Prologue

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« Alors Holmes, qu’avez-vous pensé de la petite chronique que j’ai faite de notre dernière aventure ? Si je ne m’abuse, vous venez d’en lire la conclusion dans le Strand, n'est-ce pas? »

D’un geste négligeant, le détective laissa tomber sur un petit guéridon encombré de papiers le journal qu’il tenait entre ses mains. Il se cala plus confortablement dans son fauteuil et, tout en bourrant sa pipe, répondit à son ami.

« Eh bien mon cher, comme toujours, j’ai le même reproche à vous faire : vous cherchez la complaisance du public ! Tous ces sentiments, ces tours et détours inutiles... il faut aller à l’essentiel, Watson, à l'essentiel!

- Allons bon, gémit le docteur, je ne sais même pas pourquoi je vous ai posé la question. On voit bien que ce n’est pas vous qui avez affaire au directeur du Strand ! Vous savez Holmes, un mot d’encouragement de votre part de temps en temps ne me ferait pas de mal. Eh bien, puisque vous pensez être aussi fin littérateur que limier, pourquoi n'essaieriez vous pas de faire mieux?»

La pique exaspérée du docteur décrocha un large sourire au consultant, qui tira sur sa pipe et se redressa à demi.

« Mais volontiers mon bon Watson! Connaissez-vous l’art du haïku ?

-L’art du… ?

-Laissez-moi vous expliquer : le haïku nous vient du Japon, et fut l’un des genres les plus importants de la littérature japonaise classique. Il s’agit d’un petit poème de trois vers comportants respectivement cinq, sept et cinq syllabes. Tout l’art du haïku consiste à miser sur la concision pour suggérer une ambiance, un paysage. Tenez, j’ai dans mon palais mental un poème de Matsuo Bashô qui nous servira d’exemple : Furu ike ya / Kawazu tobikomu / Mizu no oto. Cela signifie : « Un vieil étang / Une grenouille plonge / Le bruit de l’eau. » Allons docteur, ne me regardez pas avec des yeux pareils ! Ce que je veux dire c’est qu’il me semble tout à fait possible, et même divertissant, de relater une enquête au moyen d'une suite d'haïkus, afin de n’en dégager que ce qui est nécessaire à la compréhension du crime.

-Eh bien faites Holmes, faites ! s’exclama Watson en se saisissant de son pardessus. Si ça peut vous éviter de vous servir de cette maudite seringue aujourd’hui, vous m’en verrez ravi ! Sur ce, je vous laisse à vos considérations crimino-littéraires, on m’attend à mon club. »

La porte se referma sur la silhouette du docteur et Holmes, muni d’un verso de facture et d’un bout de crayon qui trainait à portée de sa main, se mit à écrire…

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