16. flotter entre deux eaux - Liang

14 minutes de lecture

Viens vite au fond de la piscine

Repêcher ta petite sardine

L’empêcher de se noyer

Au fond de toi la garder

Petite sœur traqueuse

De l’air de ton air amoureuse

Isabelle Adjani - Pull Marine

Samedi 5 juin 2021

La soirée est tranquille, des petits groupes se sont formés et discutent. Même si je suis un peu en retrait et que je parle peu, j’apprécie le moment. Je suis entouré de gens, dont une bonne partie d’inconnus, dans un lieu que je ne connais pas et pourtant je me sens bien. La présence bienveillante de Flavie, Marco et Abinaya y est pour beaucoup, mais surtout, il y a Axel. Il discute avec tout le monde et moi, je ne me lasse pas de le regarder. J’ai plaisir à le voir bouger, à l’entendre rire.

— Il est très cool, me dit Abi.

— Et super mignon, ajoute Marco avant de boire une gorgée de bière.

— Oui, tout le monde l’adore !

Axel se retourne à ce moment-là, comme s’il savait qu’on parlait de lui. Nos regards s’accrochent, il me sourit. Son allégresse est délicieusement contagieuse.

Puis, il me rejoint avec une assiette remplie de desserts et reprend sa place à côté de moi.

— Tu vas manger tout ça ? le taquinè-je. Je croyais que tu préférais les fruits et les légumes.

Je pointe du doigt son T-shirt du jour. Sur celui-ci, pas de texte, juste un dessin : une aubergine et une pêche personnifiées qui se tiennent par la main, des étoiles dans les yeux et le tout entouré de petits cœurs rouges. Il ricane.

— Ils sont mignons hein ? Et pour les desserts, murmure-t-il, je comptais partager avec toi.

J’examine l’assiette, à fond dans notre petit jeu de provocation, je lui indique un éclair.

— Celui-là me donne envie… du chocolat et de la crème…

J’ai parlé tout bas et pourtant Abi éclate de rire, alors que Marco la regarde, interloqué. J’avais oublié qu’elle lisait sur les lèvres.

La honte. Qu’est-ce qui m’a pris ?

Je cache mon visage entre mes mains, mes joues sont chaudes. À côté de moi, Axel se marre.

— J’ai gagné ! fanfaronne-t-il

Il passe son bras autour de mes épaules et chuchote à mon oreille.

— Petit joueur !

J’approuve d’un léger hochement de tête. Lorsque je suis seul avec Axel, je ne suis jamais gêné, mais là devant les autres, je crois que j’ai du mal à assumer les blagues salaces.

— Je m’incline, dis-je encore tout honteux.

— J’admire l’audace, mais si tu te dégonfles juste après la réplique, ça perd tout son effet !

— Je le saurai pour la prochaine fois. Merci professeur Lubrique !

— Lubrique ? s’insurge-t-il. Vraiment ? C’est comme ça que tu me vois ? Surtout que tu critiques, mais c’est toi qui essaies d’égaler le maitre et qui n’assumes pas derrière !

Pour toute défense je ris

— … Lubrique… répète-t-il, affligé. Tu aurais quand même pu trouver mieux ! En plus, je suis même pas sûr de savoir ce que ça veut dire…

J’éclate de rire et me penche à son oreille.

— Moi non plus, avouè-je, mais ça sonnait bien.

On pouffe de rire, comme deux gamins. J’adore cette légèreté. Axel est un petit nuage sur lequel je me laisse flotter.

En relevant la tête, je vois qu’Abi et Marco ne font plus attention à nous et discutent de leur côté.

— La soirée est vraiment sympa ! me dit Axel. Tes amis sont cools !

— Tu sais que tu connais plus de monde que moi.

Il rit de nouveau, puis attrape l’éclair au chocolat. Il croque dedans tout en m’aguichant, puis me tend l’autre moitié.

— Goute ça, c’est bon et bien fourré !

Mon cerveau bloque sur ses doigts qu’il est en train de lécher. Heureusement, je suis sauvé par Flavie qui nous annonce que c’est l’heure de la baignade et qu’on peut se changer à l’intérieur.

— J’ai pas de maillot, dit Axel. Mais coup de bol, aujourd’hui, j’ai mis un caleçon !

Il me donne un léger coup de coude.

— Il va te plaire…

Avant que je puisse réagir, il est debout en train de soulever son T-shirt. Il baisse son pantalon sans la moindre gêne, puis il tourne sur lui-même. Mes yeux s’attardent sur ses fesses sur lesquelles sont dessinés d’adorables lapins blancs avec des carottes.

— Alors ? demande-t-il.

— Magnifique ! commente Abi.

— Très mignon, confirmè-je.

Axel sourit fièrement, puis jette ses vêtements sur la chaise à côté de moi. J’ai aussitôt envie de les toucher. En caressant ces tissus, je pourrai sentir son odeur, ainsi que le grain de sa peau. Je m’apprête à prendre le T-shirt lorsqu’il se penche vers moi.

— Tu viens ?

— Non non, j’ai pas changé d’avis. Je reste là, avec les gâteaux !

Et avec tes vêtements.

Ses lèvres se pincent.

— … Mais t’inquiètes pas pour moi, ajoutè-je, tout va bien.

Il pousse un long soupir, ramasse ses vêtements pour les éloigner de moi, et se rassoit. Mes yeux glissent sur ses bras constellés de taches de rousseur, comme ses joues. Il est terriblement craquant. Son torse est incroyablement bien dessiné. Où est-ce qu’il avait caché tous ces muscles ?

— Liang, je ne vais pas te dire de faire abstraction du regard des autres. Je ne sais pas ce que tu vis. C’est toi qui décides, je ne vais pas te forcer…

— Merci.

Je me force à relever les yeux pour me concentrer sur son visage. Je sais qu’il ne lâchera pas aussi facilement et j’attends la suite qui ne tarde pas à arriver.

— Mais si tu en as envie, c’est dommage de t’en priver. Les gens ici ont l’air safes, non ?

Je regarde autour de moi, certains sont déjà en maillot. Ceux que je connais sont effectivement bienveillants. Flavie et Marco sont toujours vigilants à mon handicap ainsi qu’à celui de Abi, sans pour autant nous considérer différemment. Et ce soir, personne n’a posé de questions sur le fait que je vienne accompagné d’Axel.

— Si tu veux pas te baigner, continue Axel, bien sûr c’est ok. Mais si tu te prives à cause du regard des gens, je trouve ça dommage…

— Tu ne comprends pas, soufflè-je tout bas. C’est vraiment moche.

— Chacun est différent, avec ses défauts, c’est aussi ça qui nous rend beaux. Parfaitement imparfaits !

Mes yeux glissent de nouveau sur son corps à la recherche d’imperfections et pendant quelques instants, je perds le fil de ses paroles.

— Vas-y toi, dis-je.

— C’est prévu, mais tu dois venir aussi. Sinon le casting est incomplet.

— Le casting ?

— Pour la série Netflix ! Il ne manque plus que nous dans ce beau tableau. Il faut que ça soit joyeusement bizarre et différent ! J’aurais dû demander à Sam de me donner des paillettes !

— T’es con ! m’exclaffè-je.

On rit.

— Viens, je serai avec toi…

Ces derniers mots arrivent presque à me convaincre. Pourquoi me contenter de ses vêtements, alors que je peux être avec lui ? Je suis idiot.

Pour parfaire le tout, il approche son visage du mien et me fait une bouille adorable.

— Tu triches ! protestè-je. Tu sors les yeux de chat ! Comment veux-tu que je résiste ?

— Ok… je me fais chier à te pondre tout un argumentaire détaillé, et ce qui te fait changer d’avis, c’est juste ma belle gueule ?

— Désolé, bafouillè-je, hilare.

— Attends… mais ça veut dire que tu as dit oui ?

On se dévore des yeux.

— Oui, confirmè-je.

Enfin, si je ne meurs pas avant. Car en voyant son sourire radieux, mon cœur s’emballe déraisonnablement.

— Si tu veux, j’ai un bermuda dans le coffre, je peux te le prêter ! Il descend jusqu’aux genoux ! Attends, je vais le chercher.

Il remet ses baskets, attrape ses clés de voiture et part en courant sur l’allée bordée de buissons carrés, vêtu uniquement de son caleçon. Je le regarde s’éloigner, fasciné.

Je me sens tout chose. Je respire lentement en essayant de me calmer. Je remarque qu’Abinaya est de retour à la table. Elle est en maillot et fixe une petite boite posée devant elle. Je me lève en prenant appui sur ma canne, m’approche et lui fais signe avant de lui parler.

— Ça va ? lui demandè-je.

Elle hésite quelques instants avant de m’expliquer.

— Pour me baigner, faut que j’enlève mon appareil auditif. Et comme la nuit commence à tomber, je ne pourrais plus lire sur les lèvres. Je ne vais plus rien capter des conversations.

— Si tu veux, on reste là, tous les deux. On peut même aller à l’intérieur, à la lumière.

Elle me sourit.

— J’ai envie de me baigner avec les autres, dit-elle, mais j’ai cette petite appréhension. Je prenais juste quelques instants pour me donner un peu de courage.

— Je comprends parfaitement !

— C’est difficile pour toi aussi ? demande-t-elle sans jugement.

— Oui, mes jambes ne sont pas belles à voir. Ça fait vraiment longtemps que je ne les ai pas montrées en public. Mais moi aussi j’ai envie d’y aller.

— Alors, allons-y !

J’acquiesce avec un petit sourire.

— J’attends Axel et je vous rejoins.

Nous échangeons un regard confiant. Elle range son précieux appareil dans sa boite, puis se penche pour me parler à l’oreille.

— Tu es très beau !

Je la regarde se diriger vers la piscine d’un pas assuré. Puis, je me retourne, surveillant l’allée sombre. J’espère qu’il ne s’est pas fait arrêter pour attentat à la pudeur. Mais le voilà, il revient en courant, essoufflé et légèrement en sueur. Il me tend un bermuda kaki.

— Je m’en sers pour l’escalade, mais t’inquiète pas, il est propre. C’est embêtant pour toi de porter mes vêtements ?

— Non, ça ira.

Jamais, au grand jamais je ne porterai les vêtements d’autres personnes.

Une fois au lycée, quelqu’un s’est trompé de manteau, on avait les mêmes. J’ai enfilé le sien par erreur, ça a été l’horreur. Je n’ai pas pu retourner en cours, il a fallu que je rentre chez moi. Même après avoir pris ma douche, j’avais les sensations de cet autre mec partout sur moi, c’était désagréable et très perturbant.

Mais là, c’est Axel… et je ne rêve que de ça de l’avoir tout contre moi.

J’entre dans la maison et m’enferme dans la salle de bain afin de me changer tranquillement. Je m’assois sur le bord de la baignoire pour enlever mon pantalon.

— Maudit accident, marmonnè-je en regardant mes jambes.

Mon père est au volant, ma mère et lui se disputent au sujet de Xin. À l’arrière, Mei est collée à moi en pleurs. Elle me demande pourquoi nous ne pouvons plus voir notre petite sœur. N’en sachant pas plus qu’elle, je secoue la tête. Je m’apprête à lui dire que tout va s’arranger, lorsqu’il y a un long crissement de pneu. Un premier choc, le pare-brise qui explose, les cris. Puis un second choc derrière nous. Dans l’habitacle, tout se déplace et semble se replier sur nous. Je me recroqueville autour de Mei. J’ai l’impression qu’on m’arrache la jambe, la douleur est tellement insupportable que je perds connaissance.

À mon réveil, je suis sur un lit d’hôpital, ma grand-mère est à côté de moi, le regard triste.

— Où est Mei ? demandè-je paniqué.

— Elle va bien, elle dort dans la chambre juste à côté. Elle n’a pas eu la moindre blessure.

— Où sont papa et maman ?

Ma grand-mère prend ma main dans la sienne. Elle me parle longuement et m’explique tout, mais en choisissant chacun de ses mots. À partir de maintenant, nous allons vivre avec elle. Mes parents sont morts. Elle ne sait pas où est Xin, mais promet de la retrouver. Elle me dit aussi que je vais devoir être patient avant de pouvoir remarcher, mais qu’elle sera là avec moi, toujours.

On toque à la porte.

— Tout va bien là-dedans ? demande Axel.

— Oui, j’arrive…

— Le bermuda te va ?

Je suis toujours en caleçon.

— Euh, oui, je crois…

Encore perdu dans ces mauvais souvenirs, j’enfile le bermuda. Il descend jusqu’aux genoux et cache une partie de mes cicatrices. Par contre, il est trop grand au niveau de la taille. Il y a plein de poches, je glisse ma main dedans et ferme les yeux. Bien qu’elles soient vides, je sens apparaitre des feuilles entre mes doigts, puis des cailloux… toutes ces choses qu’Axel aime ramasser en forêt. Sa présence est rassurante.

Je retire mes mains et rouvre les yeux. Même si c’est très tentant, je ne dois pas faire ça maintenant. Je pourrais m’arranger pour le garder…

J’entends de nouveau du bruit derrière la porte.

— Liang, tu as le droit de changer d’avis. C’est pas grave si on va pas se baigner.

— Si, on y va !

Je sors de la salle de bain.

— Mais le bermuda est trop large pour moi, je risque de le perdre…

Je parle en baissant les yeux, j’ai trop peur de croiser son regard, trop peur qu’il me trouve monstrueux. Il s’approche pour vérifier. Je frissonne de bien être quand ses mains effleurent ma taille.

— Attends…

Il se faufile dans la salle de bain, attrape un peignoir, en retire la ceinture. Puis il l’ajuste sur le bermuda.

— Voilà, on le remettra après, ni vu ni connu !

Je relève la tête, son sourire est toujours le même. J’attrape ma canne d’un côté et la main d’Axel de l’autre.

— On y va, répétè-je. C’est ce dont j’ai envie, alors je vais le faire !

Prenant exemple sur Abi, j’avance d’un pas décidé, bien que plus lent, vers la piscine.

— Tout va bien se passer, m’assure Axel.

— La seule fois où je suis allé dans une piscine municipale, je n’ai pas pu me baigner…

— Qu’est-ce qui s’est passé ? demande-t-il. Parce que ce n’était pas adapté ? Ou à cause de ton pouvoir ?

— Non, ni l’un ni l’autre. C’était deux ans après l’accident. J’avais réussi à convaincre ma grand-mère de me laisser aller à la piscine avec Mei. Notre première sortie tous les deux. J’avais douze ans et je voulais lui prouver que je pouvais me débrouiller seul et veiller sur ma sœur. Quand je suis arrivé sur le bord du bassin, avec ma canne, j’attirais les regards. Il y avait un groupe d’ados…

Les doigts d’Axel caressent les miens, m’encourageant à poursuivre mon récit.

— Je me souviens encore de leurs mots…

— Qu’est-ce qu’ils ont dit ? demande-t-il d’une voix grave.

— Ils ont commencé à poser des questions, à me demander ce que j’avais, ce qui m’était arrivé. Mais rapidement, le ton a changé…

Je marque une pause pour reprendre ma respiration.

— Je sais que c’est ridicule, c’était ya longtemps…

— Non, bien sûr que non ! Tu n’es pas ridicule ! C’est eux le problème, pas toi. Si tu as envie de me raconter la suite, je suis là.

— Horrible… Informe… dégoutant… Ils ont dit que je devrais me cacher, que j’allais leur donner des cauchemars ou même les faire vomir…

— Quelle bande de petits merdeux ! rage-t-il. J’espère que quelqu’un les a foutus dehors !

Je souris tristement.

— Hum, pas tout à fait. C’est nous qui avons été virés de la piscine…

— Quoi ? s’écrit Axel. Mais pourquoi ?

— Mei a poussé un cri et elle s’est jetée sur le plus grand du groupe, elle lui a fait une balayette et l’a fait tomber dans l’eau. Un autre a voulu l’attraper, elle lui a donné un coup dans le nez, il y a eu du sang partout.

— Wouah ! Ta sœur a vraiment peur de rien ! C’est une guerrière !

Je ris.

— Oui, elle tient ça de notre grand-mère, et Xin est pareille. Je suis le seul lâche de la famille.

— Dis pas ça ! Toi aussi tu te bats, à ta manière. C’est juste que vous n’utilisez pas les mêmes armes. Je préfère ta manière, moins violente. Et puis, ne lui répète pas, parce que je tiens à ma vie, mais parfois, Mei me fait vraiment flipper !

— Je ne dirai rien !

Je regarde vers la piscine, tout le monde est en train de s’amuser. Personne ne semble faire attention à moi, mis à part Abi qui me montre son pouce levé pour m’encourager.

— Prêt à te jeter à l’eau ? me demande Axel. Comment je peux t’aider ?

— Je vais m’accrocher à l’échelle et me laisser glisser, ça devrait aller.

— OK ! Je t’attends dans l’eau pour te réceptionner si besoin.

Il plonge, remonte à la surface et secoue ses cheveux dans tous les sens. Mon arrivée dans l’eau est lente, maladroite et beaucoup moins sexy. Axel me rattrape, ses mains posées sur mes hanches.

— Je ne te laisse pas tomber… ni couler !

Mes bras s’enroulent autour de son cou et je me laisse porter. J’attrape une mèche de cheveux mouillés qui lui tombe sur le visage pour la glisser derrière son oreille. Et sans le quitter des yeux. Il me semble qu’il tique légèrement. Sa main dans mon dos effleure ma peau.

— T’es chaud !

Les mots sont sortis tout seuls.

— Je sais, répond-il en riant.

Il frotte le bout de son nez sur ma joue.

— Ça va ? demande-t-il. Dis-moi si je suis trop envahissant… J’ai tendance à être collant.

Sa voix est terriblement sensuelle. Je suis à présent capable de me débrouiller seul, pourtant, je reste accroché à lui.

— Non, ça va. Ça va même très bien. Ton contact est rassurant et agréable.

— Mieux qu’une bouée qui couine et se dégonfle ?

— Oui, tu as l’air plus stable !

— C’est bien la première fois qu’on me dit ça ! s’amuse-t-il.

Je meurs d’envie de l’embrasser, mais pas ici, pas comme ça. Je veux juste un moment pour nous deux et je veux que ça soit parfait. Je l’embrasserai sous les arbres.

Doucement je me détache de lui, il ne bouge pas. Il me regarde et à cet instant, je me sens beau.

***

— Vous êtes surs que vous voulez reprendre la route ? nous demande Flavie. Parce que vous pouvez rester dormir, ça sera un peu camping, mais y’a de la place.

— C’est gentil, mais on va rentrer.

Je me tourne vers Axel pour avoir son approbation, c’est lui qui conduit.

— Ça va aller, t’inquiète pas, dit-il à Flavie. J’ai bu qu’une bière en arrivant et je me sens bien réveillé pour conduire.

— Merci, dis-je, une fois que nous nous sommes éloignés.

— Pourquoi ? demande-t-il.

— Pour tout.

Il rit. J’adore ce rire.

— Avoue, t’as eu peur de dormir avec moi ?

— Pas du tout, protestè-je.

— J’imagine que c’est compliqué pour toi de dormir ailleurs que chez toi.

— Oui. À part dans ma famille, j’évite.

— Est-ce que toute ta famille est comme ça ?

— Bizarre ? ricané-je.

— J’aurai plutôt dit : exceptionnelle !

— On est tous un peu particuliers, avec des liens plus ou moins forts avec l’étrange, le surnaturel… Notre famille est une famille de gardiens, depuis des générations, on se transmet cette connaissance du surnaturel. Cela fait partie de notre quotidien, c’est ce qui nous permet de voir ce que les autres humains ignorent.

Il acquiesce.

— Une fois, qu’on a ouvert la porte et qu’on a admis que tout ça existe, on voit le monde différemment.

— Oui, c’est ce qu’on appelle le hyalin, maintenant tu vois de l’autre côté du voile.

Lorsqu’il me dépose devant chez moi, malgré la fatigue, j’ai du mal à le quitter.

— Axel, t’as des dispos cette semaine ? Pour qu’on aille se balader en forêt ?

— Tu veux ? demande-t-il tout enthousiaste.

— Oui, ça me ferait très plaisir.

— Mercredi ?

Oui, mercredi, je l’embrasserai sous les arbres.

Je me sens comme sur un petit nuage. J’ai déjà eu des coups de cœur pour des gens, j’ai déjà été amoureux, mais rien de comparable avec ce que je ressens actuellement.

Même si les mots ne sont pas posés et qu’il ne s’est rien passé. J’ai la sensation que notre relation est en train d’évoluer. Pendant toute la soirée, il y a eu ce petit jeu de séduction entre nous et je commence à comprendre pourquoi Axel aime tant ça.

La magie du flottement, le moment où tout est possible.

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