The Never Promised Neverland (défi)

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The Never Promised Neverland (défi) by, Plumes de Soleil

Les moins de quinze-seize ans, âmes sensibles, etc, évitez de le lire s'il-vous-plaît. Merci !

« Docteur Darwin ! Docteur Darwin !

Un petit garçon courait en tous les sens dans l'hôpital, à la recherche de l'adulte en question. L'homme sortit du laboratoire d'analyse, la nuque en sueur et les lunettes en travers de son long nez.

— Qui est blessé, Mugen ?

Mugen s'embroncha dans les jambes du docteur.

— Une araignée a mordu Élisa ! a-t-il crié, si fort que sa voix aiguë se répercuta contre les dédales du bâtiment. Ça lui a laissé un gros bouton rouge tout pas beau !

— Où est Élisa ? Le docteur Laurel est occupée ? »

Au lieu de répondre, l'enfant suivi sa propre logique et se mit à pleurer en essuyant ses sécrétions nasales sur le pantalon du trentenaire. D'autres enfants vivants à l'hôpital sortirent des différentes pièces de jeux pour observer la situation. Les pleurs de Mugen déclenchèrent chez sa fratrie un instinct purement exécrable, pourtant utile à ce moment précis. Tous pleurèrent en cœur, amplifiant le bruit, détournant l'attention du docteur Darwin et des caméras de surveillance qui filmaient à présent le couloir noir de têtes touffues. La panique venait de s'installer en un instant ; Mugen commettait un caprice ordinaire, l'incident paraissait banal.

Hors, cela n'avait absolument rien de banal.

Avalon, Ivory, et Héfina préparaient le coup depuis des semaines. Rien ne se laissait aller ou décider au hasard. Pas quand leur vie entraient dans la partie aux issues incertaines. Ivory et Héfina avaient placé des pièges pour distraire les petits, et par extension, les adultes et les caméras, tandis qu'Avalon s'était personnellement chargé de supprimer le docteur Lauren. Malgré ses sentiments pour la femme qui lui servait de modèle maternel, le jeune homme n'avait pas hésité en comprenant la vérité sur ce lieu qui les gardait confinés depuis leur naissance. Il fallait s'enfuir, vite, avant de finir comme tous ceux ayant atteint leur puberté. Disséquer comme des rats de laboratoire. Avant qu'Avalon et Ivory ne découvrent une pièce cachée remplie des macchabés de leurs frères et sœurs « partis grandir dans le vrai monde», les docteurs Darwin et Lauren expliquaient aux enfants qu'à partir du milieu de leur puberté, ils pourraient aller vivre dans la société, car leur maladie contagieuse aurait disparu naturellement... Maintenant, le trio d'amis avait atteint un point de non-retour. S'ils loupaient leur évasion, ils se savaient condamnés et réduits au silence éternel par leurs mentors.

Dès qu'ils furent assurés que le docteur Darwin ne pouvait pas partir à leur trousse en cas d'urgence, ils coururent le plus rapidement qu'ils le pouvaient jusqu'aux limites du domaine décoré par la végétation. Un mur de trois mètres devait être escaladé en premier. À l'aide de draps volés aux ordures, ils se hissèrent un à un du côté inexploré de la palissade ; hélas pour les trois adolescents, il restait trois clôtures électrifiées et gardées par une technologie qu'ils n'avaient pas pour habitude d'utiliser. « Qu'importe, s'exclama Héfina, j'en fais mon affaire ! » Elle sortit de sous sa robe les instruments chirurgicaux volés au cadavre du docteur Laurel. Une fois le boîtier électrique repéré, elle dévissa le socle, coupa les fils précisément et rebrancha certains câbles pour ne pas activer les sirènes d'alarmes.

« Nous allons sortir du périmètre des cartes, expliqua-t-elle à ses acolytes. Je dois, une dernière fois, vérifier que vos données sont désactivées.

— Dépêchons-nous ! alerta Ivory en glissant le haut de sa robe sur ses hanches. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le moindre risque inutile, et encore moins de perdre du temps précieux et vital. » Tous trois acquiescèrent en se dévêtant de leur haut et soutien-gorge. Les cartes, incrustées dès la naissance dans le dos des bambins, s'utilisaient comme de petits écrans tactiles, où chaque donnée biologique de l'individu était précieusement conservée. N'attendant pas que l'heure tourne, Héfina vérifia la carte d'Avalon.

Sexe : F (trans- à 4) Naissance : 29/07/2436 (15) Prénom : Avalon Numéro :569874 Taille : 1m74 Poids :71,8 kg Groupe sanguin : O+ Pathologie ou autres : Insomnie maladive

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« Il est hors de contrôle » les soulagea Héfina avant de passer à la carte de son amie.

Sexe : F Naissance : 12/04/2436 (15) Prénom : Ivory Numéro :569842 Taille : 1m59 Poids :66,3 kg Groupe sanguin : A+ Pathologie ou autres : Diabète (surveillé)

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Avalon suivi les consignes d'Héfina, et appuya là où elle lui indiquait le design des gadgets. Il mit un peu plus de temps que l'amatrice en informatique, mais il y arriva quand même en un temps record.

Sexe : F Naissance : 05/01/2436 (15) Prénom : Héfina Numéro :569838 Taille : 1m65 Poids :61,7 kg Groupe sanguin : AB- Pathologie ou autres : Myopie axile (port de verres correcteurs)

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L'adrénaline de cette première victoire face à l'hôpital cauchemardesque leur permit d'escalader les niveaux de grillages jusqu'à enfin voir une étendue herbeuse menant à un sous-bois. Plus bas, par-delà la densité d'arbres, s'élevaient des buildings étincelants sous les rayons du soleil. Un silence anormal planait lourdement sur le paysage. Le ciel bleu-gris n'accueillait ni nuages, ni oiseaux.

« Courez sans regarder en arrière ! » ordonna Avalon en courant aussi vite que lui permettaient ses muscles déjà endoloris par le manque d'entraînements. Il voyait vaguement défiler sous ses pieds des petits cailloux, quelques insectes... En soit, rien de potentiellement dangereux.

Le trio ne fut pas capable de sentir le danger arriver. Quand un pied malchanceux se posa sur le déclencheur du mécanisme, des mines enfouies, ça et là, trois centimètres sous la terre explosèrent à la chaîne. Deux voix se firent entendre en un hurlement de désespoir.

« HÉFINA ! » rugit sa sœur qui se retourna pour vérifier si la jeune femme continuait de courir. « Ivory, ne regarde pas et cours sous les chênes ! » Avalon venait de faire demi-tour pour tirer celle qu'il aimait par le bras. « On ne peut... pas... la laisser... là-bas » implora Ivory. Le couple s'écarta au dernier moment en évitant une violente projection de terre rocheuse. Vingt mètres plus haut, ils venaient d'assister au même traumatisme ; les membres de leur sœur, éclatés autour d'un cratère de bombe, tintés de rouge coulant en longues larmes.

Héfina s'en était allée.

Le jeune homme soutenait presque l'entièreté du corps de son amie. Il s'assura qu'elle ne s'était pas évanouie sous le choc : « Ivory, tu tiens bon ? » ; par miracle, elle réussit à répondre :

« Oui.

— Parfait, nous y sommes ! » a-t-il menti pour encourager la jeune femme à courir en dépassant ses forces.

Une seconde explosion leur arriva de face.

Ils tombèrent sur le sol glissant et roulèrent sans réussir à se redresser jusqu'en bas de la pente, à l'orée du bois. Des craquements peu rassurants s'échappèrent de leurs membres ; Ivory gémit en essayant de se lever ; sa robe trouée limitait ses mouvements. « Par les dieux... » murmura Avalon. Le bras d'Ivory abordait une tout autre position, dans un angle humainement impossible. Des éclats de pierres avait été projetés dans sa poitrine. Sa jambe pliée sous son corps laissait deviner plusieurs os cassés et certainement déboités. Ivory peinait à respirer, ses yeux roulants dans ses orbites semblait chercher un point à fixer. « Il n'y a que du noir... » paniqua-t-elle à travers des larmes silencieuses. Le jeune homme se retint de vomir et réfréna son sanglot. Il inspira profondément, en cherchant désespérément un moyen de la soigner. Il refusa de croire en son constat.

« Nous survivrons pour Héfina, Sascha, Luna, Vesper, et toute notre famille, supplia Avalon. Nous avons le devoir de nous accrocher à la vie. Nous devons revenir avec du secours pour libérer tout le monde. Seul, je suis impuissant...

— Ava... lon ?

Ivory n'entendait que des échos indistincts s'emmêlant dans son esprit ; elle ne voyait que la face trouble du garçon.

— Tu as le devoir de rester avec moi pour toujours ! reprit-il, le visage ravagé par la peine.

Ivory le voyait comme la première fois où elle s'était sentie amoureuse de lui ; les yeux emplis d'un amour jeune et idyllique. Elle se savait mourante, même si son ami tentait de lui cacher le sang se déversant sur l'herbe verte. Les yeux larmoyants du survivant gâchaient l'incroyable lueur de passion qu'il avait toujours affichée. Ses lèvres sèches tremblaient aussi fort que le corps glacé et agonisant d'Ivory.

— Sauve-les tous, demanda-telle en une ultime requête, et vis pour nous. »

Le corps de la jeune femme s'affaissa en un ultime spasme dans les bras de son ami. Aussi froid que la terre. Aussi froid que la glace. Aussi froid que la mort. Aussi froid que le cœur d'Avalon. « Ivory ! Ivory ! Ne ferme pas tes yeux ! Par pitié ! » implorait-il au ciel en serrant l'enveloppe vide. « Rendez-la-moi » répétait-il telle une prière infernale.

Quand deux silhouettes sortirent du bois en direction d'Avalon, le garçon ne bougea pas d'un cheveux. Son parcours s'arrêtait là. Il n'avait pas hérité du caractère impétueux d'Ivory, ni de son tempérament à toutes épreuves. Lui, il abandonnait rapidement. Il aurait dû mourir en premier. Pourquoi devait-il être le seul encore debout ? Jamais de sa vie il ne s'était senti aussi impuissant et dépourvu. Armes pointées sur sa tempe, deux robots à l'apparence humaine tenaient Avalon en joue. Alors c'était ça, l'extérieur ? Héfina et Ivory avait disparu à jamais pour deux misérables I.A. ? Il restait muet face aux inconnus, et serra le plus fort possible la tête d'Ivory contre sa joue.

« Ici surveillant H0456, grésilla une voix à travers le métal de la tête du robot. Que fait-on du fugitif restant ? »

Les secondes les plus longues de la vie d'Avalon s'écoulèrent en plusieurs heures, défiant la loi de l'espace-temps. Fatalement, un simple mot sortit de la radio incorporée dans le bras de l'humanoïde.

« Feu. »

La détonation qui s'en suivit délivra Avalon de ses souffrances. Ce monde rêvé, pour lequel ses proches avait offert leur existence, était pourri jusqu'à la moelle. Comme tout le reste. « Le pays imaginaire » méritait son surnom. Personne ne pourrait l'atteindre avec un corps mortel. Avalon espéra en son dernier instant qu'on le laisserait rejoindre Ivory et sa famille. Être seul dans la mort se révéla être aussi terrifiant qu'être seul dans la vie.

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