Mes étoiles

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Ma chère Constance,

Je t'écris en ce jour de grande peine pour t'annoncer quelque chose dont tout Homme aimerait se passer. Tout d'abord, excuse mes mots durs, mes tournures maladroites, mais je ne suis pas un bon homme de lettres, et ce que je me prépare à t'annoncer ne peut être que dur, à lire comme à entendre. On pourra mettre toute la douceur du monde, tout l'amour, le résultat final sera le même. Il va bien falloir, à une ligne ou à une autre que je t'annonce que ton mari n'est plus. Voilà, une belle forme pour se donner bonne conscience en pensant que celle-ci est plus douce. Quelle hypocrisie ! Je sais, ma chère Constance, que cette lettre est horriblement difficile à lire pour toi. Si, crois-moi je le sais car elle est aussi dure à écrire pour moi. Pardon pour les bavures, les pleurs des mots sont le témoin des miens. Tu as perdu un merveilleux mari en ce jour terrible, j'ai moi perdu un merveilleux frère.

Sache que j'ai été là quand il s'est éteint.  J'ai vu son dernier sourire, lorsqu'il pensait à toi, entendu son dernier battement, qui était là pour toi,  j'ai essuyé sa dernière larme lorsqu'il à compris qu'il ne connaîtrait jamais sa fille. J'ai entendu son dernier mot : «Je t'aime» qui, je le sais, vous est  dédié à toi et à ta fille, à titre personnel. Son agonie fut lente. Il a pu me dire tout ce qu'il aurait aimé te dire lui-même. Et finalement, il n'a cessé de répéter qu'il vous aimait, toi et votre enfant, qu'il serait toujours là pour vous, et  qu'il vous aimait, comme s'il avait peur de ne jamais le dire assez. Quelque chose me semble important à préciser : il parlait au présent. Comme si rien de tout ça ne pouvait s'arrêter.

Sa lumière s'est ensuite éteinte. On a perdu une étoile, le ciel à perdu un fils.

Ton mari craignait la mort. Il craignait surtout de ne pas avoir le temps de vous faire ses adieux. C'est pourquoi, pendant ses quatre-vingt-quinze jours passés sur le front, en plus des lettres que tu as reçues, il t'en écrivait une autre comme si ce jour serait son dernier. Pour aujourd'hui, le quatre-vingt-seizième, c'est moi qui m'en charge. Je te joins à cette lettre les quatre-vingt-quinzième autres preuves de son éternel amour pour celles qu'il surnomme «mes étoiles»


Avec toute mon amitié, Christophe.



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