21.

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Cela fait bientôt un mois qu’ils sont enfermés. L’homme cagoulé de noir entre dans le labo. Ses chaussures de cuir ciré claquent sur le sol. Il s’assoit sur la chaise face aux deux cages. Il regarde sa montre au poignet puis vérifie l’heure sur l’horloge murale. La pleine lune brille par les deux baies vitrées. Les deux garçons entament leur métamorphose au même moment. L’homme sourit, satisfait. La folie brille dans ses yeux vairons.

***

Sa vision était altérée par la drogue. Les couleurs n'étaient pas naturelles, plus brillantes, douloureusement contrastées. La luminosité crue de la pièce lui faisait mal au yeux. Pourtant, elle avait l'impression d'observer le monde à travers un filtre. Des tâches multicolores se superposaient aux détails de la pièce. Du carrelage blanc, une table en fer, une horloge murale. Ses yeux papillonèrent et elle perdit connaissance.

La sensation désagréable d'être prise au piège dans du coton empêchait Aurore de sentir ses membres. Elle était bloquée, clouée au sol dans cette léthargie ouattée. Elle se focalisa sur la sensation de froid qui lui brûlait la joue. Du béton, une seringue brisée, un homme inconscient. Elle perdit de nouveau connaissance.

Cette fois, l'effet du sédatif se dissipa totalement et Aurore retrouva l'usage de son corps. Elle se releva avec précaution et constata qu'elle était sous sa forme louve. Elle détailla la pièce dans laquelle elle se trouvait, nota les barreaux, la verrerie de chimie et le cadavre au sol. Elle s'empressa de faire un tour dans sa cage, la panique commençant à prendre possession de son cerveau. Elle couina, impuissante et se jeta sur les barres argentées, persuadée qu'à la longue, elle finirait bien par les ronger. Seulement ces bouts de métal n'avait pas de l'argent que la couleur et elle retira vivement ses crocs. Elle passa sa langue brûlée sur ses babines, histoire d'atténuer la douleur d'un peu de salive. Occupée à se soigner, elle remarqua à peine le "cadavre" se remettre sur pieds non sans mal.


L'homme observa attentivement chaque parcelle de son corps en commençant par ses mains. Plus il se regardait et plus il paraissait fasciné. Une fois l'intégralité de son être ainsi inspectée, il couvrit sa nudité d'une blouse blanche pendue à la chaise de bureau, non loin de là. Marchant pieds nus sur le béton gelé, il s'enfonça les bouts de verre de la seringue dès son premier pas. Il laissait désormais des traces sanguinolentes sur le sol, sans plus se soucier des éclats coincés dans la plante de ses pieds. Arrivé au niveau de la paillasse, il ouvrit le carnet de cuir et commença à écrire. Il se retourna ensuite en direction d'Aurore.

« Ô toi... Toi... Tu es ma salvation ! »

Sur cette déclaration sybillique, il sortit du labo, abandonnnant la louve à son triste sort. Aurore n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer car l'homme revint, armé d'un fusil vaguement familier. La louve s'effondra quelques secondes après, de nouveau plongée dans son coma artificiel, une seringue figée dans la cuisse.

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