Larmes douces et amères

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Eden

- Maman, ne me laisse pas, je t'en supplie. Je sais que tu m'as fait promettre de ne pas pleurer, mais comment puis-je tenir ma promesse, alors que tu ne cesses de me manquer.

Je regarde ma mère coucher dans ce lit d'hôpital, et je n'arrive toujours pas y croire. Pourquoi donc le sort, s'acharne-t-il ainsi ? Plus je viens dans cet endroit morbide, et plus mon courage se fait défaillant. Mais je sais très bien, que je ne peux pas me laisser aller au désespoir.

Même si, j'ai envie de crier, pleurer, et me réfugier loin de la douleur qui me bouffe les tripes, je sais au plus profond de moi, que je ne peux me comporter en jeune femme égoïste. Après tous, mon père s'apprête à perdre de nouveau sa femme, sa compagne, son amie, sa confidente, son amante, son âme sœur, celle pour qui, il a pris le risque, de dire "oui" une deuxième fois.

Bon sang, et que dire de Béa ma sœur qui va perdre une mère qui lui est si chère. Bien que la femme qui est dans ce lit, ne ressemble en rien à la femme aimante, souriante et attentive qu'est ma mère. Celle-ci n'est qu'une pâle copie, de celle qui partage normalement nos vies.

Celle qui encourageait mes moindres réussites. La mère qui faisait le meilleur mi-cuit du monde. L'Amie qui consolait mes petites peines et qui m'aimait inconditionnellement, n'est plus. Elle disparaît progressivement, pour laisser place à une enveloppe factice, et froide qui se dirige lentement vers la mort.

En regardant celle qui fût ma meilleure amie, ma confidente, et mon soutien ; des larmes me montent aux yeux. À cet instant, je penche la tête en arrière, essayant tant bien que mal de faire en sorte qu'elles n'inondent pas mon visage. Mais cette tentative est un tout de même, un échec, puisqu'une larme solitaire dévale mon visage pour atterrir sur mon menton.

J'essuie d'un geste rageur la preuve de ce moment de faiblesse, et parle à celle qui représente, une des personnes que j'aime plus en ce monde. Malheureuse, comme jamais auparavant, je lui parle de nouveau.

Tu te souviens, de ce que tu disais à propos des gens qui partent!? dis-je, pour me donner du courage. Alors que mon manque de courage lui, va crescendo avec ma perte d'espoir.

- Tu disais :

" - Éden, parfois les gens partent. Parfois aussi, certaines personnes t'abandonnent, mais ce n'est pas systématiquement parce qu'il ne t'aime pas. Quelquefois, c'est précisément parce qu'ils t'aiment trop, qu'ils se rendent compte qu'ils ne peuvent pas rester avec toi. Et dans certaines circonstances, partir vaut mieux que générer davantage de souffrance. Ma fille, ne regrette jamais de partir, car partir ne fait pas de toi quelqu'un de lâche ! Partir est toujours préférable, que de rester pour quelque chose que tu sais déjà vain."

Je reprends mon souffle, mais je respire à peine, car quand ma mère m'a prodigué ce conseil ; j'étais si en colère. Je m'étais toute suite disputée avec elle, pour me rendre compte bien plus tard, combien elle avait raison. Mais à l'époque, ma peine de coeur était plus importante que le reste, que j'avais manqué l'essentiel. Dépité, je l'interroge, comme si elle pouvait me répondre.

- Maintenant, qui va me prodiguer ce genre de conseil si tu t'en vas ? Car c'est bien ce qui est en train de se passer, tu dois à ton tour partir!? Mon cœur se brise.

- Maman, je t'aime tellement. J'ai tellement besoin de toi. Alors dit moi comment faire sans toi ? Mon cœur est pratiquement à bout de souffle maman. Je retiens un instant mon souffle.

- Si tu savais, papa pleure toutes les nuits. Il s'enferme dans son bureau, en pensant que nous ne l'entendons pas. Sauf que Béa, et moi, mais nous l'entendons. Que faire maman ? Tu étais celle qui avait la réponse à toutes mes questions.

Je serre la main de ma mère amour, puis j'éclate de rire, alors qu'une pensée hilarante fuse de mon cerveau désœuvré.

- Tu dois certainement me prendre pour une folle ? " je lui demande.

- Mais tu sais très bien que je ne le suis pas. Hein?! J'ai comme envie de la secouer. - Oh maman, tu te souviens de toutes les bêtises que nous faisions.

- Tu me disais :

" - Chérie, nous sommes des femmes, et nous sommes malgré nous responsables de la dose de joie présente dans notre foyer."

- Alors nous inventions toutes sortes de folies pour véhiculer cette joie. Papa faisait continuellement semblant d'être agacé par nos batailles de farine, nos shoppings infernaux, nos pique-niques aux allures burlesques, nos farces de toutes sortes, et nos préoccupations féminines. Mais nous étions tellement heureuses, qu'il se laissait facilement convaincre, par nos demandes parfaitement arbitraires.

Mon regard, se porte sur ce lit de malheur. Je suis désemparé de voir à travers lui toutes nos promesses de bonheur familial, s'éloigner à la vitesse de la lumière. Détruite, je pose ma tête sur son lit médicalisé. Puis je voyage vers tous les instants de bonheur que ma mère bien-aimée, a partagés avec nous.

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Noah

Bordel ! En entendant cette fille parler ainsi de Lilia Cohen, une fureur que je ne m'explique pas, me tord les boyaux. Et le conseil qu'elle a prodigué à sa fille résonne en moi, comme une mauvaise blague.

" - Éden, parfois les gens partent. Parfois aussi, certaines personnes t'abandonnent, mais ce n'est pas systématiquement parce qu'il ne t'aime pas. Quelquefois, c'est précisément parce qu'ils t'aiment trop, qu'ils se rendent compte qu'ils ne peuvent pas rester avec toi. Et dans certaines circonstances, partir vaut mieux que générer davantage de souffrance. Ma fille, ne regrette jamais de partir, car partir ne fait pas de toi quelqu'un de lâche ! Partir est toujours préférable, que de rester pour quelque chose que tu sais déjà vain."

Étais-je une souffrance si immense ? Représentais-je une chose si vaine ? Partir ce n'est pas être lâche.
Putain, à qui faisait-elle gober cette connerie!? Bien sûr, sa petite princesse, est tellement éperdue d'amour, et éprouvée par le cancer de cette garce, qu'elle est incapable de comprendre les péchés de sa putain de mère. Je veux bien être damné si cette femme m'aimait ! Que sait-elle de l'amour d'ailleurs ? Après tous, elle a bien enfanté un fils comme moi !

En observant sa misérable fille, je compris immédiatement qu'il serait tellement agréable de lui faire du mal. Dans mon monde, le mal gagne toujours. Dans mon univers quoi qu'on fasse, la tristesse, les emmerdes et la mort sont sans cesse les seules finalités. Qui était donc cette oie blanche, pour croire que la vie était un rose bonbon, et que la mort d'une mère représentait la pire épreuve à affronter.

J'allais lui apprendre, que les humains vivent dans la réalité. Et que bien qu'elle ressemble à un ange, les dieux seuls vivent au paradis ! Et à mon humble avis la fille de cette mère indigne, avait besoin d'une dose de réalité. Je décide qu'il est temps pour moi de sortir de ma cachette, il est temps que cette fille fasse connaissance avec son demi-frère Noah.

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