chapitre 4

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Chapitre 4

À l’arrivé de Fleurette aux portes du village, l’inquiéteuse émotion tenait déjà la foule agglutinée en ses mâchoires acérées tels les crocs carnassiers d’une meute de loups affamés se refermant impitoyables sur fraîche biche esseulée dans frileuse steppes neigeuses et isolées perdues dans les infinies circonférences des vagues périphéries de ce monde.

« attendez ! Ce n’est pas UN ogre ! Il y en a plusieurs ! Plusieurs ogres ! » Hurla lugubre la vigie affolée à l’affolé attroupement villageois qui franchi à ce signal plusieurs degrés dans sa paniqueuse agitation. À ces mots, le vaillant Gourdin récemment reculotté qui arrivait instamment sur la place lâcha laconique :

« Si ogre tant craint

Agité par la faim

Croise ton chemin

Garde de n’être du festin... »

Et la grosse Hilda, la barde buboneuse, d’entonner ce lugubre refrain :

« Noble patrie des nains

Ne connaîtra de lendemain

Ne forme de vœux pour l’avenir

Car de repas tu vas servir

Dans un étron tu finiras

Ainsi la terre tu nourrira

Et les printemps refleuriront

De ce terreau nauséabond »

Mais les paniques ont leurs raisons que la raison ignore, et les langueurs catastrophées du chant d’Hilda, après avoir suspendu un ange d’apocalypse au ciel de cette foule qui prenait soudain conscience de son inéluctable et prochaine fin, saisirent la nanique assemblé et l’agitèrent irrésistiblement de spasmes sensuels et graves qui la transportèrent de leurs assauts d’urgence extatique vers des sommets de désirs indicibles et irrépressibles que seul l’imminence d’un anéantissement certain sut rendre plus pressant encore. Et d’électriques touchements en effleurements de tendresse caressantes, les corps saturés d’orgasmique espoirs de chacun et chacune se rapprochèrent et se rapprochèrent jusqu’à se confondre et se fondre en un unique et délicieux lac de plaisir foudroyant. Les vêtements se déchirèrent comme un cri la nuit. Les mains se saisirent, comme l’ivrogne à la bouteille, de toute cette chair révélée et si soudain haletante. Les bouches s’entre-dévorèrent, se saisirent à qui mieux mieux de la première bouche, du premier sexe venu, du premier membre, du premier anus ou du premier sein. Une magnifique et délicate agitation succéda aux frayeurs qui l’instant d’avant avaient comme paralysées la petite assemblé. Jamais de mémoire de nains on ne vit en un même instant et un même lieu autant de vagins s’inonder de tant de torrents abondant et appelant, tant de pénis se tendre à flirter les nues, tant de seins si brutalement jetés au ciel, de cris suppliant se mêlant aux cris ravis d’extase, de corps suffoqués se mélangeant aux corps exaltés et soumis impitoyable aux brûlures délicieuses de tant d’appétits si soudainement libérés et abandonnés aux dérives de leur inertie flamboyante qui tel la lave abondant d’un volcan, dévalaient les pentes abruptes de tant de jours et de jours d’attentes et de plaisirs refoulés et enfouis sous les couches successivement et laborieusement érigées d’une sociabilité qu’on se bricole de badineries grotesques et de mœurs ineptes ridicules mais définitifs qui, tout au long de notre vie, nous cache rien de moins que l’univers tout entier : ce magma informe se déformant et se reformant sans cesse de nos désirs bouillant comme des marmites et que chacun dissimule aveugle sous le verni commun de ses masques empruntés. L’une tétait goulûment le dard de l’un comme si elle avait voulu aspirer d’un trait tous les océans de ce monde. Un autre s’enfonçait si entièrement dans un vagin qu’on aurait pu croire qu’il cherchait à s’y amarrer pour les restants de l’éternité. L’on branlait furieux des chattes ouvertes toutes grandes telles les bouches gourmandes des enfants affamés de plaisir, des queues pénétraient à s’y perdre autant d’orifices ouverts et appelant comme en foret s’ouvre la multitude des chemins du possible et qu’on s’égare de ne savoir quelle direction choisir tant l’on voudrait les emprunter toutes. La grosse Hilda, nue comme jamais, ne savait plus compter le nombre des mains et des membres qui prenaient d’assaut les vastes étendus et replis de sa chair pustuleuse toute gorgée de poésie sublime. Gourdin que la démence survoltait dispensait dans de trop grands élans de pieuse générosité les bienfait de sa bite antédiluvienne à tous ceux et celles qui se précipitaient gourmands sur cette mystique et mythique branche magique et tendue. Et tandis que Fleurette, le visage enfoui dévorant affamé dans le sexe délicieux de sa délicieuse pubère et aérienne voisine, s’employait à faire rugir cette petite, un bûcheron généreux et vigoureusement membré lui ramonait le cul tout en astiquant de ses mélancoliques doigts poilus son clito délicieux et brûlant. Même Poupi, la canine mascotte du village, s’employait dans ce déluge de viande nue et de jus ardents, de feu et de cris, à lécher les pourtours de tous ces orifices suppliant et débordant de tendresses inouïes et de plaisirs cosmiques. Le forgeron martelait tel son enclume rougi à blanc le blanc cul et l’océanique derrière de la maîtresse du tisserand lui même tout occupé à fourailler l’étroit vagin de la potière qui de ses deux bras tendus agités fouillait celui des jumelles enlacées et énervées de mélancolies célestes. Et pendant que la cousine suçait l’oncle en lui mettant un doigt dans l’anus, une grand-mère chevauchait son petit-fils dont le visage disparaissait dans l’ouverture du sexe de sa sœur toute ravie elle aussi du petit doigt inquisiteur et curieux de son anus qu’un voisin charmé par l’adorable scène s’émouvant aux larmes de ce témoignage profond et admirable de la si grande fraternité des nains. Quand à lui, l’idiot du village, battait des mains en chantant tout en enculant une chèvre apathique que ce spectacle laissait perplexe. Au comble de l’enchantement, Gourdin hurla :

« Orgie infinie dans les plis des plaines démunies

Alanguies tu ravit et engloutit pourtant si vite nos vies... »

Ce ne fut bientôt qu’un unique et langoureux orgasme qui, telle l’arche de la providence, emporta en son ventre trapu tout ces minuscules petits être palpitant sur les flots engloutissant de ce déluge de stupeur divine et enchanteresse.

C’est ainsi que personne dans l’assemblé ne remarqua que depuis les débuts de ces ébats, les yeux écarquillés ébahis de l’Ogre et de l’Ogresse fixaient éperdus ces étranges et inconnues coutumes qui leurs firent oublier un instant la titanesque dispute entamée peu avant.

« Excusez ma stupeur minuscules petits nains

Est-ce dans vos habitudes de vous aimer sans frein

Et d’ainsi copuler sans vous soucier de rien

Prodiguer tant de soins aux soins de vos prochains ? »

Questionna timidement l’Ogre incrédule alors que, tous étonnés de ce moment passé ensemble et de cette voix fluette comme la bise mais de la puissance d’un dragon qui semblait venir des cieux, nos petits et potelés villageois reprenaient péniblement leurs souffles et leurs sens égarés. Mais les précédentes paniques n’eurent le temps de renaître que l’Ogresse décocha une baffe somptueuse au mâle encore tout étonné de l’étonnement des nains. Les nains, tout étonnés à leurs tour de l’étonnement de l’Ogre, assistèrent alors sans voix à l’étonnant et fascinant drame qui se déroula ensuite.

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