Choc

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Le lendemain matin, Ada se relève doucement de son petit nuage. Elle descend, à pas de velours, préparer le petit-déjeuner et s’aperçoit de l’absence de Lucas. Bizarre. La matinée se poursuit et elle commence à cogiter. Serait-il possible qu’elle ait mal déchiffré ses sourires ? Est-il gêné par ce baiser ? N’est-elle pas assez attirante pour lui ? Les doutes s’entrechoquent dans son crâne de jeune amourachée. Son évolution depuis le pensionnat est flagrante, mais lui ne la connaissait pas avant, sous ce voile d’ombre, pourrait-il l’aimer à présent ? Qui plus est, son avenir est incertain...

Devant ce questionnement sans réponse, l’adolescente préfère fuir dans l’action.

Elle décide donc de se lancer dans la nouvelle préparation commandée par Thérèse. Les sachets entrouverts, les pots dévissés, les ingrédients rassemblés sur la grande table. Elle s’embarque dans la recette inscrite sur un bout de feuille.

A mi-chemin, elle s’aperçoit que le jeune homme revient dans ses pensées qui tournent désormais en boucles incessantes. Elle souffle, relit l’étiquette. Zut. Elle s’est trompée dans les dosages. Elle hésite à reprendre depuis le départ, à moitié convaincue par le pouvoir présumé de ces potions verdâtres. Thérèse n’en saurait rien… Elle se ronge un ongle. Par respect pour la vieille dame, elle s’astreint finalement à tout jeter et tout recommencer. L’élaboration de cette mixture nécessite attention et concentration.

Épuisée par ce long combat contre elle-même, c’est toutefois d’un pas décidé qu’elle rejoint la poste, prête à envoyer son colis.

La main posée sur l’osier du panier, elle déboule sur la place du village. Elle ralentit progressivement l’allure à la vue de la silhouette aux cheveux bouclés enfouis dans l’épaule d’une femme brune. La carrure musclée du jeune homme ne prête plus à confusion lorsqu’elle traverse la route principale.

Son sang monte dans ses tempes. Elle voit rouge. Comment peut-il ? La jalousie l’étreint alors, sentiment impulsif et dévastateur. Elle s’avance, bien décidée à le gifler, lorsqu’il se retourne, la mine déconfite et les yeux bouffis :

  • Thérèse est morte.

Elle ouvre grand les yeux au ciel. Puis pivote et s’enfuit en courant vers le gîte. Ses larmes se mêlent à la sueur. Son souffle, son râle, ses gémissements ponctuent le trajet.

Elle tire la porte en chêne, retourne l’écriteau « fermé », la rabat violemment, condamne le verrou et s’effondre à même le sol.

Recroquevillée, elle pleure, pleure, pleure. Elle pleure comme elle ne l’a jamais fait pour personne. Elle pleure sa mère, son père, sa sœur, sa solitude, sa haine du monde, sa haine de l’amour. Lien créateur de tant de souffrances.

A bout de larmes, à bout de forces, elle tombe. Elle tombe dans l’étau de son mal-être. Recluse dans sa peine.

Les coups à la porte n’y changent rien, le cris d’appel dehors non plus. Son cœur se referme sur le chaos de sa vie.

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