Rétine

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Elle se rapprocha de ce corps parfaitement inerte pour constater l'horreur qu'elle n'osait s'imaginer. Elle aurait pu hurler de terreur pour extérioriser les palpitations soudaines. Elle aurait pu déguerpir en vitesse pour ne pas laisser cette macabre découverte prendre ses aises dans sa mémoire. Elle aurait tout simplement pu prévenir les autorités mais elle n'était plus maîtresse de ses mouvements. Le corps flottait à moitié par le haut, le reste reposait sur la bordure de la fontaine, donnant un accès festoyant aux nombreux rats qui n'hésitèrent pas à se mettre à l'eau pour s'emparer des orifices de la tête. Les globes oculaires étaient un met de choix. La si belle lumière qu'elle recherchait tant lui proposait un modèle de choix, une œuvre d'art. Plus elle se rapprochait, plus elle voyait la beauté qui s'y dégageait. Elle était admirative de ce qui s'offrait à elle, l'odeur pestilentielle l'aidait à communier avec cette sombre allée qui lui servait un cadavre de noyé.

Après être tombée sous le charme, après avoir été longuement fascinée, l'appareil photo entra à son tour en scène et gratifia sa chanson de clics qui résonnèrent entre les murs poussiéreux. Elle était si éprise de ce moment de délectation qu'elle n'entendit pas les bruits de pas qui se rapprochaient de derrière. Elle ne vit la personne que lorsqu'elle fit le tour de la fontaine pour piéger tout les aspects du tableau dans son appareil. Elle se détacha de l’œilleton pour revoir de nouveau la réalité de ses propre yeux. C'était une grande masse sombre avec deux cercles lumineux au milieu de la tête, prostrée de l'autre côté. La photographe était pétrifiée ne fit plus aucun mouvement jusqu'à ressentir des morsures à la jambe. Elle sorti de sa léthargie en voyant les rats dispersés autour d'elle, tentant de la dévorer à son tour. Elle sursauta de panique quand elle entendit distinctement une voix rauque sortir de la forme humaine restée immobile.

- Another dish will be so great for them !

Elle comprit, avec l'insistance des rats qu'on lui réservait le même sort que le corps dans la fontaine. Dans un hurlement d'impuissance, elle passa par dessus l'amas de rongeurs et parcouru l'allée qui se terminait par une mur de briques rouges. Elle appela à l'aide de toutes ses forces mais personne n'était là pour entendre, ni pour voir. Seul les rats répondaient à ses cris, ils avaient les yeux rouge de rage. Elle les retira à grand coups d'envolées au fur et à mesure qu'ils tentaient de l'escalader, elle essayait de les piétiner pour éviter de se faire manger les chevilles. Elle bougeait dans tout les sens et remarqua que l'homme se rapprochait d'elle dangereusement. Elle s'agrippa alors instinctivement à une barrière en hauteur après plusieurs tentatives. Elle s’arracha du sol, en compagnie de quelques rats chanceux, pour se faufiler dans le balcon le plus proche. Elle y balança tout les rongeurs qu'elle pouvait lorsque elle en vit d'autre grimper le long des murs de l'immeuble. Elle rentra immédiatement à l'intérieur de l'appartement inoccupé. Elle était si paniqué qu'elle ne remarqua pas qu'elle pu venir s'y réfugier parce que la fenêtre était grande ouverte. Elle la referma aussitôt et tenta de sortir de cet appartement obscure. Elle vit à côté de la porte d'entrée un portrait du locataire. C'était lui, le cadavre qui l'avait comblé. Elle échangea un regard de tristesse avec cette photo, elle compris dès lors que personne ne viendrait la secourir, elle était seule.

Les rats étaient quand à eux de plus en plus nombreux, ils réussirent à éclater la vitre et entrer à leur tour tel un raz-de-marée. La jeune femme était déjà sortie, dévalant les marches une à une pour se rendre au rez-de-chaussée. Elle traversa le hall principal en se voyant paniquée à travers le miroir latérale. Elle s'arrêta d'un coup, elle se regardait terrorisée, elle ne pouvait plus bouger tant elle demeurait captive par son portrait effroyable. Le temps n'existait plus, le danger n'était plus là, tout ce qui comptait était en face d'elle, une beauté de terreur. C'est alors que la mystérieuse forme humaine la saisi par le cou. Il la regarda et la dirigea délicatement vers le sol, la main agrippée à la gorge dans le calme le plus serein. La photographe ne pouvait pas enlever son regard du miroir, elle assistait à sa propre mise à mort. Les rats se présentèrent au festin servit par leur maître, il mordirent, ils mâchèrent, ils se régalèrent pendant qu'elle mourut lentement et passivement. Elle se voyait à terre, une colonie de rats autour et une sombre forme au dessus d'elle, ce fut sa dernière image avant que son dernier oeil ne se referma. Elle l'a aimé.

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