Garman Trosnarii

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MARKUS : Monsieur Trosnarii, merci d’avoir répondu favorablement à notre demande d’interview.

TROSNARII : Je vous en prie, c’est un plaisir. Et appelez-moi Garman.

MARKUS : Vous êtes donc, Garman, le disciple de saint Dselgan, c’est cela ?

TROSNARII : Saint DAselgan, en effet.

MARKUS : Mes excuses, saint Daselgan. Cette distinction est-elle à ce point importante ? Vous n’êtes pas sans savoir que beaucoup de personnes élident ce A.

TROSNARII : Vous demandez si cette distinction est importante ? Vous voulez dire, en dehors du fait que Dselgan ne signifie absolument rien en ancien ?

MARKUS : Parce que Daselgan signifie quelque chose dans cette langue morte ?

TROSNARII : Hé bien hé bien, le savoir se perd dirait-on… Pour votre gouverne, « dasel » signifie nouveau en ancien, et « gan », avenir.

MARKUS : Nouvel avenir… que voilà un nom approprié !

TROSNARII : Effectivement. Vous comprenez maintenant pourquoi il est important pour moi que le nom de mon maître soit correctement prononcé.

MARKUS : Justement, vous parlez de maître. Le considérez-vous toujours comme tel ? Depuis votre départ à la recherche des connaissances d’Ao, vous en avez parcouru du chemin. Saint Daselgan vous doit d’ailleurs plusieurs fois la vie, à ce qu’il me semble

TROSNARII : C’est vrai. Et je la lui sauverai mille fois de plus sans jamais avoir la prétention de l’appeler autrement que maître ou iskar !

MARKUS : Si je puis me permettre, est-ce lié au fait… qu’il a été le premier élu des manifestations d’Ao ?

TROSNARII : Aucunement, quelle idée ! Non, il est mon maître car depuis toujours il a une vision de la vie et du monde bien plus étendue que la mienne. Il a toujours, comme diraient vos sportifs, une longueur d’avance, quelques soient mes progrès.

MARKUS : Et cela ne vous frustre-t-il pas ?

TROSNARII : Frustré, je le serais s’il vous choisissait vous comme disciple…

MARKUS : Què… question suivante si vous le permettez… Vous avez traversé les dangers des Terres Jaunies, échappé aux guerriers teltarnans, et enfin vous avez affronté les terribles iskalkanti samarins. Parmi toutes ces expériences, quelle est, selon vous, celle que vous ne voudriez absolument pas retenter ?

TROSNARII : Haa, voilà une question intéressante. Elle est particulièrement compliquée, car chacune de ces trois étapes m’a trouvé plus mature que la précédente. Par exemple, je ne suis pas sûr d’autant craindre ma fin s’il advenait que je recroise un raïdir.

MARKUS : Les félins de guerre ?

TROSNARII : Les chats de guerre, pour être exact. Je ne dis absolument pas que je pourrais en affronter un sans le craindre, loin de là. Mais ce jour-là, sur les berges du Tariakt Bleu, j’ai vécu ma toute première rencontre en n’ayant aucune conscience des réels dangers du monde. Aussi, cette force tranquille que ces animaux dégagent m’avait paru détenir la plus formidable des puissances du Créé. Évidemment, avec le recul, ils font certes partie de ces adversaires les plus dangereux à rencontrer, mais il y a bien pire qu’eux !

MARKUS : Vous pensez aux guerriers teltarnans ?

TROSNARII : Les guer… pfff, vous rigolez ? Les saisons que j’ai passée enfermé dans l’une de leurs cages étaient certes extrêmement pénibles, mais j’ai fini par m’y habituer. Le Pensant s’habitude toujours à la misère, tant qu’elle devient coutumière.

MARKUS : Vous en avez pourtant souffert, vous le dites vous-même.

TROSNARII : J’en ai souffert, oui, mais je n’avais pas peur de mes geôliers. Ils étaient presque nus, comme leur nom l’indique, violents lorsque nous ne suivions pas les ordres suffisamment vite, et nous considéraient comme des animaux. Comparé à la traversée des Terres Jaunies cependant, nous avions au moins à boire et à manger tous les jours.

MARKUS : Dans ce cas, lorsque vous parlez de dangers bien pires…

TROSNARII : Non, je ne parle pas non plus des iskalkanti. Ils sont peut-être l’élite de l’armée de l’intérieure samarine, mais ça n’en reste pas moins des soldats, et forts jeunes pour la plupart. Et même si leur endoctrinement les rend assurément plus dangereux que les armes en fer qu’ils manient, ils ne sont toujours que des Pensants, avec leurs qualités, et surtout, leurs faiblesses.

MARKUS : Dans ce cas, que pouvez-vous donc trouver de plus dangereux que les raïdirs ?

TROSNARII : Les peuples.

MARKUS : Les peuples ?

TROSNARII : Oui, les peuples. Regardez les Envadans. Avant le Grand Oubli, ils sont descendus des monts Satifialeï jusqu’à l’Abarkuëi. Et que reste-t-il de leur passage ? Des centaines de lieues de terres infertiles ! Les Pensants, lorsqu’ils marchent dans la même direction, sont capables du pire. Et même de faire abstraction des montagnes pour y parvenir !

MARKUS : Des montagnes ? Que voulez-vous dire ?

TROSNARII : Ce que je veux dire ? Haa, c’est embêtant… Désolé, il semble que je me sois un peu emporté. J’ai peur de ne pas pouvoir développer davantage la question.

MARKUS : Vous ne pouvez pas, ou vous ne voulez pas ?

TROSNARII : Intéressant ! Vous êtes perspicace… Je ne veux pas, en effet. Car il s’avère qu’il est un dieu, appartenant à une autre réalité, qui est susceptible de lire votre interview. Or, dans cette réalité-là, je viens à peine de me faire capturer par les iskalkanti. Aussi, par respect pour lui, je préfère ne pas en dire plus ici, vous comprenez ?

MARKUS : Je comprends, et ce souci est tout en votre honneur, je vous assure ! Et quel que soit le dieu que vous évoquez, et que nous saluons au passage !

TROSNARII : Et en parlant d’iskalkanti à combattre, si vous voulez bien m’excuser, j’ai justement un Craaltensil à aller visiter dans cet autre univers.

MARKUS : Vous avez un emploi du temps chargé, et nous le comprenons aisément. Je vais donc me permettre de vous réitérer nos plus sincères remerciements pour cet interview imprévu, et prier pour avoir l'occasion de vous réinviter sur le plateau à une prochaine occasion. En espérant que vos activités vous le permettront…

TROSNARII : Hoo, à ce sujet, vous savez ce qu’on dit, n’est pas ? À savoir si quelque chose est possible ou pas…

TROSNARII, MARKUS, spectateurs : Ao est !

[Rires et applaudissement]

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