6.

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« Tu sais, je vais demander Ambre en mariage. »

Le jeune homme crispe les poings alors que son ami lance sa casquette bleue en riant.

***

L’homme observait, fasciné, l’hybride reptile-loup dévorer le gros lapin. La bête avait surgi de derrière un bosquet et avait mordu la pauvre proie par surprise. En quelque seconde, le lapin dodu c’était retrouvé paralysé et le prédateur avec disloqué sa mâchoire afin de le gober d’un seul coup. L’homme ajusta son fusil et le cala fermement. Il regarda par la lunette de son viseur et pointa la tête du monstre. Il le voulait ! Le coup de feu claqua dans l’air et la seringue tranquillisante vint se loger dans le cou de la bête, qui s’affala aussitôt. L’homme sorti de sa cachette et s’approcha prudemment. Ce loup n’avait rien à voir avec les autres… Il était gigantesque et tout bonnement magnifique, pas comme ces déchets de loup-garou qu’il avait jusqu’alors kidnappé. Il observa la robe du fauve en détails et osa poser sa main sur les écailles noires. Oui, il voulait ce loup. Il déposa son sac à dos et en sorti des menottes et des chaînes en argent. A ses côtés, le fauve reprenait forme humaine. L’homme attacha fermement les poignets du Commandant Serian et vérifia que les menottes ne pouvaient pas s’ouvrir. Il était content de lui. Certes, il avait dépensé une fortune pour tout cet attirail, mais la sensation de toute puissance qu’il ressentait à cet instant valait tout l’or du monde ! Il se releva et alla chercher son pick-up en trottinant. Il eut beaucoup de mal à soulever David, mais aux prix d’efforts surhumains, il finit par réussir à le hisser dans la remorque arrière. Il grimpa dans la voiture, mis le contact et démarra en trombe. Il regarda fébrilement l’heure à sa montre fêlée, juste au moment où l’animateur radio annonçait minuit et demi.

Une heure plus tard, l’homme déchargea son trophée sur un chariot et fit rouler le tout en direction de la porte d’un hangar. Il approcha son visage du détecteur, qui vint scanner sa rétine, puis il posa sa main sur l’appareil qui s’illumina de vert et après un bip sonore, la porte du hangar s’ébranla et s’ouvrit dans un vacarme assourdissant. A l’intérieur, de nombreuses étagères étaient alignées. Chacune d’elles étaient remplies d’armes diverses et variées, de munition, de lampes et autres ustensiles inconnus. L’homme poussa le chariot jusqu’au fond de la salle, où la porte était à nouveau verrouillée par le même mécanisme qu’à l’entrée. La deuxième pièce était immense, haute de plafond et éclairée d’une lumière cinglante. Des cages étaient placées les unes à côtés des autres, vides. Après avoir passé une dizaine de ces geôles, un bruit de chaînes frottant contre le béton se fit entendre. Les trois dernières cages étaient occupées par des hommes, chacun enchaîné et vêtu d’une blouse d’hôpital. Leur regard était terne et sans vie, comme s’ils étaient drogués. Du sang séché collait à leur poignet, là où les menottes avaient entamé leur chair. Ils ne bougèrent même pas quand l’homme les dépassa avec son chariot, sans leur adresser le moindre intérêt.

Une troisième porte attendait d’être déverrouillée par le ravisseur. Contournant David, toujours inconscient, il sorti un trousseau de clefs de la poche de son blouson. Il présenta son œil noir au scanner, posa sa paume et inséra une petite clef complexe dans la serrure. Après un tour vers la droite, il la retira, en sorti une autre et vint l’enfoncer dans la même serrure, puis la tourna deux fois vers la gauche. La porte se débloqua dans un boum mat, comme si la pression de la pièce derrière avait soudain été relâchée. L’homme entra avec le chariot dans un laboratoire de carrelage blanc. Une horloge murale pendait sur la gauche, une table d’autopsie en métal se trouvait au centre de la salle et une paillasse supportait tout un équipement d’appareils de chimie. La verrerie était soigneusement alignée, des substances aux couleurs douteuses chauffaient dans des ballons, diffusant leurs vapeurs dans des tubes tarabiscotés, et différentes fioles portaient des étiquettes écrites à la main. Après avoir fermé la porte derrière lui, l’homme traîna le Commandant Serian jusqu’à la cage qui occupait le fond de la pièce, juste à côté des deux baies vitrées. Une fois menotté, David gisait mollement à même le sol de béton froid. L’homme tira la chaise de son bureau, se prit la tête entre ses mains et se mis à sangloter. Il ôta sa montre et regarda pensif les aiguilles arrêtées, avant de crisper la mâchoire et frapper violemment le poing sur la table. Il enfila la blouse blanche qui pendait sur le dossier de la chaise, sorti une seringue d’un des tiroirs et entra dans la cage. Il préleva trois doses de sang de son prisonnier qu’il étiqueta soigneusement de la mention « Hybride Loup-garou Aspic – Juin 2018 ». Il déposa les trois tubes au frigo, auprès de ceux déjà présents. On pouvait y lire d’autres mentions : « N. – Avril 2017 », « G. – Avril 2017 », « LGO – 2017 », « LGB – 2017 » et « LGA – 2017 ». L’homme admira sa collection, puis sorti de la pièce.

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