Chapitre 2 : Rencontre divine

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Marie se trouva enfin devant son lieu de résidence après une courte marche. Pendant cette dernière, elle avait remarqué que tous les logements des étudiants, étaient en réalité des petites villas, accablant la jeune fille de tant de luxure.

Intriguée par autant de richesse, l’humaine fraichement débarquée ouvrit, dans un soupir, une superbe porte blanche avec le numéro 62 inscrit à son sommet. En entrant dans la magnifique demeure elle vit que son intérieur était équipé à la fine pointe de la technologie.

La locataire avança droit devant et s’enfonça dans un couloir en cul-de-sac, comme hypnotisée. Car en l’instant même, d’une porte entrouverte, s’échappait une voix d’homme. Elle était grave mais douce à la fois et résonnait comme du cristal pendant que son propriétaire nous faisait cadeau d’un divin chant.

L’incroyable mélodie semblait venue des plus belles eaux et son ton fluctuait magnifiquement tel des dauphins s’amusant avec les courants marins. L’association des différentes notes lui inspirait la beauté d’une citée aquatique présente dans un film d’animation qu’elle avait visionné étant enfant. Quant à l’air enchanteur, il rappelait à la demoiselle, un calme après-midi à la plage.

Tellement obnubilée, la brune ne se rendit pas immédiatement compte qu’elle avait franchi la porte du couloir et atterrie dans salle, au plancher fait de céramique polie, contenant un immense bassin. Marie, manqua un battement en apercevant l’origine du son l’ayant plongée dans une sorte de transe. Il s’agissait d’un jeune homme à la queue de poisson. Le jeune triton tenait sa nageoire de manière à appuyer sa tête sur ce qui devrait être ses genoux. De courts cheveux ondulés couvraient son rond visage d’un rideau bleu nuit nuancé. Dans ses yeux se reflétaient une beauté aquatique à couper le souffle. Sur le cou de l’homme-poisson, on pouvait apercevoir de fines branchies, lui permettant de respirer dans les profondeurs de cette élément vital. La douce intruse se permis de laisser vagabonder son regard vers le bas de l’individus marin. Et ce qu’elle vit ! Pour parfaire ce sublime ensemble, la fameuse queue était tout simplement magnifique avec le même coloris que sa masse capillaire. À la seule différence que plus on descendait, moins la teinte se faisait foncée, se finissant sur un simple bleu ciel. Puis une gracieuse membrane, tout à la fin, venait compléter l’ensemble.

Admirative -et gênée de l’avoir si impudemment observé- sa spectatrice ne put s’empêcher de le trouver attirant et merveilleux, du moins, physiquement.

-Merci du compliment, cela fait plaisir.

À cette intervention, elle le vit s’incliner légèrement, plaçant le côté de ses mains sur ses tempes, paume face au plancher.

Se rendant soudainement compte qu’elle avait pensée de vive voix, Marie fondit immédiatement en excuse. Mais, elle fut presque aussitôt interrompue par l’homme qui entreprit de se présenter :

-Vous n’avez pas à quémander le pardon gente dame. Je me nomme Aqua, troisième divinité de la trinité sirénique, représentant des eaux colériques et rageuses. Je suis ravi de vous rencontrer en ces lieux si incongrus pour ma personne.

-Également ravie de faire votre connaissance, Aqua… Mais elle poursuivit mal à l’aise par un détail, dire que mon Seigneur n’est pas unique est blasphémer. Aussi, insinuer que vous êtes dieu l’est encore plus, conclut-elle d’une voix douce mais ferme.

Elle continua :

- Je suis sincèrement navrée, cependant je vous prierais de ne plus récidiver en ma présence.

Sur le visage de son interlocuteur, elle vit passer un éclat de compréhension poursuivi d’un air dépité obscurcissant ses paisibles traits. Il sembla songé quelques instants à argumenter pour prouver son point, mais se résigna finalement, comprenant que ce serait inutile. Il finit tout de même par invité la dame a visité la maison voyant qu’il était fine sèche et avait retrouvé se jambes.

Malgré l’enthousiasme que sa proposition suscitait chez elle, Aqua pu remarquer du dégout dans ses iris printaniers. Afin d’en comprendre la raison, la divinité baissa son regard océan vers son entrejambe, puis compréhensif, il regarda à nouveau sa colocataire – du moins s’en doutait-il -.

Il lui dit qu’il n’était pas réellement nu et que ses écailles à cet endroit faisaient office de culotte. Pour prouver ses dires, il enfila un short beige et une camisole bleu électrique. En soit la tenue du parfait touriste balnéaire.

Ensemble, le duo se mit donc en route dans leur exploration de la demeure. En quittant la salle contenant la piscine, ils atterrirent dans une chambre somme toute banale, mais ayant toutefois une décoration rappelant la plage. Sortant, finalement de cette endroit la croyante remarqua sur la porte, toute aussi blanche que l’entrée, un panneau argenté avec « Aqua » gravé sur sa surface.

Soudain Marie qui réalisa qu’elle ne s’était toujours pas présenter, ouvrit la parole :

-Pardon, mais je n’ai toujours pas … elle voulut continuer, mais fut soudain coupée par le bleu.

-… pu vous présenter, dit-il, un sourire moqueur aux lèvres, allez-y faites donc. Mais, honnêtement savoir qui vous êtes, Marie, finit-il accentuant sur le prénom féminin.

-Comment le savez-vous ? répondit-elle, choquée.

-Et bien, je vous ai vu, ma chère, observer l’écriteau sur ma porte de chambre, rétorqua-t-il, démontrant un grand sens de l’observation. Vous devez vous en doutez – enfin, je l’espère – mais je ne suis pas le seul à en être pourvus.

Il prit une profonde respiration, puis continua sa tirade :

-Avant votre arrivé, dame Marie, en cherchant ma couche, j’ai remarqué quelque chose. Elles se trouvaient toutes dans le même couloir. De plus, chacunes possédaient une plaque gravée au nom de leur propriétaire respectif. Vous étiez la seule demoiselle de notre humble collocation, ma dame, je me suis donc permis d’en tirer mes propres conclusions.

Tout à coup la demoiselle fut saisie d’une peur panique et titanesque. Même si la réflexion du triton tenait de la logique la plus primaire, elle ne put s’empêcher de paniquer.

Constatant sa fulgurante terreur, Aqua s’empressa de lui demander pardon et jura ne pas vouloir l’effrayer, démontrant une légère maladresse sociale.

Rassurée, elle retrouva sa logique et lui concéda son point, attendrie par la détresse du jeune homme.

En continuant leur ballade, les deux étudiants arrivèrent dans une petite bibliothèque au style victorien. Sur les étagères on retrouvait les livres des différents cours de chacun des locataires. Sur un magnifique divan couvert d’un doux velours rouge, un homme lisait un roman russe. Il était vêtu d’un uniforme militaire serti de multiples médailles et laissait une longue chevelure corbeau reposer paresseusement le long de sa svelte silhouette. Se rendant compte de deux présences intruses, il leva deux mirettes de couleurs sang et leur demanda dans la langue de Tchaïkovski :

-Kto ty ?

Voyant les visages intrigués d’Aqua et de Marie – qui ressemblaient franchement à des merlans frits, avec leurs yeux écarquillés à l’extrême – le russe, répéta, mais en anglais cette fois :

- Qui êtes-vous ?

Malgré le ton froid et ennuyé du slave, la religieuse entreprit tout de même de se présenter sympathiquement. Puis, elle en fit de même pour son compagnon, afin d’éviter son long discours. Le noiraud lui répondit, soudain curieux :

-Une seconde, tu me dis quelque chose… il fit une courte pause, puis reprit, moqueur. C’est donc toi, l’inconsciente désorientée que j’ai croisé dans la forêt! Alors, beauté, tu peux m’expliquer ce que tu faisais en robe d’été en plein mois de septembre, espèce de sotte ?

Devant cette méchanceté gratuite à son égard, Marie resta coi. Le triton, lui n’en fit aucun cas et entrepris de le saluer de cette manière si particulière qu’il lui à servis, une quinzaine de minutes. Face à ce salut, le soldat aux yeux de rubis leur donna, néanmoins, son identité :

-Je me nomme Iosif Nabokov. Maintenant, si vous le voulez bien, j’aimerais que vous dégagiez des lieux. Vous troublez le silence, réclama-t-il d’une voix dure.

Sur ces paroles pleines de bonté et de sympathie – notez l’ironie -, ils lui obéirent. La donzelle continua à découvrir sa nouvelle maison, seule, le dieu ayant voulu retourner patauger dans sa piscine.

Ne faisant pas attention à ou elle allait, elle atterrit dans un petit salon. Là, un homme la fixait d’un regard noir.

Comme Iosif, il avait la tignasse ébène, seulement, ici, elle s’arrêtait à son menton. Tandis que ces yeux, on pouvait se noyer dedans. Non pas car ils étaient merveilleux, mais car leur noir était plus sombre que le néant. Ses vêtements, eux semblait très provoquants – selon elle. Ils s’agissaient d’un jean troué et d’une veste en cuir, tous deux de la même couleur, laissant apercevoir le torse. D’une élocution pleine de colère sourde, il s’exprima avec dégout :

-Alors comme ça t’est un de Ses toutous, cracha-t-il en constatant un rosaire reposant sur sa poitrine. Je sens qu’on ne va pas s’entendre, toi et moi… siffla-t-il, doucereux.

La jeune fille était restée sur place, effrayée. Il avança vers elle et se stoppa à la hauteur de son visage. Puis il reprit :

-Si j’étais toi, j’enlèverais ce foutu chapelet. Car, autrement, tu regretterais d’avoir croisé la route du démon Statera.

Ensuite, le démon s’en alla, laissant sa victime pleine de doutes.

Marie, elle, se demanda comment elle allait survivre à cette année, entre un triton se prenant pour Lui, un homme froid et mesquin – qu’étais- t-il d’ailleurs ?- ainsi qu’un suppôt du Malin. Et ça, ce n’était que le début. Dieu seul savait ce que l’avenir lui réservait…

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