Chapitre 1

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Il était 7h, mon réveil se mit à sonner. Mes yeux avaient du mal à se décoller. Aller encore cinq petites minutes. Après tout je m'étais couchée à 2h après mon service au bar. J'avais bien droit à ça non ? Rien que de penser au retard que ça allait faire, je culpabilisais.

Quand il faut y aller ... J'éteignis mon réveil qui n'avait pas arrêté de sonner et commençait à me donner mal au crâne. Pas top pour entamer la journée. J'ouvris les yeux sur la chambre de mon petit deux pièces miteux.

J'enchainais mes cours en licence d'économie et mon travail au bar. J'arrivais à peine à payer mon loyer mais au moins c'était mon chez moi. Après avoir voyagé de famille en famille, ça faisait du bien de savoir que je pouvais rester là aussi longtemps que je le souhaitais.

J'avais réussi à égayer un peu ma chambre avec de la couleur au mur. Enfin j'avais essayé. D'après ce qu'on m'avait dit je n'avais pas un très grand sens artistique. Apparemment, un mur de chaque couleur ça piquait un peu les yeux.

Mon lit c'était quatre pattes et un sommier, ça m'allait très bien comme ça, de toute façon je n'y emmenais personne. J'étais assez territoriale et il fallait que j'ai une grande confiance en la personne pour la faire venir.

Une grande bibliothèque couvrait le mur à droite de mon lit. C'était mon petit plaisir, j'adorais chiner les livres les plus rares ou farfelus que je pouvais trouver. J'y jetais un oeil avec envie, j'aurais bien lu un peu mais je savais que si je commençais je ne me mettrais jamais en route et ce n'étais pas le moment d'être à la bourre. D'autant plus que je réglais toujours mon réveil au plus juste.

Je levai mon mètre soixante-dix et filai dans la salle de bain. Elle n'était pas très grande mais au moins j'avais une douche qui fonctionnait et de la place pour y mettre mes habits. Je fouillai à la recherche de ma brosse, elle s'était sauvée où encore celle-là ? Ah là voilà sous ma serviette ! J'étais persuadée de l'avoir laissée sur le bord du lavabo la veille, je ne comprenais pas comment elle faisait pour changer de place comme ça à chaque fois.

Petite douche bien chaude, nouveau coup de brosse, je pris un pantalon et un tee-shirt au hasard dans mon placard et m'observai dans le miroir. Je voyais une blonde aux yeux verts, un peu plus enrobée que les filles des magazines. Je trouvais mes seins un peu trop petits et mes fesses un peu trop rondes. Mais bon, tant que je ne mettais pas au sport on ne pouvait pas espérer beaucoup mieux. Ça faisait déjà plusieurs mois que je me disais qu'il fallait que je me mette à courir. Emma, une de mes seules amies, essayait de m'embarquer mais j'avais la flemme, après mes 45h semaine j'avais du mal à me motiver. Même s'il ne faisait aucun doute que ça me détendrait et que j'en aurais bien besoin.

Je passais ensuite en vitesse dans la cuisine pour avaler un jus de fruit et un croissant. J'embarquais aussi un paquet de gâteau dans mon sac au cas où j'avais une petite faim dans la matinée.

J'attrapais mon portefeuille sur l'étagère de l'entrée mais dans la précipitation, ne réussi qu'à le faire tomber. Je regroupais tout ce qui en sorti pour trier plus tard. Comme chaque fois que je la voyais, je m'attardais sur la photo de mes parents. Mon cœur se serra.

Ça faisait près de vingt ans qu'ils avaient disparu. Je ne me souvenais pas de grand chose les concernant. Et encore moins sur ce qu'il s'était exactement passé cette nuit-là.

Je me souvenais uniquement de personnes arrivant à l'improviste. Mes parents chuchotant entre eux et moi en train de lire un livre avant d'aller me coucher. Un grand coup avait retenti et ma mère m'attrapant le bras pour me faire sortir de la maison. Les derniers mots que j'ai entendu de sa part étaient « Cours ma chérie, cours aussi loin que tu peux. Nous te retrouverons ».

Malgré l'impulsion qui courrait dans mes veines, je n'avais pas réussi à aller plus loin que notre haie où je m'étais cachée.

J'entendais des cris et des hurlements, mon père qui hurlait le nom de ma mère. Qui jurait de leur faire payer. Je revoyais derrière mes paupières closes les ombres se dessiner. Puis le feu. Les visiteurs avaient dû vouloir se débarrasser des preuves.

A ce moment là je m'enfuis. Je courus jusqu'à m'effondrer, m'évanouir même. Je me souvenais de cette sensation dans mes membres, celle d'avoir été vidée de toute énergie. J'avais échoué devant un couvent. Puis les soeurs m'avaient recueillies et placées. Force est de constater que mes parents ne m'avaient jamais retrouvés ...

Je n'avais pas plus d'explications aujourd'hui qu'à l'époque. Malgré de nombreuses recherches, je n'avais rien trouvé. Comme si Nicholas et Sacha Erine n'avait jamais été assassinés.

Je touchais la bague de ma mère. J'étais arrivée au couvent avec celle-ci accrochée à une chaine autour de mon cou. JE me souvenais juste qu'elle ne la quittait jamais. Alors si elle était persuadée qu'ils reviendrait me chercher, pourquoi me l'avait-elle donnée ?

Au fur et à mesure des années, leurs traits s'effaçaient de ma mémoire. Alors quand j'avais retrouvé la trace de ma tante, elle m'avait donné une des rares photos d'eux qu'elle avait. Je m'en voulais, j'aurais dû savoir garder leurs traits en mémoire, leur voix, leurs gestes.

Je me souvenais vaguement de leur odeur, celle des roses pour ma mère, et celle d'un bon whisky au coin du feu pour mon père.

Je pris une grande inspiration et soufflais un bon coup pour chasser le passé et revenir au présent. Malheureusement, je ne pourrais rien changer à ce qu'il s'était passé, il fallait continuer à aller de l'avant.

Je partis chercher Cara. Cara ? C'était ma vielle Mini orange, elle avait à peine quelques griffes mais avait du mal à démarrer, à ce qu'il paraîtrait ce serait le démarreur. Il faudrait que je l'emmène au garage pour en savoir plus mais ça attendrait encore quelques mois. Je n'avais pas les moyens en ce moment. Ce matin ça allait, apparemment elle était de bonne humeur et se décida au premier coup de clé. Je devrais réussir à être à l'heure pour mon premier cours.

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