Flotter (2)

12 minutes de lecture

Lac du Héron, Villeneuve d'Ascq, France


Armand débarqua sur un chemin de terre face à l'étendue d'eau.

En voyant le corps de la cliente suspendue dans les airs, il eut un bref sourire. La jeune femme était pliée en deux, comme appuyée contre une barre invisible placée juste sous son ventre. Elle essayait de rabaisser sa robe en se débattant, mais, pour le moment, le fileux avait une vue imprenable sur son shorty orangé.

Cela dit, elle semblait fatiguée.

— Vous pressez pas, surtout ! cria-t-elle. Prenez bien le temps d'admirer mes fesses !

Pourtant, ce plaisir simple s'atténua très vite, balayé par une sorte de peur, une boule d'appréhension qui le prit aux tripes. Quelque chose ne collait pas avec la description du service technique.

— Tu dois d'abord refermer la porte, Armand, murmura l'autre.

— Attention à ce que mon joli derrière ne vous empêche pas de faire votre boulot, ajouta la femme.

Il secoua sa tête un instant, puis se tourna en direction de ladite porte, juste derrière lui.

Aussitôt, un mal de crâne lui vrilla furieusement la tête.

Dans l'encadrement, vibrait l'obscurité de la salle d'embarquement, parasitée par le spot qui éclairait toujours le sol métallique. Derrière cette improbable faille, les arbres du lac du héron agitaient leurs branches nonchalamment. La porte paraissait une béance dans la fabrique de la réalité - et à bien y réfléchir, c'était un peu le cas -, comme si un enfant venait de découper un bout du monde avec une paire de ciseaux divine et y avait collé une coupure de magazine.

Armand referma la porte et elle disparut, emportant avec elle son mal de crâne.

Il observa de nouveau le fessier orangé, mais tandis qu'il s'avançait au bord de l'eau, un nouveau filet de peur glissa dans son dos.

— Bonjour madame, je m'appelle Armand. Ce sera moi votre fil d'ariane, pour aujourd'hui. J'ai des questions à vous poser avant qu'on commence.

Alors qu'il s'apprêtait à lui poser la première de ses questions, le corps de la femme valdingua, jeté dans les airs comme une balle de jongleur. À la retombée, une force la retint, mais la violence d'une gravité inéluctable lui décrocha un ouch de douleur.

Il comprit soudain d'où provenait sa peur.

Si la situation avait paru amusante au premier abord - notamment à ce type, là, Barthélémy -, il s'avérait qu'elle pourrait être plus délicate que prévu. La cliente semblait toujours d'humeur à faire de l'humour, mais son visage trahissait déjà une lassitude évidente et son cri de douleur, lui, ne permettait pas d'envisager la suite très sereinement.

— Madame ? Quel est votre nom ?

— Eléanor, souffla-t-elle. Eléanor Rodrica, à votre service.

Pour la première fois, il découvrit son visage. Elle lui souriait d'un air triste tandis qu'il prenait une note mentale de sa réponse.

— Parfait. Quand c'est que cette anomalie a commencé ?

— Il y a une demi-heure à peu près, quelques minutes avant d'avoir appelé votre charmant collègue. Enfin, votre collègue qui a une voix charmante, parce qu'à part ça, il était pas très vivace d'esprit. Je m'étais assise sur le... Oh !

Tout à coup, elle se souleva, mais, cette fois-ci, elle ne parut pas projetée dans les airs. Elle montait, lentement, comme si une entité invisible - et titanesque ! - la portait vers son visage pour l'observer de plus près.

Le cœur d'Armand se mit à battre plus fort.

Si c'était une nouvelle créature, il espérait ne pas tomber sur une cousine de l'immondice enfermée dans la chambre 52.

Quelque chose souffla et les vêtements de la jeune femme virevoltèrent.

— Aidez-moi, reprit Eléanor, je suis fatiguée. Et j'aimerais bien finir mon croissant.

— Je fais au plus vite, madame. Vous dites que ça a commencé il y a une demi-heure ? Vers 15 h 30 ?

Elle acquiesça d'un signe de tête. Nouvelle note mentale.

— Et vous faisiez quoi quand ça a commencé ?

— J'étais assise, au bord de l'eau, sur le ponton, là-bas. Au moins, quand je suis assise, plus personne peut me reluquer les fesses. J'ai rien fait d'ano....

Le phénomène la secoua comme un hochet d'enfant.

Eléanor lutta, sembla repousser quelque chose de ses mains, puis ses forces la lâchèrent et elle termina agitée sans retenue. Lorsque les secousses cessèrent, elle pleurait. Le fileux posa alors son barda au sol - sorte de gros sac à dos de randonnée - tout en demandant à la jeune femme de poursuivre.

— J'ai rien fait d'anormal. J'étais juste là, en train de manger un croissant que j'avais acheté sur la route. Je profitais du soleil, du calme et... d'un coup... quelque chose m'a attrapé par les pieds. J'ai eu peur de finir à l'eau, mais au lieu de ça, on m'a jeté en l'air et ça ne s'est plus arrêté. Venez me chercher, s'il vous plait.

Sa dernière phrase sonnait clairement comme un appel à l'aide.

Il n'y avait plus d'humour dans ses remarques.

— Je dois remonter le fil, avant, c'est la procédure, mais je fais au plus vite. Mes équipements ne fonctionnent que là-bas.

Il glissa une fermeture de son sac et l'ouvrit comme une malle. À l'intérieur, se trouvait une grande boite en bois qu'il s'empressa d'extirper et d'installer juste devant lui. Elle était plus large que son propre corps et, sur le dessus, était gravé le symbole du Fil. Des traits ondulés qui s'enchevêtraient en tournant autour d'un point concentrique, comme un anneau difforme. À chaque fois qu'il posait ses yeux dessus, Armand avait cette sensation que le symbole avait changé, évolué, que les intrications des fils n'étaient plus tout à fait les mêmes, que le cercle qu'ils dessinaient s'était épaissi ou, parfois, avait rétréci.

Le symbole, tout comme le phénomène, était changeant, lui semblait-il.

Inconstant.

Lorsqu'il ouvrit la boite, instantanément, le monde s'arrêta : la robe d'Eléanor se figea dans une position improbable, de même que les frémissements de l'eau, les arbres ou les insectes. Le monde ressemblait à ces peintures que l'autre l'avait emmenées voir un soir, dans un musée.

— Des peintures réalistes, murmura l'autre. La rafale de vent, de Courbet. Tu as raison, il y a le même genre d'ondes.

Avec l'arrêt du temps, Armand ressentit tout d'abord le vertige, cette sensation, prégnante, de chute libre alors qu'il demeurait immobile. Sa réalité n'était plus qu'un décor, un fond d'écran posé sur le néant.

Ensuite vint le manque d'odeur.

Paradoxalement, il parvenait à sentir l'absence d'odeur - en réalité, c'était probablement un changement de la composition de l'air, mais il n'avait jamais vraiment retenu ces trucs-là. C'était une sensation identique à une gorge si sèche qu'on en perd sa voix. Sauf que là, tout se passait dans le nez. Un picotement, d'abord, qui se transformait en franche démangeaison, mais qui jamais ne faisait éternuer.

Bientôt, s'invitèrent les craquements - Armand préférait les appeler grattements, car le bruit ressemblait à des ongles qui raclent lentement les imperfections du bois - indiquant que sa réalité essayait de reprendre son cours - enfin que son cerveau tentait de compenser l'impossible scène que ses sens lui indiquaient.

Finalement, la conscience professionnelle déboula, accompagnée de tous les réflexes acquis lors des longues séances d'entraînement.

— À moi de jouer, murmura-t-il dans le néant.

— On ne parle pas dans la crispation du palier.

Bien sûr, Armand le savait, mais il aimait se parler à lui-même, parfois, pour se motiver. Et, aujourd'hui, il pressentait qu'il en aurait besoin. Cette jeune femme semblait en mauvaise posture.

Il baissa le nez et observa ses équipements.

Dans la boite se trouvait deux objets : une tablette, elle aussi en bois, bardée de boutons mécaniques ressemblant à des thermostats gradués, également flanquée d'un bouton rouge bien évident, et éventrée d'un étrange puits sans fond en son centre ; un casque doté d'une visière imposante, d'une molette métallique située au niveau de la tempe gauche et d'une étrange excroissance sur le dessus, bombée comme la crête d'un voyou caricatural de film punk post-apo ; un petit cube parfait, aux surfaces opaques, mais brillantes.

Armand enfila le casque.

Aussitôt, l'oxygène afflua en grandes pompes, et les sensations désagréables s'atténuèrent - sans disparaître totalement. Il s'empara alors de la tablette et avança en direction du ponton. Chacun de ses pas paraissaient une épreuve dans le palier du Fil.

Il semblait se mouvoir au fond d'une eau dense.

Lorsqu'il arriva au ponton, il examina un instant le croissant qui gisait sur le bois avant de poser les doigts sur les crans de l'un des boutons de la tablette - celui qui portait la mention minutes.

Il observa les alentours en fronçant les sourcils.

Il se tourna vers son point d'arrivée et il se trouvait toujours là, penché sur la boite du filogramme, en train de l'ouvrir et, suspendue dans les airs, figée, Eléanor Rodrica.

Il tourna le bouton vers la gauche, pour revenir en arrière.

Le monde autour de lui se mit en branle.

La jeune femme secouée comme un hochet, son étrange et lente ascension, cette projection vers les cieux à laquelle il venait d'assister et, pendant ce temps, il se revoyait réinstaller le sac du filogramme sur son dos, s'entendait poser des questions dans un étrange langage de syllabes gobées et de sons gutturaux perturbants. Il observa aussi son arrivée par la porte qui, un instant était bien là, tangible, visible, et le centième de seconde suivant, avait simplement disparu.

Se revoir ainsi ne le perturbait plus depuis bien longtemps.

Bien sûr, la première fois, il avait déchanté.

S'observer de l'extérieur avait quelque chose de dérangeant - rien à voir avec le fait de se contempler dans un miroir. La première fois, la sensation dominante lui avait donné la même impression qu'entendre sa propre voix sur un enregistrement. On prend conscience d'un léger cheveu sur la langue, d'un timbre qui nous semble complètement étranger ou, juste, d'un accent à couper au couteau.

La première fois qu'il s'était vu dans le Fil, il avait vu sa calvitie naissante - naissante à l'époque et bien entamée aujourd'hui -, d'un léger surpoids qui galbait ses vêtements là où aurait dû se trouver des pectoraux et, plus embêtant encore, de sa posture voûtée qui trahissait son manque de confiance en lui.

S'il existait bien un instant charnière dans la carrière d'un fileux, c'était bien cette première fois. L'impact du baptême du palier allait bien au-delà d'une simple prise de conscience physique, il pouvait anéantir l'esprit humain. Peu importait les préparatifs, les trois années d'entraînement aux procédures prédéfinies ou le renforcement mental, découvrir une autre version de soi-même à un instant d'ores et déjà révolu demeurerait toujours une épreuve psychologique d'une violence extraordinaire.

Et, dans le palier, cette prise de conscience entraînait une conséquence tout à fait incongrue.

Une dissociation.

L'apparition d'un alter.

Dès l'instant où il apercevait son corps, le fileux impulsait un changement aux répercussions qui ne s'observeraient que dans les années à venir. Sans réellement le vouloir, il projetait, dans ses pensées, une version de lui-même magnifiée, amputée de tous les défauts dont il venait de prendre conscience.

Alors, comme un miroir renvoie une image de soi, le Fil fabriquait le reflet idéalisé de la personnalité du fileux, de son corps, et l'inscrivait dans les interstices de sa conscience.

D'un baptême du palier, un visiteur ne revenait jamais l'esprit libre.

— C'est comme ça qu'un abruti comme toi hérite d'un génie comme moi, claironna l'autre.

Alors, depuis lors, Armand avait changé - en plus d'avoir rencontré son alter. Il s'était repris en main et, l'aperçu de ce qu'il deviendrait lui montrait un avenir radieux. Son nouveau lui représentait tout ce qu'il aimait, même s'il avait parfois un côté agaçant et je-sais-tout.

Aujourd'hui, pourtant, ces considérations paraissaient lointaines.

Il se contenta de tourner la molette, d'observer le fil du temps s'inverser - avec toujours cette curiosité amusée que l'habitude avait à peine entamée - et remonta jusqu'à l'instant où Eléanor Rodrica avait croqué dans son croissant d'un air glouton.

À l'instant de la morsure, l'eau frémit étrangement.

À l'aide de la molette des secondes, il avança le fil du temps, recula, puis avança à nouveau. Il jouait avec l'interstice temporel dans lequel le mouvement de l'eau ne suivait plus sa physique naturelle. Elle n'était plus seulement poussée par le vent jusqu'aux berges, elle rencontrait un obstacle.

Il passa aux millisecondes pour gagner en finesse, puis Armand sauvegarda la boucle temporelle pour la jouer en continu. Il tourna ensuite une molette sur son casque jusqu'à ce qu'un filtre particulier déformât sa vision. Tout se colora de nuances bleutées tandis qu'il pouvait désormais percevoir les frémissements de l'Yseult-Marquette.

Un frisson dans son dos.

Mettre ce filtre devant ses yeux provoquaient toujours un malaise violent.

Rien que l'idée d'observer une dimension - enfin la frontière balbutiante qui y menait -, comme une porte vers des univers totalement insoupçonnés vingt ans auparavant, le rendait nerveux. Il existait une différence majeure entre la connaissance d'une chose et sa constatation évidente.

Surtout qu'il savait pertinemment ce qui grouillait là-dedans.

— D'indicibles horreurs grouillent dans l'infini des parallèles, balança son futur-lui comme s'il déclamait une profonde citation.

Armand l'ignora une nouvelle fois, incapable de comprendre la portée de cette réflexion, puis fronça les sourcils, car, avec ce filtre posé devant les yeux, il distinguait la formation d'une béance à la surface de l'eau. Un trou visible au travers de l'Yseult-Marquette ne pouvait signifier qu'une seule chose : une échappée.

Il posa ses doigts tremblants sur la molette des secondes, et avança.

Lentement, la béance s'épaississait, s'agrandissait. En lieu et place de l'eau, apparaissait un puits vers un univers indistinct, brumeux. À chaque seconde gagnée, la porte grossissait jusqu'à ce qu'un étrange filament s'en échappât.

Armand lâcha la molette, paniqué, et ferma un instant les yeux.

Quelque chose était entré.

Cette intervention se complexifiait de plus en plus.

Il rouvrit les yeux, se focalisa sur le filament, puis prit une grande inspiration d'oxygène pur.

Clac ! Il tourna la molette d'un cran.

Désormais, une multitude de filaments se dressait deux mètres au-dessus de l'eau, et, alors que le temps était arrêté - il vérifia même autour de lui - il aurait juré les voir onduler.

Clac ! Une seconde supplémentaire.

Attachés au filament s'extirpèrent de la béance des sortes de tentacules dont les ventouses ressemblaient à des visages humains torturés. Leurs regards étaient figés dans des expressions de douleurs effroyables.

Une peur maladive s'agrippa au cœur d'Armand et il eut un geste de recul.

Ce qui sortait de la faille était titanesque.

Clac !

Le filogramme glissa des mains du technicien et tomba lourdement au sol. Des centaines - non, des milliers - de tentacules s'extirpaient de la béance pour s'élancer dans les airs. Certains d'entre eux prenaient appui sur la surface du lac, comme si l'eau était devenue solide. La créature, d'un geste volontaire, s'extrayait de sa dimension à une allure tout à fait impossible.

Le fileux se pencha et ramassa son équipement.

Clac !

Les immenses tentacules piquetés de visages humains - ces visages tordus de terreur muette - atteignirent des dimensions incroyables. Des dizaines de mètres d'horreurs noires frétillaient hors de la faille et filaient dans toutes les directions, mais ce qui s'avançait désormais - le corps, sans doute - paraissait plus monumental encore.

Clac !

À nouveau, Armand recula, le cœur serré, une étrange sueur froide le long du dos. Le corps de la créature était à la fois sphérique et cubique, solide et gazeux. Tout comme la faille ouverte par la porte avait entrainé un malaise visuel, l'impossibilité physique qui s'imposait à lui provoqua une incontrôlable nausée.

Il retira son casque à toute vitesse - camouflant de fait la vision cauchemardesque - et dégobilla, là, tout seul, sur le croissant abandonné de la jeune femme. Il observa quelques secondes son œuvre d'art glaireuse en pestant contre lui-même.

Quelque chose bougea.

Il leva les yeux d'un geste vif, à l'affût, mais le monde était figé. Un regard circulaire plus tard, il ne distingua plus aucune agitation, pourtant - et il en était certain - un mouvement avait agité les environs. Il ferma un instant les yeux en se demandant si la créature n'aurait pas pu provoquer cette sensation.

Sans le casque, il ne la voyait plus.

Sa respiration devenait plus lourde. Ses poumons accusaient le coup d'une exposition trop longue à l'étrange atmosphère du palier. Il savait qu'il devait de nouveau enfiler son casque, mais une terreur convaincante l'invitait à ne surtout pas le faire.

Et si la créature s'était déplacée ?

L'être humain commençait seulement à appréhender l'Yseult-Marquette, alors, aucun doute dans son esprit n'entravait son idée que, quelque part, dans leur univers ou dans un autre, une créature possédait cette capacité directement inscrite dans ses gènes - ou dans ce qui pouvait bien la composer.

Tremblant, il glissa lentement le casque sur sa tête et ce qu'il découvrit le fit tomber à la renverse.

Des yeux.

Par dizaine, braqués sur lui, là, à quelques mètres.

Des yeux vaporeux, comme des opales gazeuses fendues de saphirs liquides.

Des yeux éparpillés, sans aucune symétrie, dans une masse brumeuse - noire aux reflets marine -, tantôt vaguement sphérique, tantôt parfaitement cubique, changeante chaque fois qu'Armand clignait des paupières.

Des yeux titanesques qui l'observaient, curieux, inquiétants, attentifs.

Et puis la masse fonça sur lui, l'enveloppa et, bientôt, les yeux étaient partout, tout autour de lui.

Au travers du nuage remuaient les ombres de tentacules intéressés, alors Armand prit une grande inspiration, convaincu qu'il vivait ses dernières secondes.

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