finalement bien reconnecté à mes émotions. Je ne les ai pas trouvées au fond de moi comme je l’imaginais, mais je les découvre sous mes doigts, à l’intérieur des phrases que j’écris en tapant sur mon clavier, bercé par la musique qui enveloppe la bulle dans laquelle à la fois je m’enferme et je m’ouvre quand je laisse jaillir les mots.

En vérité j’avais dès le départ conçu ce livre comme un outil qui allait me permettre de me remettre à écrire. Et cela a fonctionné : non seulement j’ai repris l’habitude d’écrire, mais je l’ai fait en acquérant petit à petit la conviction que c’était quelque chose de vital pour moi, et qu’en me redécouvrant écrivain, j’allais revivre. C’est ainsi que je retrouve mes rayures.


La suite de l’aventure, ce sera donc d’écrire un autre livre, dans lequel je laisserai se déployer mon imagination. Je n’ai pour le moment aucune idée de son contenu, mais cela ne m’effraie plus : je sais qu’il existera. Et j’espère qu’il vous plaira.

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