Histoire au coin du feu : sapiens et les Arbres Mondes

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Dans le cercle de pierre, les flammes crépitent

Tandis qu’au rythme de la brise, invisibles, les feuilles s’agitent.

Les jeunes sapiens s’asseyent sous les branches séculaires,

Bras protecteurs des gardiens de l’enfance.

Le vieillard, s’appuyant sur sa cane – elle aussi d’Arbre-Monde – s’avance.

A son approche les rires se dissipent,

Silence.

Ses genoux craquent, à l’instar des brindilles dans le feu.

A sa main un livre, épais et poussiéreux,

Qu’il ouvre d’un geste.

Les pages volettent un instant, puis se couchent.

Les yeux des enfants brillent, leur intérêt manifeste

Et, sous l’éclat vacillant au bout de l’asbeste,

L’ancien entame ainsi son récit :

 

« Jadis, l’humain baignait dans la guerre et le sang.

Sous l’emprise de la sorcière, il se montra dément.

En son nom il tua, dévasta, et renia ses dieux aimants,

Puis vint le jour où toutes les terres furent conquises.

Il partit donc vers des contrées plus lointaines, encore non acquises,

Par-delà le Grand Vide, par-delà les Arbres-Mondes,

Jusqu’aux planètes immenses et hostiles,

Jusqu’à Isis, Shaula-bis et Tamis,

Qui eurent raison de lui, de la sorcière, et de ses vices.

Seuls restèrent, sur l’Ancienne Terre,

Les légataires des arbres immenses et fiers

Dont la foi demeura, incorruptible et stationnaire.

Vous, mes enfants, en êtes les descendants.

Dignitaires d’univers engloutis qui,

Contre toute attente, subsistèrent

Tandis que leur civilisation grotesque s’évapora céans.

Il est de votre devoir d’honorer vos ancêtres.

Désormais, selon la volonté de nos déités, de nos maîtres,

Il n’est plus de place pour les pressureurs, les lâches, le paraître.

Soyez bons, courageux, dignes et preux

Et pour toujours, quoique l’on exige de vous,

Quoique la sorcière, en rêve, vous suggère,

Pour toujours, gardez à l’esprit ce que vous vous devez d’être

Et l’Homme, en son âme et conscience, sera sûr de renaître.

Pour toujours révérez vos semblables, vos divinités et vous-mêmes,

Car de l’humanité vous êtes désormais la dernière lettre.

Et si vous ne respectez pas la Nature et les Arbres,

Alors de votre espèce vous serez l’anathème.

En somme, fils et filles de l’Originel,

Soyez vous-mêmes, bons, justes et beaux,

Et peut-être l’humain se verra-t-il accorder un dernier rameau. »

 

L’histoire se termine et déjà, les plus jeunes s’endorment,

Tandis que les autres, d’un accord tacite, s’agenouillent au pied de l’orme.

Celui-ci emplit les cieux et l’espace, bienfaiteur verdoyant et énorme.

Main dans la main, tête baissée, symbole de leur humilité,

Ils vénèrent les esprits qui les ont vu naître, et qui les verront périr.

Leur vie, leur idéal, tout s’anime au rythme du zéphyr.

Ainsi se perpétue la vie des sapiens, qui, en harmonie,

Comprennent l’existence, et admettent enfin leur hasard défini.

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