Chapitre 5

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C'était quoi ce bruit stupide qui avait la mauvaise idée de me tirer du sommeil ? Ah mon téléphone, reconnaissant la sonnerie attribuée à Emma, je savais qu'elle ne me lâcherait pas jusqu'à ce qu'elle m'ait eu. Une vraie teigne cette nana.

— Mouais ? grommelais-je,

— Oh ma chérie faut trooooop que je te raconte ce qu'il s'est passé hier soir !

— Oui merci je vais bien et toi ? Oui tu me réveilles le seul jour où je pouvais dormir un peu. Ce n'est pas grave t'inquiète j'ai l'habitude.

— Merde j'avais zappé que tu bossais hier soir ! Désolée ma belle. Enfin il est quand même 11 heures je ne t'ai pas appelée à 8 heures non plus. J'ai rencontré deux types géniaux hier soir, ils nous invitent à les rejoindre ce midi au Sample, ils font un grand barbeuc sur la plage et c'est uniquement sur invitation ; comme tous leurs événements soit dit en passant. Et devine la meilleure ... J'ai réussi à nous faire inviter !

— Tu es sûre que tu n'as pas quelqu'un d'autre que moi à traîner dans ce genre de truc ? En plus faut que je bosse, ronchonnais-je.

Sachant bien qu'elle n'allait pas me laisser m'en sortir comme ça, je me résolus à me redresser et à m'assoir au bord de mon lit. Punaise c'était dur, j'aurais bien refermé les yeux une heure ou deux, ou peut-être même cinq tient.

— E-le-na ! (Je détestais qu'elle me sépare comme ça) Ce n'est pas comme ça que tu vas rencontrer du monde et sortir de ton trou. Alors magne-moi ce joli popotin sur lequel tu es assise, prend un café et rend toi présentable, j'arrive te chercher dans 30 minutes.

— Attends, il n'y en pas pour une heure pour aller au Sample alors si tu arrives dans une heure ce sera très bien.

— C'est vrai tu as raison, je suis tellement impatiente. Puis tu verrais les canons.

— Emma ... Il est vraiment temps que tu te trouves quelqu'un. Même un coup d'un soir vu dans quel état tu es ça te fera du bien.

— Pfff, l'hôpital qui se fout de la charité. Bon dépêche-toi je suis là dans une heure.

— De toute façon je n'ai pas le choix. Mais au fait, pourquoi une boite de nuit organise un barbeuc au midi ?

J'étais dubitative sur son nouveau plan foireux.

— Mais non ma puce ! C'est la beach party ! Aller à dans une heure. Mouuuah, je t'embrasse !

Tss elle aurait au moins un quart d'heure de retard, et de toute façon elle ne voudrait pas arriver là-bas sans avoir fait patienter un peu ses deux loulous.

Je devais avouer que même si ça ne me tentait pas au départ, j'étais curieuse de voir à quoi ressemblait ce fameux bar et leur bitch party.

Ceux qui y entraient étaient triés sur le volet, du coup, j'attendais aussi qu'elle me raconte où elle les avait trouvés. Certainement pas à la station-service abandonnée au coin de ma rue.

J'eus au moins le temps de me préparer tranquillement. Une longue douche bien brûlante, un coup de sèche-cheveux. J'avais de la chance, ma tignasse ne rendait pas trop mal au naturel. Puis démarrage de l'expédition maquillage, sinon elle me ferait tout refaire en arrivant, et là, on n'y arriverait jamais. Je dus me démaquiller au moins trois fois avant d'arriver à mettre correctement mon ligner, après voilà mon mascara qui faisait des paquets. De quoi me faire regretter de ne pas avoir refusé plus catégoriquement. Avec entre deux une pause café, histoire d'être plus réveillée.

Emma était une des rares personnes à avoir déjà mis un pied dans mon appart. Ou plutôt les deux quand même, histoire de ne pas être trop déséquilibrée. Elle toquait deux fois puis entrait comme si elle était chez elle. Résultat, elle m'avait vu à poil plus d'une fois.

— Alors ma belle tu es prête ?

— Bien sûr, depuis déjà 15 minutes d'ailleurs.

Elle balaya ma silhouette de la tête au pied. Avec son corps de rêve il y avait de quoi complexer et se sentir mal à l'aise.

— Oui bah je voulais te laisser un sursis. Tu n'es pas mal comme ça, on peut y aller. (Oui maman pensais-je.)

— On prend ma voiture ?

— Certainement pas ! Pour quoi est-ce qu'on va passer dans ton tas de rouille ?

— Je ne te permets pas ! Elle roule très bien, enfin quand elle veut, rétorquais-je en haussant un sourcil.

Les mères ok, les petits chats aussi, mais ma voiture c'était sacré.

— Oui, mais je suis venue avec la voiture de ma mère, argumenta-t-elle en dégainant son trousseau.

Bon ok je ne pouvais pas rivaliser avec la petite Audi A1 rouge pétasse de Madame. On avait échappé au Humer, c'était déjà ça. Je m'inclinais avec grâce, tout en priant pour ma vie. Surtout au vu de sa conduite qui allait avec. 180 sur le périf ? Où est le problème ? Je remerciais petit Jésus pour sa mansuétude quand nous arrivâmes sur place. Cette nana allait finir par nous tuer.

Emma commença à pousser des petits cris que je reconnus comme des prénoms : Stan et Mike. D'après ses gesticulations je compris que c'était ceux qu'elle attendait de rejoindre avec tant d'impatience. Les deux semblaient avoir une trentaine d'années, leur silhouette se ressemblait, assez fin, style petit bobo, l'un avec le pull sur les épaules et l'autre avec le sien plié à son bras, le pantalon sans un seul faux pli. On aurait dit qu'ils étaient là pour un shooting photo plutôt que pour un barbeuc. Le premier avait les cheveux châtains et les yeux marron, l'autre était brun mais rasé de près avec les yeux verts d'eau. Pas mal. Mais je découvrais préférer le style plus bad boy.

— Salut les filles, dis donc, ta copine est aussi mignonne que toi ! dis celui aux yeux marron. Moi c'est Stan, et celui qui n'a pas encore dis un mot, c'est Mike. On se fait la bise ?

En même temps il avait déjà la main sur mon épaule et s'était avancé pour me la faire. Je n'allais pas paraître malpolie dès le début, j'allais attendre encore un peu. Son attitude m'énervait déjà, il mettait tellement de miel dans sa voix que j'avais l'impression qu'il me collait à la peau, beurk.

— N'est-elle pas délicieuse Mike ? continua-t-il suavement, et bien sûr en gardant sa sale patte sur mon épaule.

En plus je détestais qu'on me touche. Tout en me dégageant de sa poigne ; ma minute sociable était passée ; je tendis directement la main au deuxième, histoire de ne pas me faire avoir cette fois.

— Enchantée, moi c'est Elena.

— De même, Mike, répondit-il avec un sourire en coin.

Il avait l'air plus discret que son acolyte, mais quelque chose dans ce regard ne me plaisait pas. Enfin bon, comme je le disais, j'allais attendre de voir avant de sortir les griffes. Emma allait encore dire que j'étais un ours mal léché. Elle n'aurait pas eu tort, mais j'essayais de lui faire plaisir.

Stan pris le bras d'Emma pour se diriger vers l'entrée. Mike pencha légèrement la tête et me tendit le sien, me laissant le choix de le prendre ou non, ce que j'appréciais et mon esprit de contradiction se tut. Après tout ce n'était pas si désagréable que ça. Nous avancions vers une entrée toute fleurie, une base de lierres sur laquelle étaient piquées des fleurs de toutes les couleurs, pas ces trucs nianian des mariages, vraiment quelque chose de pétillant qui sentait les vacances, le soleil. Nous n'étions qu'en mai mais c'est vrai que le temps était déjà super. Derrière l'arche un ponton en bois avait été mis sur le sable. Il fallait bien empêcher les talons de s'enfoncer. Puis il se séparait en deux chemins, l'un partant vers l'eau, l'autre vers une grande plateforme où étaient disposés les barbecues et le bar. Nous entendions déjà la musique, assez calme pour l'instant, il était encore tôt et nous n'étions pas les seuls à arriver à ce moment-là. Je lui avais bien dit qu'elle avait le temps de venir me chercher.

Comme dans toute soirée privée, juste après l'entrée, deux gorilles encadraient l'homme qui vérifiait que nous étions bien invités.

— Messieurs Robes et Duncan, très heureux de vous voir ici ce soir, d'autant plus en très chaaarmante compagnie, minauda-t-il.

Vu ses manières, j'aurais dû lui rapporter du cirage. Apparemment nos deux compères étaient connus des lieux. Ils lui accordèrent à peine un signe de tête avant de nous guider vers le bar. Je lorgnais déjà sur ce qu'il y avait à manger, autant en profiter.

— Elena, Emma. Mojito, Gin Tonic, Martini ?

— Mojito s'il te plait, répondis-je.

Mon regard revint vers les planchas et barbeuc, en passant par les plateaux amenés par les serveurs.

— A moins que vous préfériez quelque chose de plus consistant, s'amusa-t-il en m'adressant un clin d'oeil.

Je rigolais, j'avais été démasquée. Un claquement de doigt plus tard, le serveur était à côté de moi et je me régalai. Un orgasme gustatif.

— Le cadre et la déco sont magnifiques ! s'exclama Emma en regardant autour d'elle d'un air émerveillé.

— Bien sûr, nous ne faisons toujours appels qu'aux meilleurs, acquiesça Stan.

— En effet, il faut tenir l'image, soutint Mike.

— Ça a dû coûter la blinde.

Les trois me regardèrent, Emma avec des gros yeux.

— Quoi ?

Je ne comprenais vraiment pas.

— Tu es vraiment trop terre à terre ma chérie !

Ah. Comme si c'était nouveau.

Stan s'esclaffa.

— Ne vous inquiétez pas pour ça. Les finances de mon club se portent bien.

Un raclement de gorge s'entendit.

— Enfin, notre club à Mike et moi.

Ah ouais, donc en fait elle ne s'était pas faite invitée par n'importe quel pecnot du coin mais par les patrons du Sample. Le bar le plus chic et select de la ville. Tu m'étonnes que le gars de l'entrée leur cirait les pompes, encore un peu et il déroulait le tapis rouge.

Je picorai dans tous les plats qui passaient mais l'après-midi fût vite lassant. Emma magnait la conversation d'une main de maître. De temps à autre je répondais, mais le social n'était pas ma tasse de thé. La musique était bonne, c'était déjà ça.

J'aimais observer les gens autour de moi. Quand je disais bitch party, je n'étais pas totalement à côté de la plaque. Celle-ci, trop maquillée, celle-là, rentrée au chausse-pied dans sa robe. Et ce n'était qu'un échantillon.

Puis Mike m'interpella.

— Tu t'ennuies ?

Tiens on en était au tutoiement, j'avais loupé un épisode.

— Un peu.

Il m'adressa un regard surpris.

— Quoi ? C'est bien toi qui m'a posé la question non ? Si tu voulais pas de réponse, tu n'aurais pas dû demander.

Je haussais les épaules et un grand sourire illumina son visage.

— Ta franchise est rafraîchissante !

— Contente que ça te plaise, d'habitude ça refroidit, rétorquai-je.

— Ça te dirait de voir ce que donne le bar en pleine journée ? En plus on cuit un peu ici.

— Oui pourquoi pas ! Ça m'évitera de siffler tous vos petits fours, répondis-je en souriant.

— Ne t'inquiète pas pour ça, Stan en fait toujours des tonnes.

Il héla un serveur d'une main et m'attrapa de l'autre pour me faire traverser la foule.

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