Chapitre 7. Réveil.

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(point de vue d'Evan.)

J'ouvre les yeux. Je lève ma main. Au-dessus de moi, la paroie grise que ma main effleure est dure et froide. Où suis-je ? J'étais dans la forêt avant ! Je tourne la tête à droite, il y a un mur. Je la tourne à gauche, il y a un rideau blanc. Je me relève, j'ai un oreiller et une couverture blanche. Je pousse le rideau, et tente de me lever. Mes jambes refusent, ne portent pas mon corps, en quelques secondes une de mes joues rencontre le sol. Le choc résonne dans mon crâne. J'ai le temps de voir d'autres lits vides et une femme, une infirmière, arrive. Après, mes yeux se referment.

Lorsque je les ouvre à nouveau je suis dans le même lit que tout à l'heure. Mais à mon chevet il y a l'infirmière et mon pote Marc. Jared se tient à l'écart. Il n'y a personne d'autre. Une bouffée de tristesse m'enveloppe. Il n'y a pas Enokiera. Tout cela n'a peut-être été qu'un rêve. Après avoir essuyé mes yeux, je m'apperçois que l'infirmière me parle, je n'assimille pas directement ses paroles. Je hausse les sourcils et elle répète :

— Monsieur Delino, est-ce que tout va bien ?

Je veux parler mais on dirait que je suis aphone. Je hoche la tête, de haut en bas, pour lui répondre. Oui tout va bien. J'ouvre la bouche dans une nouvelle tentative de m'exprimer. Elle me donne de l'eau. Je repousse le verre d'une main. Je n'ai pas soif, je veux parler ! Je veux savoir où elle est. Marc a deviné que je souhaitais communiquer. Il sort un carnet de la poche de sa veste et me le donne, ainsi qu'un crayon. Je note :

Où est-elle ? Pourquoi n'est-elle pas ici ? Où suis-je ?

Je tends le carnet, l'infirmière tente de le prendre mais c'est Marc qui s'en saisit. Je le vois écrire.

Tu es dans le vaisseau français, à l'infirmerie plus exatement.

Pas d'informations sur Enokiera. Je lui arrache le carnet des mains et écrit rageusement :

OU EST ENOKIERA BORDEL ! MARC, REPONDS-MOI ! PUTAIN, DITES-MOI OU ELLE EST !!

Marc lit mais n'écrit rien. Il serre les dents, je le vois car sa mâchoire se contracte. Je me jette en arrière et ma tête rebondit contre l'oreiller moelleux. Je fonds en larmes. Qu'est-ce qu'ils ont fait d'elle ? Qu'elle me dise comment elle a fait pour que je sois là. Juste la voir. Revoir son visage, son si beau visage. Je ne pensais pas m'attacher si vite... Je me recroville contre le mur et mords ma couette pour ne pas qu'ils m'entendent gémir. Je tressaille quand une aiguille rentre dans ma carotide. Au bout de quelques minutes je m'endors. De la morphine, elle m'a donné de la morphine. Malgré tout, je fais des cauchemars où Enokiera est tuée, torturée ou même certains sans elle, disparue, inexistante.

Je me réveille en hurlant. J'ai une migraine terrible. Au moins ma voix est débloquée. Je tire le rideau et tente de faire mes premiers pas depuis longtemps. Je me tiens fermement au mur. Au bout de six pas je tombe, je me relève fébrilement. Je traverse la partie centrale de l'infirmerie à quatre pattes car il n'y a pas de support pour me tenir. Près de la porte il y a plein de béquilles, j'en prends deux, que je règle à ma taille. J'ouvre la porte, qui, heureusement n'est pas verrouillée. <<Exit>> est marqué en vert, à droite, au bout du couloir. A gauche, personne en vue. Je vais beaucoup plus vite avec des béquilles. J'entrouvre la porte de sortie : personne. Plus avec prudence que discrétion je sors. Les quatre immenses vaisseaux noirs métallique sont en cercle. Vu d'en bas, ils ressemblent à de grandes bêtes sauvages endormies, j'avais oublié à quel point c'est indimidant.

Je me précipite vers un énorme cube posé en plein milieu du cercle. Avec le soleil dans les yeux, je ne l'avais pas remarqué. Le cube est noir. Mais dès que je le touche il devient transparent. Mon coeur fait un bond quand je découvre mon amie à l'intérieur. Elle est en vie !! Je toque contre la paroi et l'appelle. Je ne sais pas si elle m'entend. Elle ouvre les yeux et lève la tête. Elle me sourit quand elle me reconnais mais c'est un sourire triste, faible, fatigué. Elle est très pâle, ses couleurs d'origine semblent avoir déteint. Des larmes coulent toutes seules. Enokiera, oh mon amie, que t-ont ils fait ? Quelle souffrance t-ont ils infligée ? Je pose mon front sur le cube et pleure à chaudes larmes. Mes pleurs me secouent de spasmes. Soudain, elle qui étaint en train d'approcher, recule jusqu'a l'opposé du cube et son visage est un masque de terreur.

Je n'ai pas le temps de me retourner pour savoir ce qui l'effraie à ce point, que je reçois une décharge électrique dans la nuque. Le néant envahit mon cerveau. Je ne sens pas mon corps s'écraser par terre et ma tête heurter une pierre. Je ne vois pas Enokiera se jeter comme une folle contre le cube et essayer de me toucher. Je n'entends pas l'explosion et je ne ressens pas son souffle. Je n'entends pas Enokiera hurler mon prénom. Parce que c'est trop tard. Parce que les miens ont osé m'électrocuter avec une décharge bien trop élevée pour mon pauvre organisme affaibli. Parce qu'ils l'ont enfermée, humiliée et maltraitée, j'ai remarqué les marques dans son dos et sa cheville. Je ne peux pas savoir que les marques que j'ai vues n'ont pas été faites par les miens mais par nos assaillants alors qu'elle essayait de me sauver la vie. Je ne peux pas le savoir car je n'ai pas pu lui parler. Parce que mon peuple est ignoble. Dès le début elle avait décelé que les miens étaient cruels, quand je lui avais parlé de son arme. Moi je ne m'étais douté de rien. Les Terriens, peu importe l'époque, ont toujours rejetés ceux qui étaient différents. Ce qui n'est pas comme une majorité, qui représente la <<normalité>>, est dénigré, mis à l'écart, repoussé, parfois exteminé, exposé, humilié.

Quand je reprends conscience j'ai l'impression d'avoir le cerveau en pièces détachées. Je suis enfermé, seul. Quelqu'un a pris le soin de m'apporter mes béquilles. J'ai la nausée. Malgré ça il faut que je mange. Je me sens vraiment faible. Sur la chaise à côté de moi, il y a un plateau repas. Je mange doucement et je bois beaucoup d'eau pour être sûr de ne pas vomir plus tard. J'ai mal à la tête. Je me tiens les tempes même si ça ne change rien. Je me rends compte que j'ai un bandage sur la tête. Certainement lors de ma chûte que j'ai dû me blesser au crâne.

Sur le mur d'en face, un chat dans une brouette me fixe. Un magnifique puzzle. Je ne suis pas dans ma cabine car je n'ai pas ce genre de décoration. Moi, à la place du puzzle, j'ai la seule photographie de mes parents, ma soeur et moi réunis. Les autres photos ont été brûlées quand la bombe au napalm s'est écrasée sur notre immeuble, carbonisant et détruisant tout. Sauf moi et une voisine.

Après avoir pensé à ça mes souvenirs remontent, et avec eux, les larmes.

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